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jeudi 27 octobre 2011

Affaire Bourgi... y aura-t-il une suite?

L'affaire Bourgi avait fait grand bruit, lorsque ce dernier avait déclaré, le 11 Septembre dernier, avoir transmis des sommes d'argent provenant d'Afrique à certains dirigeants français. Le clan Chirac était ouvertement accusé, de Villepin à Chirac-même, en passant par Juppé qui aurait payé le loyer du club 89 (un club de réflexions chiraquien) grâce à l'argent d'Omar Bongo. Sans oublier Le Pen...

On pensait cette affaire définitivement enterrée, noyée dans le fracas médiatique de la crise de l'Euro, de la guerre en Lybie et des primaires socialistes. Pourtant, une enquête avait été ouverte par le parquet de Paris et par l'ordre des avocats. Mediapart, dans son édition du 26 Octobre, nous apprend que Bourgi a été entendu dans l'affaire des Biens mal acquis. Bourgi a alors confirmé ses déclarations, prétendant avoir transmis une somme d'environ 20 millions d'euros à Chirac et Villepin entre 1995 et 2005. Par contre, il n'aurait pas directement transmis ces sommes, contrairement à ce qu'il avait laissé entendre au JDD; ces "convoyeurs" auraient été: “Pour le Gabon, Pascaline Bongo, directeure de cabinet de son père, Jean-Marie Adze, ambassadeur du Gabon à Paris; Eugène Allou, directeur du protocole présidentiel du président Gbagbo, président de la Côte d'Ivoire; Salif Diallo, ministre de l'agriculture, à l'époque, du président Compaoré, du Burkina Faso, et Jean-Dominique Okemba, conseiller spécial du président Sassou N'Guesso et son neveu (Congo-Brazzaville)“. Ce même Okemba, qui fut décoré de la légion d'honneur française en Février 2011, sous l'ère Sarkozy, est un homme de paix ayant fait ses preuves: grâce à un coup d'état, il a aidé Denis Sassou N'Guesso à revenir au pouvoir en 1991, et il est trop souvent perçu comme l'inévitable successeur de ce dernier. Par ailleurs, aucune indication sur les transferts provenant du Sénégal, pays où réside Robert Bourgi... ce dernier est en effet soudainement revenu sur ses accusations visant le président Wade, lequel a ensuite retiré sa plainte contre l'avocat.

La contre-partie de ces transferts d'argent aurait alors été, toujours selon Bourgi, la facilitation par l'état français, des relations entre les pays mis en cause et le fond monétaire international et la Banque Mondial, ainsi que l'accès à certains crédits provenant notamment de l'agence française du développement... cette agence, dirigée par Dov Zerah (un proche de Sarkozy et de... Bourgi), a déjà été accusée de tels (mé)faits, comme au Sénégal en 2008.

Par ailleurs, il accuse Dominique de Villepin d'être à l'orgine du retour en grâce de Teodoro Obiang, "président" de Guinée Equatoriale (depuis 1989), impliqué dans l'affaire des Biens mal acquis, actuel président de l'Union Africaine. La visite du porte-parole du gouvernement espagnol (ancien pays colonisateur) à Obiang en Février 2011, avait également ému l'opinion publique locale.

Mais alors que Bourgi semblait déclaré que le président Sarkozy lavait plus blanc que blanc, il confirme une des déclarations qui avaient déjà fait grand bruit: Jean-Marie Bockel, ancien secrétaire d'état à la coopération aurait bel et bien été fichu à la porte à la demande d'Omar Bongo, qui voyait d'un très mauvais oeil celui qui avait pris à la lettre le discours pré-présidentiel de Cotonou de Sarkozy, et voulait signer l'acte de décès de la Françafrique. Bourgi révèle alors que Bongo aurait mis les intérêts du groupe Total au Gabon dans la balance.

Mais il est encore plus étonnant d'entendre Bourgi déclaré qu'il espère un printemps Africain (sic), à l'image du printemps arabe... Des affirmations étonnantes de la part d'un personnage qui a tellement profité du système françafricain...

mercredi 19 octobre 2011

CIV: Le savoir-faire français en matière de sécurité se perpétue en Côte d'Ivoire

Jeune Afrique nous apprend que les liens politiques entre la France et la Côte d'Ivoire se poursuivent. Derrière ces liens, la sécurité et les armes ne sont pas très loin:

OUATTARA A PARIS, COPPE ET GUEANT A ABIDJAN


Alors qu'Alassane Ouattara est attendu dans la capitale française en décembre, des proches de Nicolas Sarkozy se rendront en Côte d'Ivoire entre fin octobre et novembre.
Réception à l’hôtel de ville de Paris, probable discours à l’Assemblée nationale, entretien en tête à tête avec Nicolas Sarkozy… Le programme de la prochaine visite d’État en France (19-20 décembre) d'Alassane Ouattara s’annonce chargé, d’autant que le président ivoirien devrait également signer un nouvel accord de défense, qui sera du même type que ceux récemment conclus par la France avec le Gabon et le Sénégal. Il prévoit notamment le stationnement de 300 militaires (rebaptisés « éléments français de Côte d’Ivoire ») sur la base de Port-Bouët, mais pas d’intervention française automatique en cas de menace sur le régime ivoirien.
Les « Sarko boys » se bousculent quant à eux sur les bords de la lagune Ébrié. C’est d’abord Jean-François Copé, le secrétaire général de l’UMP, qui, les 21 et 22 octobre, se rendra à Abidjan, où il rencontrera le président Ouattara, Guillaume Soro, le Premier ministre, Henri Konan Bédié, le patron du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), et Charles Konan Banny, le président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR). Début novembre, en principe, ce sera le tour de Claude Guéant (mais sa visite pourrait être reportée). Le ministre de l’Intérieur doit livrer aux forces de police et de gendarmerie ivoiriennes du matériel de sécurité.

Jeune Afrique - 19/10/11 

samedi 15 octobre 2011

L'édito de Billets d'Afrique et d'ailleurs (5 octobre 2011)

Retrouvez ici chaque mois l'édito du mensuel publié par SURVIE :
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Secret de polichinelle


Robert Bourgi révèle que des présidents d’États africains ont remis des mallettes de billets à des hommes politiques français. Dans le flot de commentaires suscités par ces révélations, revient comme une antienne le qualificatif de « secret de Polichinelle » : mais voyons tout le monde le sait ! Qui est exactement ce « tout le monde » ?
Certainement pas le peuple français, qui en est encore à attendre que son quotidien « de référence » ou son journal télévisé lui fasse partager ce « secret ». Reconnaissant par ces mots que ce secret n’en était pas un pour eux, les journalistes et autres experts médiatiques, avouent qu’ils sont les polichinelles en question, marionnettes dont la mission véritable est de maintenir les secrets du pouvoir à l’abri des yeux de l’opinion.
On me rétorquera que savoir ne suffit pas, qu’il faut des preuves pour formuler de pareilles assertions, et que d’ailleurs les politiques nommément désignés par Bourgi ont annoncé qu’ils porteraient plainte contre lui pour diffamation. Bien sûr ! Mais n’est-ce pas précisément le rôle d’un journaliste digne de ce nom, quand il a connaissance de pareils bruits, que d’enquêter, d’interroger le pouvoir, de traquer la vérité ? C’est ce que fait le journaliste Benoît Collombat enquêtant sur les affaires de Bolloré au Cameroun, relevant, à ses risques et périls, l’honneur d’une profession où la journaliste russe Anna Politkovskaïa ne voyait plus qu’une « troupe de cirque chargée de distraire l’opinion ».
Quand donc ces polichinelles de l’info- spectacle ont-ils été capables de consacrer aux scandales de la Françafrique le traitement qu’ils méritent ? L’affaire Bourgi, comme le livre de Péan, La République des mallettes, sont peut-être l’effet d’un règlement de comptes entre initiés ; mais ce qu’ils mettent au jour, ce sont la corruption de l’État français et la cause de l’agonie des peuples africains, dont ces polichinelles se font les complices par leur œuvre de désinformation. Car sur cette affaire, ils vous asséneront ce qu’ils vous ont toujours affirmé, qu’il s’agit là des derniers soubresauts d’un système mafieux déclaré mort il y a plus de quinze ans, après n’avoir jamais existé. Gageons en effet que l’affaire Bourgi fera long feu, comme bien d’autres avant elles. Elle ne permettra pas de lever le tabou suprême, celui qui protège les arcanes de la politique africaine de la France.
Nous retomberons, nous sommes déjà retombés, dans l’infotainment, l’info-spectacle téléguidée et périmée, témoin le dernier titre, présenté comme « bombe » : la France a fourni un 4X4 à Kadhafi en 2008 (Médiapart, 19 septembre.) Mais qui dira comment, à quel prix, par quels intermédiaires, la France a vendu des hélicoptères anti-émeutes à la dictature trentenaire du Cameroun (Billets d’Afrique n° 170, mai 2008) ? Ceux-ci sont utilisés pour maintenir la population dans la terreur et garantir la réélection frauduleuse du potentat, le 9 octobre prochain, dans le silence des médias.
Qui demandera à Michel Rocard combien il reçoit pour poursuivre de ses assiduités Paul Biya, qui peut compter aussi sur l’amitié de Juppé et de Toubon ? Rocard soutient qu’il s’affaire au Cameroun pour éviter la guerre civile. Ce n’est que grâce à l’ignorance totale où nos polichinelles maintiennent l’opinion que ce mensonge peut être impunément proféré.
Au contraire les régimes protégés par la France en Afrique sont fondés sur les haines ethnistes [1], attisées comme instruments de division du peuple. Mille faits en témoignent, le cas le plus tragique étant celui du génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda, le plus récent celui de la Côte d’Ivoire, où se poursuit sans bruit l’épuration ethnique. Le maître mot de ce que les Français connaissent de l’Afrique ce n’est pas secret de polichinelle, c’est : motus et bouche cousue.

Odile Tobner


[1] Cf Wikileaks Cameroun : Confidences du ministre de la justice Ahmadou Ali à l’ambassade des USA sur les groupes à qui le pouvoir doit revenir.

jeudi 13 octobre 2011

Des acteurs de la politique girondine s'interpellent au parlement

Extrait du compte-rendu de séance à l'assemblée nationale du mardi 11 octobre 2011
(Assemblée nationale, XIIIe législature, Session ordinaire de 2011-2012 ; Compte rendu intégral, Première séance du mardi 11 octobre 2011, en ligne sur http://www.assemblee-nationale.fr/13/cri/2011-2012/20120010.asp#INTER_19 )

Politique africaine de la France
M. le président. La parole est à M. Serge Janquin, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.
M. Serge Janquin. Monsieur le ministre des affaires étrangères, l’élection présidentielle au Cameroun interroge sur la politique africaine de la France. Une dictature installée par la France en 1960 dans un bain de sang y dure depuis plus d’un demi-siècle.
Le président Biya est un président fantôme. La moitié du temps à l’étranger, il préside un conseil des ministres par an. Le dernier s’est tenu en juillet 2009. Il n’est présent que pour faire tirer à balles réelles sur la jeunesse qui conteste sa réforme constitutionnelle. Il n’est présent que lorsqu’il s’agit d’installer la corruption au plus haut niveau de l’État, pour recevoir d’Elf le financement de sa campagne ou de bailleurs de fonds, dont la France, les moyens de juguler son opposition.
Il se dit aussi qu’il n’est présent que lorsqu’il s’agit d’envoyer à des partis politiques français des valises bien lestées (« Ah ! » sur les bancs du groupe SRC)
Un député du groupe UMP. Est-ce que cela inclut le parti socialiste ?
M. Serge Janquin. …alors que la moitié de sa population vit avec moins de 2 dollars par jour.
Monsieur le ministre, le Gouvernement auquel vous appartenez désormais a pris si tardivement conscience de la volonté d’émancipation des peuples arabes qu’il a dû faire un virage sur l’aile – c’est l’expression qui convient – remarqué.
Quand la France se tiendra-t-elle enfin à distance respectable des miasmes irrespirables qui entourent des dirigeants africains corrompus ? J’évoque ici les dynasties Eyadema, Bongo et consorts.
Faudra-t-il attendre un printemps de l’Afrique noire pour que la France reconnaisse enfin la légitimité et la capacité des peuples d’Afrique à exprimer leur volonté, la volonté du peuple souverain ? (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
M. le président. La parole est à M. le ministre d’État, ministre des affaires étrangères et européennes.
M. Alain Juppé, ministre d’État, ministre des affaires étrangères et européennes. Monsieur le député, la France a suivi avec une particulière attention le déroulement des élections au Cameroun dimanche dernier.
M. Noël Mamère. Ce n’était pas des élections !
M. Alain Juppé, ministre d’État. Il est encore trop tôt pour parler des résultats ; le taux de participation n’est pas encore connu. Ce que je peux vous dire, c’est que, selon l’Organisation internationale de la francophonie et le Commonwealth qui ont suivi le déroulement de ces élections, on peut considérer aujourd’hui qu’elles ont eu lieu dans des conditions acceptables. (Exclamations sur plusieurs bancs des groupes SRC et GDR.)
M. Jean-Paul Lecoq. Scandaleux !
M. Alain Juppé, ministre d’État. Nous appelons donc la population et la presse camerounaises, ainsi que tous les acteurs politiques du pays, à faire preuve, jusqu’au 24 octobre, date de proclamation des résultats, et au-delà, de modération et d’éviter tout recours à la violence pour faire valoir leurs vues.
Plusieurs députés du groupe GDR. Scandaleux !
M. Alain Juppé, ministre d’État. S’agissant de la politique de la France en Afrique, vous avez d’ores et déjà, monsieur le député, la réponse à votre question. Le Gouvernement français, sous l’impulsion de François Fillon et sous la direction du Président de la République, a tout lieu d’être fier de ce que nous avons fait, par exemple, en Côte d’Ivoire.(Exclamations sur plusieurs bancs des groupes SRC et GDR.)
M. Noël Mamère. Parlez-nous du Gabon et du Togo !
M. Alain Juppé, ministre d’État. Nous avons tenu à ce que le résultat des élections, validé par les institutions internationales, soit respecté. Nous n’avons pas soutenu les yeux fermés le candidat qui avait perdu sous prétexte qu’il était membre de l’Internationale socialiste ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.) Non, nous avons tout fait pour que le président légitimement élu, M. Ouattara, accède au pouvoir, et nous voyons aujourd’hui qu’un processus de véritable démocratisation se déroule en Côte d’Ivoire. (« Eh oui ! » sur les bancs du groupe UMP.)
De même, nous avons soutenu le processus d’élections libres au Niger et en Guinée, où les choses avancent.
M. Noël Mamère. Parlez-nous des biens mal acquis !
M. Alain Juppé, ministre d’État. Notre message à l’Afrique est donc très clair. Nous demandons aux régimes en place de prêter attention aux aspirations populaires, de moderniser les gouvernements, d’engager des processus de réforme, de passer d’un processus démocratique à une vraie culture de la démocratie.
M. Noël Mamère. Les biens mal acquis !
M. Alain Juppé, ministre d’État. La politique de la France est claire et déterminée dans ce domaine ; on ne peut pas en dire autant de ce qui a été fait parfois, dans le passé, sous votre propre impulsion ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

lundi 10 octobre 2011

17 Octobre 1961: 50 ans d'oubli

Le 17 Octobre 1961, près de trente millions d'Algériens répondent à l'appel du FLN, et décident de manifester pacifiquement en banlieues et dans la capitale pour protester contre le couvre-feu raciste par le préfet de police, Maurice Papon, et le gouvernement de l'époque.
Le reste de l'histoire, tout le monde le connaît, personne n'en parle... tout du moins, dans les instances politiques. L'histoire des Algériens jetés à la Seine, c'est l'histoire de la France post-coloniale; l'histoire des violences policières contre une partie de la population, c'est l'histoire des violences subies par les ex-colonies, sur le sol français et sur le sol étranger.
Le Collectif d'Ailleurs Nous Somme d'Ici, dont Survie est signataire, organise lundi 17 Octobre 2011 une soirée de commémoration  de ces tristes évènements qui ne peuvent pas tomber dans l'oubli:
  • A 18h30, Mathieu Rigouste sera présent à la Machine à Lire, pour nous présenter son livre "L'ennemi Intérieur". Ce livre expose la continuité des mécanismes de répression utilisés par les forces française, depuis les indépendances des colonies jusqu'à nos jours.
  • A 20h30, l'Utopia ouvre ses portes pour une soirée-débat autour du film: "Ici on noie les Algériens", retraçant les évènements du 17 Octobre 1961, à travers des témoignages. 

vendredi 7 octobre 2011

Emissions Radio: Le Cameroun d'hier, d'aujourd'hui et de demain

Les élections présidentielles au Cameroun arrivent à grand pas, et, malgré le mécontentement d'une grande partie de la population envers la gouvernance Biya, personne n'ose croire à une élection honnête et démocratique.

Paul Biya est au pouvoir depuis 1982, et les soutiens qu'il reçoit de nombreux pays occidentaux (lire par ailleurs) ne laissent en rien présager d'un changement de gouvernance. La France et ses entrepreneurs (Bolloré, Castel, et autres) ne sont certainement pas les derniers à souhaiter le maintien au pouvoir d'un dirigeant qui ne recule devant rien pour asseoir son pouvoir, dans un pays n'ayant connu que deux présidents depuis son accession à "l'indépendance".

Dans cette émission nous recevons Yves Mintoogue, Camerounais, doctorant à l'université Paris 1-Panthéon Sorbonne, titulaire d'un M2 en sciences politique (spécialité Études africaines) de Paris 1 et d'une maîtrise d'histoire (M1) de l'université Yaoundé 1. Ses recherches portent sur les formes de participation politique du peuple camerounais contre la tutelle française entre 1945 et 1960.
Pendant cette émission, il nous retrace l'histoire politique de ce pays, parfait exemple de pays riche en ressources qui sont pillées et où la population se bat dans le silence le plus assourdissant de la part de la communauté internationale. Yves Mintoogue a lui-même été secrétaire à la communication de l'ADDEC, Association pour la Défense des Droits des Étudiants du Cameroun de 2006 à 2008 et est actuellement membre du "Tribunal Article 53" regroupement de personnalités qui œuvrent afin que Paul Biya soit jugé pour les crimes perpétrés sous sa présidence depuis maintenant 29 ans et pour l'abrogation de l'article 53 de la Constitution camerounaise qui lui octroie l'immunité depuis la modification de la constitution du 14 avril 2008 (où a été ajouté que "Les actes accomplis par le président de la République sont couverts par l’immunité et ne sauraient engager sa responsabilité à l’issue de son mandat").
C'est aussi depuis le 14 avril 2008 que Biya peut désormais être réélu ad vitam eternam. L'article 6-2 à en effet été modifié par l'Assemblée nationale acquise au Parti-État, remplaçant "Le Président de la République est élu pour un mandat de sept ans renouvelable une fois" par "Le Président de la République est élu pour un mandat de sept an. Il est rééligible.




Nous vous rappelons que les émissions de Survie Gironde sont diffusées tous les samedis sur 02 Radio (91.3FM) à 11h et sur le site de O2Radio pendant les deux semaines suivant leurs diffusions hertziennes.

Bonne écoute !



mercredi 5 octobre 2011

La guerre coloniale du Cameroun a bien eu lieu

Nous reproduisons ici un article paru dans Le Monde du 05 octobre 2011 traitant de la guerre cachée menée par la France au Cameroun dans les années 50 et de ses conséquences actuelles.
Un bon moyen de comprendre qu'il ne s'agit pas d'un quelconque "repentir" mais d'écrire une page d'Histoire avant de vouloir la tourner.


Samedi 08 octobre Survie Gironde consacre son émission sur O2 Radio (voir EMISSIONS RADIO ci contre) sur le Cameroun, à son histoire et à la parodie d' "élection" présidentielle qui aura lieu ce 9 octobre.


A moins d'un improbable coup de théâtre, Paul Biya, 78 ans, président du Cameroun depuis 1982, sera "réélu" pour un nouveau septennat le 9 octobre prochain. Malgré les fraudes électorales, les journalistes emprisonnés, les opposants menacés et une corruption omniprésente, il aura droit aux félicitations de Paris, comme cela a toujours été le cas depuis trente ans.
Paul Biya est arrivé au pouvoir sans jamais avoir été élu, ni s'être jamais présenté à la moindre élection. Il a simplement été désigné par son prédécesseur Ahmadou Ahidjo, qui gouverna lui aussi son pays d'une main de fer. A l'origine de ce demi-siècle de dictature, on trouve une guerre. Une terrible guerre coloniale menée par l'armée française, une guerre cachée et encore taboue aujourd'hui, qu'il nous appartient à nous, Camerounais comme Français, de regarder en face.
Avant et après la proclamation officielle de l'indépendance de ce pays, le 1er janvier 1960, Paris a tout essayé pour briser les mouvements qui, portés principalement par l'Union des populations du Cameroun (UPC), réclamaient une indépendance réelle respectant la souveraineté populaire. Dans ce territoire placé sous la tutelle de l'ONU en 1946 - mais administré par la France et le Royaume-Uni -, la IVe République, sous les ordres de François Mitterrand, Gaston Defferre ou Pierre Messmer, a déclenché une véritable guerre au milieu des années 1950. Bâillonnement de l'opposition, création de milices sanguinaires, torture à grande échelle, déplacement des populations, guerre psychologique, assassinats : les méthodes de la "guerre révolutionnaire" - et parfois les hommes chargés de les appliquer - sont les mêmes que celles mises en oeuvre au même moment en Algérie.
La Ve République du général de Gaulle a poursuivi la même politique de répression après l'"indépendance" confiée au candidat choisi par Paris, le président Ahmadou Ahidjo. En accentuant encore la guerre à l'ouest du pays à l'aide de bombardements intensifs, qui mirent à feu et à sang toute la région "bamiléké". Combien de morts ce terrible conflit a-t-il provoquées ? De 61 000 à 76 000, comme l'estimait l'ambassade du Royaume-Uni en 1964 ? 120 000, comme le rapportait deux ans plus tôt André Blanchet, alors journaliste au Monde ? Davantage, comme l'affirment certains commentateurs ?
Dénoncée depuis des décennies et aujourd'hui largement documentée, cette guerre reste un tabou français. Le mot lui-même, pourtant utilisé à l'époque par les militaires pour décrire leur action, est banni du vocabulaire officiel, qui ne retient que les mots de "troubles", d'"émeutes", de "guerre civile" et, parfois, d'affrontements "ethniques". En 1972, la France de Pompidou interdisait Main basse sur le Cameroun (éd. Maspero), l'essai de l'écrivain camerounais Mongo Beti, qui dénonçait déjà ces atrocités et la responsabilité de Paris.
On retrouve cette négation, officiellement exprimée, dans la bouche de François Fillon en mai 2009. Interrogé sur ces "événements" et, notamment, sur l'"assassinat par l'armée française de certains nationalistes camerounais", le premier ministre osa dire que "tout cela" relevait "de la pure invention". L'armée française a pourtant, d'après ses propres archives, assassiné Ruben Um Nyobé, secrétaire général et leader charismatique de l'UPC, en septembre 1958. Ses services secrets ont, comme l'ont avoué plusieurs de leurs responsables, fait empoisonner à Genève Félix-Roland Moumié, président de l'UPC, en octobre 1960. L'aviation française a, toujours d'après les archives françaises, tiré à l'ouest du Cameroun des centaines de milliers de cartouches entre décembre 1959 et septembre 1960... Que M. Fillon aille vérifier par lui-même : les archives françaises regorgent de "pures inventions" de ce type.
Si, encore aujourd'hui, le gouvernement français ment aussi effrontément, c'est parce que ce passé reste d'une actualité brûlante. M. Biya, formé à l'Ecole nationale de la France d'outre-mer au moment où la répression battait son plein au Cameroun, avant d'entrer au cabinet d'Ahidjo, de devenir son secrétaire général puis son premier ministre, est toujours au pouvoir aujourd'hui.
Soutenu à bout de bras par la France malgré une répression aussi sournoise que permanente des mouvements populaires, il a autoritairement modifié la Constitution camerounaise en 2008 pour briguer un nouveau septennat. Au même moment, alors que la jeunesse camerounaise se soulevait contre ce coup d'Etat constitutionnel et contre la misère entretenue par le régime, son armée et sa police noyaient la révolte dans le sang, faisant plus d'une centaine de morts. Sans aucune réaction ou presque de la communauté internationale.
Nicolas Sarkozy martèle depuis des années que la France ne doit plus se "repentir". "Nul, affirmait-il dans son fameux discours de Dakar en 2007, ne peut demander aux fils de se repentir des fautes de leurs pères." Mais personne ne demande cela. Ce dont il s'agit, c'est d'en finir avec la falsification de l'Histoire : la France de 2011 doit admettre qu'elle a mené une guerre au Cameroun. Elle doit ouvrir entièrement ses archives, soutenir les travaux des chercheurs français et camerounais qui veulent connaître leur histoire, et participer, avec les autorités camerounaises, à la sauvegarde des archives de ce conflit, qui pourrissent à grande vitesse au Cameroun.
En février 2005, l'ambassadeur de France en Algérie a reconnu la "tragédie inexcusable" des massacres de Sétif et Guelma en 1945. La même année, Jacques Chirac est allé à Madagascar reconnaître la responsabilité de la France dans la terrible répression de 1947. Qui ira au Cameroun pour dire - simplement dire - une réalité historique : la France y a mené une guerre ? Cette démarche impliquera sans doute de reconnaître que cette guerre a enfanté une dictature implacable, c'est-à-dire une autre forme de guerre, permanente, contre un peuple entier. Mais à l'heure où les dirigeants français prétendent promouvoir la démocratie dans le monde arabe, ne serait-il pas cohérent de reconnaître la responsabilité majeure de la "patrie des droits de l'homme" dans la guerre qui a embrasé le Cameroun et y a installé depuis cinq décennies une dictature sanglante typique de la Françafrique ?



Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, auteurs de "Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique (1948-1971)" (La Découverte, 2011) ;
François Gèze, PDG des Editions La Découverte ;
Ambroise Kom, professeur des universités ;
Achille Mbembe, professeur de science politique à l'université du Witwatersrand (Johannesburg) ;
Odile Tobner, écrivain.

Survie Gironde sur La Clé des Ondes

Survie Gironde participe, en tant qu'invité, à l'émission AC Tonne! sur la Clé des Ondes (www.lacdo.org ou 90.1).

Vous pouvez écouter cette émission le jeudi 6 Octobre entre 12h et 13h30.

mardi 4 octobre 2011

Réunions mensuelles

Survie Gironde organise une réunion par mois à l'Athénée Libertaire, 7 rue du Muguet à Bordeaux (proche du cours V. Hugo).


Nous faisons le point sur les évènements récemment organisés et nous préparons et organisons ceux à venir.


Ces réunions sont ouvertes à toutes et tous, vous êtes les bienvenu-es !

Les réunions ont lieu chaque premier mardi du mois à 19h30. Vous pouvez nous contacter à survie33@yahoo.fr pour plus d'informations.


Visitez notre page facebook pour plus d'infos sur notre actualité.




Athénée Libertaire, 7 rue du muguet à bordeaux