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mardi 19 février 2013

Élections législatives à Djibouti : dictature, fraudes et répression à l’ombre des bases militaires Quel changement dans la politique française et européenne ?

Communiqué du 
Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique, 
18 février 2013


A l’approche des élections du 22 février 2013, le régime djiboutien a instauré un climat de terreur sur la population. Plusieurs leaders de l’opposition ont séjourné récemment dans les geôles du régime [1], dont le porte-parole de la coalition l’opposition unifiée, l’Union pour le Salut National (USN), Daher Ahmed Farah, également président du MRD. Le 5 février 2013, Daher Ahmed Farah (DAF) a été arrêté puis libéré le lendemain, après une mobilisation à Djibouti et dans le reste du monde [2]. Toute l’opposition subit ce climat d’intimidation, qui vise à faire accepter au peuple djiboutien les fraudes massives que le régime prépare. Dans les derniers jours avant le scrutin, il est à craindre une accentuation des provocations.

Les seules élections pluripartites, depuis l’indépendance, qui se sont déroulées en 2003, avaient déjà été massivement fraudées au détriment de l’opposition unie (UAD), qui avait obtenu officiellement 40% des voix, et, en réalité, plus de 50% : le régime s’était attribué la totalité des sièges des députés à l’assemblée nationale s’appuyant sur le scrutin de liste majoritaire à un tour [3]. Aucune revendication n’étant acceptée, les élections suivantes ont été boycottées, et, une grande partie des leaders ont été contraints à l’exil.

C’est une nouvelle mascarade que le régime prépare. Le régime n’a pas rempli une seule des conditions pour la tenue des élections libres, transparentes et démocratiques. La très récente commission électorale, dont le président est un fonctionnaire de l’Etat, est entièrement sous la tutelle du ministère de l’Intérieur. Le processus de distribution des cartes électorales est totalement chaotique. Le pouvoir refuse d’inscrire des milliers de Djiboutiens sur les listes alors qu’il distribue des milliers de cartes électorales à des étrangers. L’opposition n’a pas accès aux médias nationaux qui ont pris fait et cause pour le parti du gouvernement, l’Union pour la Majorité Présidentielle (UMP). Le service secret djiboutien (SDS) s’installe pour faire peur devant les domiciles et les bureaux des leaders de l’opposition. Les fonctionnaires qui ont rejoint l’opposition sont licenciés sans ménagement et ceux qui rejoignent l’UMP bénéficient des jours de congés payés à la charge de l’Etat. Le président de l’USN (président du l’ARD), Ahmed Youssouf, et le porte-parole de l’USN (président du MRD), Daher Ahmed Farah, ont été interdits de candidature sous prétexte de double nationalité, alors que des candidats du parti au pouvoir dans le même cas ont été acceptés. La police et le gendarme harcèlent les militants et les leaders de l’opposition dans les meetings ou chez eux.

Depuis le ‘printemps arabe’ et les manifestations massives contre le 3e mandat en février 2011, toute manifestation est interdite, mais l’opposition entend défendre le choix des Djiboutiens, le droit des Djiboutiens à choisir ses dirigeants. Le peuple espère une alternance démocratique, comme le montre la mobilisation dans les meetings de l’USN [4], que les forces de l’ordre n’arrivent plus à empêcher. Beaucoup n’ont plus rien à perdre. Tout indique qu’en cas de fraudes manifestes le 22 février, actuellement prévisibles, la situation pourrait se dégrader rapidement. Le dictateur Ismaïl Omar Guelleh a pris exemple sur Ben Ali pour contrôler son pays, instaurant une répression sans aucune soupape.

L’affaire de l’assassinat du juge Borrel n’est toujours pas close. Sur la scène internationale, Djibouti est considéré comme une place de plus de plus en plus stratégique en raison du combat contre la piraterie en Somalie, et parce que des bases militaires allemande et japonaise ont rejoint la française et l’américaine. Selon la FIDH, « depuis plus de dix ans, les opposants, les syndicalistes, les défenseurs des droits humains et les citoyens subissent une répression brutale qui s’intensifie à l’approche de chaque élection » [5], ajoutant que l’Union européenne « est le premier bailleur de fonds à destination de Djibouti où elle a décidé de renforcer sa présence ». L’UE s’y implique dans le cadre de la Politique de Sécurité et de Défense Commune (PSDC) avec la création du Centre de formation régional de Djibouti pour les affaires maritimes [6]. Par rapport à cet investissement, l’envoi de deux experts techniques par l’UE ne peut qu’être négligeable et instrumentalisé [7].

Dans ce pays où règnent misère et grande corruption, où une quasi-famine est annoncée, où une épidémie de paludisme se propage dans une zone sous ‘blocus sanitaire’ [8], les loyers de ces bases, 30 millions de dollars par an pour la France, les USA et le Japon, sont détournés par le clan au pouvoir. L’argent des contribuables enrichit un régime dictatorial, qui se maintient par des élections fraudées et la répression. La sécurité des pays européens va-t-elle continuer longtemps de se faire aux dépens de la liberté des Djiboutiens ?

Le Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique demande au gouvernement français et à l’Union européenne de sortir du silence et de s’engager pour soutenir la population djiboutienne dans son combat pour la démocratie.


Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique

Signataires  : Alliance Républicaine pour le Développement (ARD, Djibouti, USN), Mouvement pour Renouveau Démocratique (MRD, Djibouti, USN), Association pour la Démocratie et le Développement (ADD, Djibouti), Collectif des Organisations Démocratiques et Patriotiques de la Diaspora Camerounaise (CODE, Bruxelles), Union des Populations du Cameroun (UPC), Fédération des Congolais de la Diaspora (FCD, Congo Brazzaville), Ça suffit comme ça ! (Gabon), Mouvement pour la Restauration Démocratique en Guinée Equatoriale (MRD), Alliance Nationale pour le Changement en Ile-de-France (ANC-IDF, Togo), Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo – France (CACIT France), Mouvement du 4 mars pour la Libération du Togo (MoLiTo), Survie, Sortir du Colonialisme, Afriques en luttes, Gauche Anticapitaliste, Parti de Gauche, Europe Ecologie les Verts.


[1] Hassan Amine (PDD), Abdi Osman (UDJ) et Abdillahi Doualeh dit Sitiin (PND), après avoir été torturés et avoir purgé 10 mois de prison (1.8.11-30.5.1), attendent le jugement en appel, mis en délibéré ; Mohamed Ahmed Jabha (FRUD), torturé férocement, est détenu depuis mai 2010 sans soins et sans procès.
[2] Autre cas, les 14 et 15 février, deux leaders du parti Model, Abdi Guireh et Abourahman Bachir, ont été arrêtés le matin pour être libéré le soir, après une fouille de leur maison.
[3] Un scrutin de liste majoritaire ou scrutin majoritaire plurinominal de listes de partis est un système de vote par liste. Chaque parti propose une liste. L’électeur choisit une liste. La liste ayant obtenu une majorité de voix obtient tous les sièges.
[4] Meeting USN 9 février 2013
[5] Tribune FIDH + ACP asbl, 17.1.13, ‘Djibouti : Le port de l’angoisse’
[6] Création du centre de formation régional de Djibouti de la Mission EUCAP Nestor de Renforcement des capacités maritimes régionales
[7] La Nation, journal proche du pouvoir, 17.2.13, ‘Législatives 2013 La CNDH reçoit des experts européens’
[8] Communiqué Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH), 11.2.13 : ‘Djibouti : Levé de l’embargo sur une partie du pays’




mercredi 13 février 2013

L'édito de Billets d'Afrique et d'Ailleurs (février 2013)

Retrouvez ici chaque mois l'édito du mensuel publié par SURVIE :
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 Françafrique new look


Ceux qui pourraient se laisser égarer par l’intense pilonnage médiatique qui accompagne inévitablement toute opération guerrière auront avantage à ne pas oublier la règle n° 1 de la propagande françafricaine : la Françafrique, ça n’a jamais existé, et d’ailleurs ça n’existe plus.

Or donc, la France intervient militairement dans une ancienne colonie d’Afrique subsaharienne mais cela n’a rien à voir avec l’impérialisme. Miss « Young leader » 1996 de la French American Fondation, Hollande a bien appris la leçon des showmen de la guerre spectaculaire : une belle guerre, simple comme un western, avec un shérif – nous – protégeant des paysans désarmés – les Maliens – des méchants bandits : les islamistes, qui, depuis la chute de l’empire soviétique, ont avantageusement remplacé les Rouges dans le rôle du mal absolu, ça a autrement plus de gueule que le soutien armé à des dictatures prédatrices. Il s’agit de faire accepter par un peuple français frappé par un chômage endémique et une pauvreté grandissante le coût considérable d’une énième intervention militaire – la France est le pays le plus interventionniste de la planète sur le plan militaire, avant même les États-Unis : Côte d’Ivoire, Libye, Afghanistan hier, Mali aujourd’hui, sans parler de ses bases militaires permanentes en Afrique et de ses guerres secrètes.

Pour un observateur averti, ce joli scénario diffusé jusqu’à plus soif par tous les gros médias ne tient pas debout. Au contraire de ce qui est répété à longueur d’antennes, Bamako n’était pas menacée, ni dans l’immédiat, ni à moyen terme. Les « méchants » sont financés et équipés par nos amis qataris et saoudiens. Enfin la France, qui prétend aujourd’hui défendre l’intégrité territoriale du Mali, envisageait sans sourciller en janvier 2012, par la bouche du ministre des affaires étrangères d’alors, la possibilité d’une sécession du Nord du Mali. Pur hasard, ce territoire que nous prétendons maintenant vouloir rendre au Mali, et que nous allons occuper en attendant – en attendant quoi ? –, regorge de ressources naturelles.

Désolé de briser la belle image : cette intervention est purement coloniale.
Aujourd’hui comme hier, il s’agit de s’assurer le contrôle d’un territoire stratégique pour les grandes puissances industrielles. L’assentiment de la marionnette transitoire à la tête du Mali n’était qu’une formalité.
C’est en maître que parle le gouverneur français – pardon : l’ambassadeur de France au Mali – : « Plus que jamais, l’heure n’est ni aux chicanes ni aux discussions vaines. L’heure est à l’unité. La nation [malienne] est en danger, le pays doit s’unir contre un adversaire commun [...] On ne peut pas conduire une action militaire et une action efficace de reconquête du Nord si, dans la capitale, n’importe quel groupuscule commence à faire sa loi. Ils [les organes de la transition] n’ont pas besoin d’être soumis tous les jours à une pression de la rue », avant de saluer la décision du gouvernement d’instaurer l’état d’urgence. Il s’agit d’interdire les manifestations des opposants à l’intervention, pourtant censés ne pas exister.
Les manifestations d’enthousiasme pro-français, elles, ont fourni un flot inépuisable d’images flatteuses pour l’ego national. Ces images remplacent avantageusement celles des manifestations d’ouvriers de Renault ou de Peugeot, d’Arcelor-Mittal ou de Pétroplus, qui ne servent qu’à démoraliser la Nation.

Les grands bénéfices des maîtres ne se font plus dans l’industrie française mais dans les investissements agraires, miniers, commerciaux, dans les pays pauvres, dont la population est corvéable à merci et les dirigeants dociles jusqu’à la servilité. Quand il paie pour un budget dit de la « défense », c’est la défense de ces intérêts-là que finance le contribuable français.
Nous voilà désormais dans le monde orwellien de la guerre perpétuelle, où nos armées volent de victoire en victoire sous les yeux fatigués de masses qui s’enfoncent dans la pauvreté.

 Odile Tobner



lundi 11 février 2013

“Il faut qu’Areva paie la facture !”

Le 2 novembre dernier, Survie Gironde avait invité Ramatou Solli, coordinatrice du Groupe de Recherche sur les Industries Extractives au Niger (GREN), et nous étions nombreux à l'écouter témoigner du combat de la société civile nigérienne pour se réapproprier son sol et son sous-sol face à la prédation, entre autres, de la société française Aréva.

Retrouvez ci dessous un entretien publié sur le site de Survie, ainsi qu'un communiqué de presse du GREN du 31.01.2013

En lien avec ce communiqué, un article intitulé :



                                                 ___________________________

Enseignante, Ramatou Solli est coordinatrice du GREN, Groupe de réflexion et d’action sur les industries extractives au Niger, fondé en 2006 par dix organisations de la société civile nigérienne. De passage en France, elle témoigne....

Billets d’Afrique : comment est né le GREN ?
Ramatou Solli : Nous voulions « mettre notre nez » dans ce qui se passe sur les industries extractives. De 1968 – début de l’extraction de l’uranium – à l’an 2000 où l’association Aghir in man a commencé ses activités à Arlit, aucune organisation ne s’occupait de ces questions. En 2006, deux autres organisations se sont mises en place au niveau national, le GREN donc qui traite des conditions d’exploitation (de l’uranium mais aussi du pétrole ou de l’or), et le ROTAB qui se concentre sur l’analyse budgétaire.
Nous essayons de mettre en place des coordinations régionales. Nous formons les populations et organisons des séances de sensibilisation pour expliquer que les personnes sont confrontées à un danger silencieux lié à l’exploitation de l’uranium. Au GREN, nous travaillons surtout sur les impacts socio-environnementaux, qui sont de trois ordres : la radioactivité et les montagnes de stériles, l’eau et la santé des travailleurs et des populations.

Quels sont les enjeux liés à l’eau ?
Les mines d’arlit exploitées par Areva se trouvent dans une région désertique, où les eaux de surface sont très rares. La Cominak et la Somaïr [les sociétés minières] prélèvent dans la nappe fossile. Areva, qui a toujours tendance à tourner les choses en sa faveur, reconnaît elle-même avoir pompé dans le sous-sol de la région d’Agadez 270 milliards de litres d’eau de 1968 à 2009.
Le risque c’est que d’ici 30 à 40 ans, il n’y ait plus une goutte d’eau dans le sous-sol. De plus, l’accès à l’eau potable est une préoccupation majeure et constante : les populations de la région n’y ont pas accès et les habitants d’Arlit ont accès à une eau potable que nous soupçonnons fortement d’être contaminée. Il faut savoir qu’Areva pompe presque gratuitement l’eau. Nous souhaitons l’installation d’un compteur sur tous les forages d’Areva pour pouvoir évaluer la quantité d’eau annuelle utilisée.
En plus de régler sa facture d’eau, Areva doit prendre les dispositions pour que la population puisse s’approvisionner en eau potable.

Comment Areva a-t-elle réagi à la campagne du GREN ?
La première réaction a été de dire que nous ne savions pas ce que nous faisions, qu’Areva était une grande entreprise qui fait très bien son travail, qui paie des redevance superficielles à l’Etat et donc qu’elle ne devait rien. Actuellement, nous sommes en train de vérifier s’il y a dans les contrats miniers une disposition qui dispense Areva de payer l’eau. Pour ma part, j’ai presque mangé le contrat mais je n’ai pas vu un seul article qui parle de l’eau. S’il n’y a rien dessus, cela veut dire qu’Areva doit payer. Il n’y a pas non plus une seule disposition dans le code minier qui exonère de payer l’eau.

Les autorités sont-elles en alerte sur le tarissement probable des nappes fossiles ?
Il y a eu plusieurs manifestations pour la cause de l’eau à Arlit mais je n’ai pas vu une seule autorité locale ou nationale. Areva n’a fait aucune déclaration. La signature du contrat d’Imouraren montre que l’on a plutôt envie de continuer à piller et à gaspiller cette eau précieuse : 10 millions de m3 d’eau vont y être pompés par an.

Quel est l’impact de l’exploitation uranifère sur la santé des travailleurs et des populations ?
Pendant 18 ans, les travailleurs embauchés dans les mines n’ont pas été informés que l’uranium était radioactif. Selon les témoignages c’est seulement à partir de 1986 que l’on a commencé à leur dire que c’était dangereux. Plus largement, d’après les experts, les conséquences sur la santé peuvent se déclarer quinze ans après l’exposition. Alors que les populations d’Arlit sont là depuis au moins 40 ans, ce serait malhonnête de dire qu’elles ne sont pas confrontées à la radioactivité.
En 2010 sous la pression de Sherpa et de Médecins du Monde et peut-être pour éviter un procès dans lequel elle avait beaucoup à perdre, Areva a préféré mettre en place une stratégie qui sonne comme une reconnaissance tacite des conséquences de la radioactivité : les observatoires de la santé au Gabon et au Niger [1].
Curieusement ces observatoires concernent uniquement les anciens travailleurs alors que les mines de Cominak et Somaïr sont toujouts en activité et que la mine géante d’Imouraren n’est pas encore en exploitation. Ce n’est pas tout : dans le cadre de l’observatoire, le travailleur souffrant d’une maladie pouvant être liée à l’uranium doit prouver que celle- ci découle de son activité !
Une chose est sûre : beaucoup de personnes sont malades. Sur place, il n’y a pas de volonté d’enquêter sur les liens de cause à effet. Et le tableau désuet auquel les observatoires de santé se réfèrent pour l’indemnisation des maladies professionnelles est très contesté.
Le ROTAB a donc décidé de ne les pas intégrer , considérant que le processus était biaisé dès le départ. Au GREN, nous avons pensé qu’il était de notre responsabilité de rester à l’assemblée générale de l’Observatoire de santé de la région d’Agadez (OSRA) pour voir de près ce qui s’y passe, avoir des informations et avoir un regard critique. Cela nous a permis de constater que, depuis un an, on y fait plus du folklore que de l’observation. Areva fait surtout en sorte d’opposer les membres de la société civile en faisant miroiter quelques avantages matériels.

Comment le gouvernement perçoit votre travail ?
On nous traite parfois de bandits, on nous voit comme des opposants. Parfois, comme c’est le cas actuellement, nos interventions sont très appréciées car tout le monde a intérêt à ce que les revenus des industries extractives soient revalorisés. Par exemple, nous avons monté un réseau des parlementaires pour la transparence de l’industrie minière auprès duquel le message passe ; la population et les journalistes apprécient ce que nous faisons et sont de plus en plus informés.

La constitution de 2010 intègre des éléments sur l’exploitation des industries extractives, qu’est ce que cela change concrètement ?
La VIIe constitution du Niger stipule que les ressources naturelles sont la propriété du peuple nigérien ; les revenus issus du secteur extractif doivent être alloués en priorité aux secteurs de la santé, de l’éducation et de l’agriculture ; les montants versés à l’Etat par entreprise doivent être présentés de façon désagrégée ; les contrats doivent être publiés au Journal officiel.
C’est une vraie avancée, fruit de la lutte de la société civile puisque des militants faisant partie du conseil consultatif national [en 2010] se sont battus pour qu’elles y soient intégrées. Mais il faut constater que le seul changement à ce jour, c’est la publication systématique des conventions signées avec les entreprises au Journal officiel. Pour les autres points, rien de tangible. Il faut continuer à lutter pour que cela devienne concret surtout en ce qui concerne la santé, l’éducation et l’agriculture. Avec le ROTAB et Alternatives, nous avons remarqué que malgré les dispositions de la constitution et les discours du Président Issoufou et de son Premier ministre, qui prétendaient que l’éducation allait être financée à hauteur de 25% du budget national, ce sont en fait 14.5% qui sont alloués à ce secteur clé – et si l’on regarde de près, c’est 10% qui restent au niveau des ministères !

En 2012, le prix d’achat de l’uranium par Areva a été revalorisé. Récemment, le Président nigérien a haussé le ton après l’annonce d’un report de l’ouverture de la mine d’Imouraren. Comment interprétez- vous cela ?
Le budget du Niger est passé brusquement de 600 milliards de Francs CFA (917 millions d’euros) à 1 200 milliards (1,832 millions d’euros). Le gouvernement compte beaucoup sur les revenus à venir de l’exploitation de la mine d’Imouraren d’où la mauvaise humeur. Il demande donc la revalorisation du prix de l’uranium. En novembre, à l’occasion d’un Conseil des ministres, les autorités ont déclaré que les industries extractives ne contribuent qu’à 5.6% du budget du Niger mais cela n’a pas été suivi d’une stratégie, de propositions concrètes pour mieux tirer profit de cette industrie. Tout récemment, le président a contracté une nouvelle dette pour financer le Plan de développement économique et social 2012-2015 [qu’il était venu présenter aux bailleurs mi-novembre à Paris !] au lieu d’avoir une stratégie permettant de trouver des moyens de boucler le budget sans nous endetter.
Les Nigériens avaient de grands espoirs avec un président ingénieur des mines. Ils disaient : voilà quelqu’un qui s’y connaît mieux que Tandja (son prédécesseur), bien rôdé à la tâche, qui va faire en sorte que le Niger bénéficie pleinement de ses ressources. A vrai dire nous sommes très déçus, nous avons plutôt l’impression que le Niger cherche des solutions à court terme.

Propos recueillis par Juliette Poirson
Article publié le 04.02.2013

 [1] Le 18 décembre 2012, Sherpa a annoncé son retrait des accords avec Areva


                                         _________________________________



Communiqué de presse du GREN

Le Groupe de Réflexion et d’action sur les industries Extractives au Niger (GREN) a appris avec une grande consternation mais sans réelle surprise que les gouvernements français et américain ont décidé de l’installation imminente, si ce n’est déjà fait de bases militaire dans notre pays.
Il s’agit apprend – t- on pour les forces américaines de renforcer les opérations militaires en cours au Mali. Quant aux militaires français leur objectif serait d’ " assurer la sécurité des principaux sites d'exploitation d'uranium de l'entreprise française Areva au Niger".
Rappelons-le, la France s’est arrogé le droit de prendre les devants dans l’intervention armée au Mali en lieu et place des forces de la CEDEAO en vue de :
  1. s’ériger en défenseur d’une démocratie qu’elle a contribué à corrompre.
  2. S’octroyer les marchés de la reconstruction d’un pays qu’elle détruit elle-même,
  3. Tester toute sorte d’armes sans aucun contrôle ;
  4. S’accaparer des richesses naturelles et du sous- sol malien ;
  5. Réaliser son vieux rêve de posséder les richesses minières du sahel dont le Niger et ses ressources uranifères sont parties intégrantes.
Cette décision intervient au moment où les nigériens continuent à s’interroger sur le sens qu’il faut donner aux accords secrets signés entre AREVA et le directeur de cabinet du président de la République ;
Que le ministre d’état, ministre des Mines et du développement industriel affirme être désigné par le gouvernement pour conduire les négociations entre l’industriel français et notre pays ;
Et que l'Observatoire du nucléaire français est assigné en justice le 1er février au Tribunal de Grande Instance de Paris pour avoir accusé Areva de pratiquer la corruption auprès des dirigeants du Niger ;
C’est la preuve que la France agit au Niger comme en pays conquis et que les ressources naturelles du Niger lui appartiennent dans les faits comme au temps de la colonisation ;
Au vu de tout ce qui précède, le GREN apporte son soutien indéfectible à l’observatoire du nucléaire et à son dirigeant Monsieur Stéphane Lhomme dont le seul tort est d’avoir informé l’opinion sur les pratiques de AREVA ;Dénonce cette décision de l’état français et le silence coupable des autorités nigériennes .Appelle la société civile à se mobiliser pour une action d’envergure en vue de protéger l’intérêt des populations nigériennes.

Fait à Niamey, le 31 janvier 2013
La Coordonnatrice Nationale
Groupe de Réflexion et d’action sur les industries Extractives au Niger
GREN BP 11923, Niamey, Niger
Tél. +227 91 49 33 81/99 97 24 04


samedi 9 février 2013

Petite histoire des colonies françaises : Rencontres avec Otto & Jarry

Dans le cadre de l'édition 2013 de la Semaine nationale anticoloniale et antiraciste, Survie Gironde, le Collectif d'ailleurs nous sommes d'ici 33 et BD Fugue invitent Otto & Jarry pour deux rencontres autour du tome 5 de la Petite histoire des colonies françaises intitulé "Les Immigrés", paru fin novembre 2012 aux éditions FLBLB.

Les rencontres auront lieu le

  

mercredi 20 février 

 

- à 17h à BD Fugue 

10 rue de la merci à Bordeaux
(proche de la place Camille Jullian)

- à 20h à l'Athénée Libertaire
7 rue du Muguet à Bordeaux
(proche du cours V. Hugo)

 Elles seront suivies d'une séance de dédicace. 


Après avoir raconté et dessiné en 4 tomes l'aventure coloniale française à travers le monde, la décolonisation, puis le néocolonialisme (tome 4 : la Françafrique), Otto & Jarry poursuivent leur travail d'amateurs d'Histoire sans jamais se départir de l'humour potache qui les caractérise !
Ils s'intéressent donc logiquement dans ce dernier opus aux fluctuantes politiques migratoires en vigueur en France depuis le milieu du XIXème siècle et démontrent que "l'homme civilisé descend de l'immigré".


Une belle occasion pour Survie Gironde et le Collectif d'ailleurs nous sommes d'ici 33 de proposer un temps d'échanges avec les auteurs sur les réalités et raisons d'être des migrations en France et l'accueil réservé aux migrants, ainsi que sur le poids de l'histoire coloniale française dans les relations actuelles entre la France et l'Afrique.

Survie Gironde est heureux de retrouver Otto & Jarry que nous avions déjà reçu lors de la sortie du tome 4 sur la Françafrique.

Survie Gironde est membre du Collectif d'ailleurs nous sommes d'ici 33 qui réunit localement 25 associations, syndicats et partis politiques contre le racisme, contre la politique d'immigration actuelle et pour la régularisation des sans-papiers.

 Et comme Otto & Jarry ne font rien comme les autres, retrouvez la bande Annonce du livre sur le site de leur maison d'édition FLBLB !







 

Théâtre "Témoignages"

Nous vous signalons une soirée théâtre le 16 février prochain, à la salle Delteil, rue du onze novembre à Bègles, à 20h30.

La compagnie Blizart vous présentera son spectacle "Témoignages", avec l'association Cauri de Bordeaux, l'association Ibuka, et avec le soutien de la mairie de Bègles. 


Il s'agit de lectures de textes issus des livres de Jean Hatzfeld et de Révérien Rurangwa, accompagnées par les musiciens de Cauri.


Le prix de l'entrée est solidaire. 


Des objets artisanaux du Rwanda seront également exposés, ainsi qu’une table de presse. 
Un bar sera à la disposition des visiteurs et des spectateurs.





jeudi 7 février 2013

L'intervention militaire Française au Mali

Voici plusieurs liens où trouver des interventions ou publications de l'association Survie au sujet de l'intervention militaire française au Mali :

(retrouvez l'ensemble des articles de Survie sur le Mali en suivant ce lien)

Mali : Une élection sous influence française, cautionnée par l’Union Européenne et l’ONU (25.07.2013) 

 

Accord de Ouagadougou : une élection, mais pas de solution (08.07.2013)

 Tenir à tout prix le délai du 28 juillet pour l’élection présidentielle, non pas pour respecter le souhait des populations, mais pour redonner une apparence de légitimité à une oligarchie qui a largement contribué au déclin du pays : c’est le pari hasardeux que la France est en train d’imposer au Mali.

 

La France en guerre au Mali, enjeux et zones d’ombres (juin 2013)

Edition Tribord, 249 pages, 7 €
Ouvrage collectif de l’association Survie coordonné par Juliette Poirson et Fabrice Tarrit
 

France-Mali : les militaires remportent leur guerre d’influence au Parlement et à l’ONU (29.04.2013) 

A l’unanimité et sans réel débat l’Assemblée nationale et le Sénat ont voté lundi 22 avril 2013 la prolongation de l’opération militaire française Serval au Mali.

 

Mali : bienvenue dans un monde parallèle (03.04.2013)

Comme en Côte d’Ivoire, la France entend bien bénéficier de la couverture onusienne pour maintenir son armée dans le pays (ou à proximité immédiate), sous couvert de prêter assistance à la force de l’ONU, sans pour autant se plier aux contraintes qu’exigerait une participation officielle à cette force.

 


Mali : la France, chantre de l’autonomie du Nord (12.02.2013)
Après l’entrée en guerre de la France au Mali, et la prise des villes du nord, des personnalités politiques françaises, Laurent Fabius et Elisabeth Guigou en tête, mettent en avant les revendications du MNLA et l’autonomie du nord du pays. 
 

Un dossier très complet intitulé "Les zones d'ombres de l'intervention française au Mali" (24.01.13)


Communiqué de presse (14.01.13)



Passage à la Radio Française :






Autres articles que ceux de Survie (liste non exhaustive) :

Aminata Traoré, ancienne ministre malienne de la culture, dénonce l'"humiliante ingérence" de la France au Mali (mai 2013)

LE NAUFRAGE ET L’OFFENSE - "LE MALI EST A RENDRE AUX MALIENS " par Aminata D. Traoré (mai 2013)


Jean Batou  (source : ESSF)
Mali : refuser la géopolitique du « moindre mal ». Aux racines de la crise (04.02.13)

Introduction de son article :
"Pour appréhender un phénomène aussi complexe que le soulèvement touareg au Nord-Mali, de même que l’essor de l’islam politique et le rôle joué par les groupe djihadistes armés dans cette région, il importe de prendre de la distance par rapport aux compte-rendu émotionnels de la grande presse, qui réduit chaque événement à son apparence immédiate, contribuant à le rendre proprement insaisissable. Je commencerai donc par brosser un tableau social du Mali, dominé par la misère, de larges poches de famine, et la montée des inégalités sociales et régionales, dans un contexte marqué par la libéralisation économique et l’ouverture aux capitaux étrangers, sous la pression d’une succession de plans d’ajustement structurel, depuis la seconde moitié des années 1980. Ensuite, je reviendrai sur l’histoire des soulèvements touaregs, de la résistance à la colonisation française à la lutte contre les politiques centralisatrices et répressives du Mali indépendant. Enfin, je tenterai d’analyser le jeu spécifique de certains acteurs comme les investisseurs internationaux, les djihadistes étrangers et les trafiquants du Sahel. Je conclurai ce tour d’horizon en justifiant le refus de tout soutien à l’intervention militaire française."



 Achille Mbembe :
« C’est aux Africains de régler eux-mêmes leurs différends »
(28.01.2013)


Bérangère Rouppert (chargée de recherche au GRIP) : 
L’étonnant consensus autour de l’intervention française au Mali
(15.01.13)