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vendredi 15 novembre 2013

L'édito de Billets d'Afrique et d'Ailleurs (novembre 2013)

Retrouvez ici chaque mois l'édito du mensuel publié par SURVIE :
Billets d'Afrique et d'ailleurs.
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CPI : Consécration Pénale de l’Impunité


L’engagement de poursuites contre le président du Kenya a provoqué la réunion, le 12 octobre, d’un sommet extraordinaire de l’Union Africaine consacré à « la relation entre l’Afrique et la Cour pénale internationale » et intensifié les attaques portées par certains chefs d’État africains, notamment anglophones, contre la cour, accusée de limiter ses poursuites à l’Afrique, de pratiquer une justice « sélective et politique » (Kagame), voire « impérialiste et raciste » (Kenyatta). Il est vrai qu’à voir les visages des poursuivis affichés sur le site de la CPI, on se croirait dans un rêve du Ku Klux Klan plutôt qu’à l’aube d’une justice universelle. La CPI ne serait-elle finalement qu’un moyen supplémentaire de s’assurer la soumission des gouvernements africains, une menace brandie contre les non-alignés ?


Il est de fait que les règles de fonctionnement de la CPI constituent une régression au regard des principes démocratiques les plus élémentaires [1]. Ainsi les victimes n’ont pas accès à la CPI, qui ne peut être saisie que par le Conseil de sécurité ou les États parties. C’est la consécration d’une justice politique, au mépris du principe de la séparation des pouvoirs. le Conseil de sécurité de l’ONU est le véritable procureur de la CPI, puisqu’il peut bloquer ou être à l’initiative des poursuites.
Le fait est d’autant plus choquant que trois membres du Conseil de sécurité, les États-Unis, la Russie et la Chine ne sont pas États parties. C’est consacrer doublement l’impunité des grandes puissances et de leurs alliés.

Or nul n’ignore la part prise par celles-ci, notamment la France et les États-Unis, dans les déstabilisations et les sanglantes guerres civiles qui déchirent l’Afrique. Limitant ses poursuites au continent africain, on ne voit pas comment la CPI pouvait dès lors ne pas être instrumentalisée au service des intérêts géostratégiques de celles-ci.
C’est ce qui s’est passé en Afrique francophone, où elle agit comme un nouvel instrument de la Françafrique. Loin de toute impartialité, elle a pris franchement partie dans la guerre civile qui, loin des caméras, continue à ensanglanter la Côte d’Ivoire : si Laurent Gbagbo est retenu à la Haye, en attente de son jugement, aucune poursuite n’est engagée contre les chefs des milices du nord, tels Guillaume Soro, qui ont plongé le pays dans la guerre civile et dont les massacres ont servi la venue au pouvoir de Ouattara. Au contraire, Soro a été chaleureusement reçu par Moreno Ocampo, procureur près de la cour jusqu’en juin 2012.

Quant au traitement réservé par les deux procureurs successifs de la CPI au sinistre Compaoré, il offense l’idée même d’une justice internationale. Après qu’Ocampo en a fait son interlocuteur privilégié, Fatou Bensouda, actuel procureur près la CPI, voit en lui « un acteur important dans la paix, la justice et le règlement des conflits ».
L’impunité dont jouit le plus grand fauteur de guerre en Afrique de l’ouest, celui qui a armé et entretenu les guerres civiles du Liberia, l’allié de Charles Taylor condamné pour complicité de crimes en Sierra-Leone, celui qui a suscité et nourri la rébellion en Côte d’Ivoire, donné asile aux rebelles du Mali, est consacrée, c’est un comble, par l’institution créée contre l’impunité !

Cette instrumentalisation politique de la CPI la réduit à n’être qu’une imposture.

Plutôt que la défendre aveuglément en l’état en spéculant sur une hypothétique amélioration, les ONG, dont Survie, qui ont soutenu le projet ambitieux d’une justice internationale doivent exiger une profonde réforme qui remette au premier rang la plainte des victimes quelles qu’elles soient, faute de quoi cette institution risque de sombrer dans un discrédit qui abolira pour longtemps l’espoir de voir reculer l’impunité.


 13 novembre 2013 par Odile Tobner


[1] Cf. Théophile Kouamouo, Cinq bonnes raisons de dire non à la CPI, in Le nouveau Courrier


Les éditos de Billets d'Afrique et d'Ailleurs de juin à octobre 2013


Retrouvez ici les éditos de juin, juillet, septembre et octobre 2013 du mensuel publié par SURVIE : Billets d'Afrique et d'ailleurs.
Pour s'abonner à Billets d'Afrique et d'ailleurs.


Juin 2013 :

L’arroseur arrosé

Dans les pays développés, l’opinion publique commence à s’émouvoir de ce que, au moment où la charge fiscale pèse de plus en plus lourdement sur les épaules des contribuables, les plus grosses fortunes et surtout les grandes firmes multinationales y échappent presque totalement.
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 Juillet 2013 :

Après Serval, les vautours

Comme prévu, l’intervention française au Mali, forte de 4000 soldats français, de moyens matériels aussi coûteux que sophistiqués et de la « chair à canons » de 2000 Tchadiens, a vaincu sans péril les 2000 djihadistes équipés de pick-ups, de mitrailleuses et d’armes légères qui avaient pris le contrôle des localités du nord.
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Septembre 2013 :

Mercenaires et chevaliers

« Plus qu’un mercenaire, un chevalier ». C’est par ces mots que le Président du Conseil national des barreaux a choisi de saluer la mort de Jacques Verges, se joignant au concert de commentaires, tantôt flatteurs, tantôt acerbes ou critiques qui ont accompagné la disparition le mois dernier d’un avocat souvent présenté comme un héraut de l’anticolonialisme par ceux qui n’ont jamais daigné s’intéresser à son lourd passif françafricain. Un chapitre bien moins reluisant que les combats menés au service de l’indépendance de l’Algérie et de la défenses des opprimés.
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Octobre 2013 :

Du Valls dans un bas de soie

Selon notre gouvernement, la France de 2025 n’a rien à craindre de son parc de cinquante-huit réacteurs nucléaires, parc vieillissant dont le plus ancien est situé sur une faille sismique ; du chômage massif et de la paupérisation croissante de sa société ; de la faillite de l’ensemble de ses services publics ; de l’explosion des dépenses budgétaires nées des guerres sans fin menées par ses armées. Non, la France de 2025 n’est menacée que par deux choses : l’Islam et «  la démographie très importante » de l’Afrique, dixit notre ministre de l’intérieur - il faut sans doute comprendre « croissance démographique » -, sans que ces propos aient suscité la moindre opposition de ses collègues roses ou verts [1].
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Les Tirailleurs sénégalais, des mensonges d’État au devoir de réhabilitation

Survie Gironde participera les 29 et 30  novembre prochains à la première commémoration du massacre des tirailleurs sénégalais au camps de Thiaroye.

Le 1er décembre 1944, Thiaroye, village de pêcheurs à proximité de Dakar,
est réveillé à l’aube par des détonations d’armes automatiques, arsenal mis en
branle par le commandement militaire français de Dakar, pour mater dans le sang des ex-prisonniers de guerre dont le tort principal est de réclamer le paiement des rappels de solde avant d’être démobilisés 
Face aux promesses non tenues de l’administration militaire française, la colère gronde dans les rangs des Tirailleurs alors que les circulaires officielles, introuvables dans les archives, légitiment leurs revendications. 
Sous le prétexte de maintien de l’ordre, la hiérarchie militaire ordonne de faire feu sur les Tirailleurs sans défense qui s’étaient rebellés en refusant de rejoindre leurs villages respectifs.
Le bilan donné par le commandement de l’armée à Dakar, le 5 décembre 1944,
fait état de 24 Tirailleurs tués sur le coup et de 46 autres décédés après transfert
à l’hôpital, soit 70 Tirailleurs massacrés
Plusieurs dizaines de Tirailleurs ont été jugés et condamnés à des peines de prison. Selon le gouvernement français, le bilan officiel de ce massacre perpétré est, jusqu’à présent, de 35 Tirailleurs tués. 
Il compte parmi les pages très sombres de notre histoire.

À l’occasion de cette commémoration organisée pour la première fois, l’historienne Armelle Mabon, qui travaille depuis plusieurs années sur les prisonniers de guerre « indigènes » de la Seconde Guerre mondiale, revient sur cet épisode tragique proposant un état des lieux des dissimulations, des mensonges de l’armée couverts par le pouvoir civil.

Ces soldats de l’armée française spoliés et victimes de leur propre hiérarchie,
qui a commis contre eux un carnage, et dissimulé, voire même détruit les preuves de cette forfaiture, sont, jusqu’à présent, toujours les coupables à partir d’accusations mensongères.

Seul le pouvoir politique est aujourd’hui en mesure de reconnaître les
faits tels qu’ils se sont réellement déroulés et prendre toutes les dispositions
nécessaires pour corriger cette situation de déni de droit faite à ces soldats de
l’armée française.



vendredi 29 novembre à 16h

Armelle Mabon présentera ses travaux 

et échangera avec le public 

à Sciences-Po Bordeaux, salle Mauriac 

(tram B arrêt Montaigne-Montesquieu)

entrée gratuite et ouverte à toutes et tous

____________________


Samedi 30 novembre à 14h

Conférence d'Armelle Mabon

suivi de la projection du film de Serge Simon 

sur les tirailleurs "oubliés" au camp du Courneau à La Teste 

Athénée Municipal, place St Christoly

(tram A et B, arrêt hôtel de ville)

entrée gratuite


 
Programme du 30 novembre :
14h      ouverture
14h15 introduction par Ibrahima Thioub
14h30 Conférence d'Armelle Mabon
15h30 débat avec le public
16h15 pause
16h30 Projection du film de Serge Simon
17h30 échanges avec le réalisateur
18h      clôture de la journée







La paix en Afrique ne doit pas se décider à l’Elysée avec des dictateurs !

A l’initiative de François Hollande, un Sommet de l’Elysée sur la paix et la sécurité en Afrique aura lieu à Paris les 6-7 décembre. Il s’agit du premier Sommet France-Afrique organisé sous François Hollande, qui, a convoqué lui même ce sommet, choisi son thème et décidé de l’organiser à Paris, dans un lieu aussi symbolique que l’Elysée.

Signez la pétition Dictateurs à l’Elysée ! Dites non au Sommet de la honte !


Comme ses prédécesseurs, le Président français parait ainsi considérer le continent africain comme une zone qui ne doit pas échapper à l’influence de la France.
Dans la tradition des Sommets France-Afrique, la plupart des dictateurs africains du « pré-carré » francophone seront présents.

Parmi eux, le tchadien Idriss Déby, au pouvoir depuis 1990, Paul Biya (Cameroun, depuis 1982), Denis Sassou Nguesso (Congo-B, depuis 1979), Blaise Compaoré (Burkina Faso, depuis 1987), sans oublier les héritiers des régime Bongo et Eyadéma au Gabon et au Togo et le président djiboutien Oumar Guelleh.

Tous ont en commun de bénéficier du soutien diplomatique, économique (via l’aide publique) et militaire ou policier de la France.
Tous ont été reçus au moins une fois à l’Elysée depuis l’élection de François Hollande.
Tous soutiennent la France dans ses nombreuses interventions militaires menées sur le continent africain, où elle dispose toujours de bases militaires et de forces pré-positionnées.
En échange du soutien à ces interventions, comme celle menée récemment au Mali, c’est le silence de la France sur les exactions commises qui est attendu. Les démocrates tchadiens, togolais et djiboutiens ont ainsi subi dans leur chair en 2013 les conséquences diplomatiques du soutien de leurs chefs d’Etat à l’opération Serval .

Les dictateurs de la Françafrique sont auteurs de nombreuses violations des droits de l’Homme documentés par un grand nombre de rapports émanant d’ONG et organisations internationales.
Le soutien de la France à des dictateurs, les ventes d’armes et les nombreuses interventions militaires menées par la France sur le continent africain pour les soutenir (comme au Tchad en 2008) n’ont en rien amélioré la sécurité et les conditions de vie de leurs populations.
La situation actuelle en Centrafrique, où la France a installé et/soutenu tous les dictateurs qui se sont succédés est une des illustrations des conséquences de cette funeste politique.
Et lorsque la France prétend intervenir au nom des droits de l’Homme et dans un cadre multilatéral, comme elle l’a fait en Côte d’Ivoire, en Libye ou au Mali, c’est toujours avec des motivations ambiguës, liées à ses intérêts géostratégiques.

Considérant qu’un sommet sur la paix et la sécurité en Afrique ne doit pas se tenir à l’initiative et sur le sol d’une ex-puissance coloniale caractérisée par son ingérence sur le continent et en présence de dictateurs qui y ruinent tout espoir de paix, nous, associations et citoyen-ne-s français-e-s et africain-e-s réclamons :
  • L’annulation de ce sommet
  • La fin du soutien diplomatique, économique, militaire, policier et des ventes d’armes aux régimes répressifs
  • La suppression des bases militaires françaises en Afrique
Premiers signataires : Survie, MRD Djibouti,ARD Djibouti, Afriques en lutte, La Fédération des Congolais de la Diaspora (FCD),

Signez la pétition Dictateurs à l’Elysée ! Dites non au Sommet de la honte !


Pour dénoncer cette hypocrisie et dresser un bilan citoyen de l’interventionnisme militaire français en Afrique, nous proposons deux autres mobilisations en plus de la pétition

1. Le tribunal citoyen de la Françafrique : le mercredi 4 décembre, de 18h à 22h, au Grand Parquet à Paris.

Le tribunal citoyen de la Françafrique visera à dresser le bilan de 50 ans de Françafrique et d’interventions françaises sur le sol africain, à travers la mis en accusation de la Françafrique.
Un jury de citoyen-nes, un juge et des avocats seront en charge de mener à bien les interrogatoires de témoins – chercheurs, militant-e-s d’associations, personnalités africaines sur des questions ayant trait à la Françafrique – afin de faire apparaître les causes et les responsabilités en particulier sur les questions ayant trait à la sécurité/ insécurité et à la paix/guerre en Afrique, depuis les 15 dernières années (depuis le Sommet France-Afrique du Louvre). Des personnalités venues de différents horizons viendront témoigner sur les réalités qu’ils connaissent, à travers des témoignages courts d’une dizaine de minutes, afin d’édifier le jury.
Venez écouter ces témoignages sur les réalités de la Françafrique de ces 15 dernières années ou en savoir plus sur la réalité de la présence française en Afrique et de ce que cachent les discours sur la paix et la sécurité mis en avant au Sommet officiel de l’Elysée.

2. Un rassemblement inter-organisations, le jeudi 5 décembre à 18h place de la République à Paris

Un rassemblement est organisé à l’initiative de nombreuses organisations françaises et africaines Place de la République sous le mot d’ordre unitaire suivant :
  • annulation du sommet
  • fin du soutien diplomatique, économique, militaire, policier et des ventes d’armes aux régimes répressifs
  • suppression des bases militaires françaises en Afrique


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