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mardi 28 juin 2011

Sénégal: Wade peut-il tenir?

Les manifestations au Sénégal ont repris. Après les heurts de Mercredi et Jeudi dernier, face à la proposition de changement constitutionnel proposé par Wade et visant à faciliter l'accession au pouvoir de son (pour le moins) impopulaire de fils, Karim Wade, les manifestations ont repris, avec une certaine violence. Dans le nuit de lundi, des bureaux administratifs ont été attaqués, visant principalement la Sénelec, la compagnie gérant l'électricité au Sénégal.

A l'origine, un mouvement, dénommé "Y en a marre", a été créé à l'initiative des rappeurs de Keur Gui en mars de cette année; de nombreuses manifestations, parfois violentes, avaient éclaté dans le pays en Janvier, face aux coupures récurrentes du réseau électrique, mais de manière plus générale, face à un ras-le-bol complet de la gestion du pays par le clan Wade. Ce mouvement s'est peu à peu mis en place, venant en soutien de nombreux acteurs de la société civile.



Le verre a débordé la semaine dernière, lorsque la proposition de Wade de (re-)modifier la constitution devait être votée au parlement. Cette grotesque proposition visait à élire, non pas un président, mais un duo président/vice-président, et spécifiant que 25% des suffrages au premier tour suffirait à l'emporter! Des manifestations ont eu lieu à Dakar et dans de nombreuses villes du pays... des confrontations avec la police ont éclaté... avant que Wade ne renonce à sa proposition devant l'ampleur des manifestations. Un fait particulièrement important et représentatif de l'état de droit au Sénégal: Alioune Tine, figure de la Société Civile, président de la Rencontre Africaine pour les Droits de l'Homme a été grièvement blessé alors qu'il tentait de se joindre à la manifestation. Selon des proches, il aurait reçu des menaces de mort les jours précédents

Devant cette victoire du peuple face à l'oligarchie Wadienne, un mouvement a été créé: le mouvement du "23 Juin" (faisant écho au mouvement du 15-M espagnol). Il n'est plus question de s'opposer à Wade, mais de demander son départ au plus vite. Pourtant, des élections doivent se tenir en 2012, mais la société civile n'est pas prête à attendre le dernier tour de magie de Wade, afin que celui-ci se fasse réélire, ou amène ses proches au pouvoir.

samedi 25 juin 2011

L'édito de Billets d'Afrique et d'ailleurs (14 Juin 2011)

Retrouvez ici chaque mois l'édito du mensuel publié par SURVIE :
Billets d'Afrique et d'ailleurs.
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Victime présumée

La presse française vient d’inventer une nouvelle notion de droit, celle de « victime présumée ». On peut faire une recherche sur le net, cette expression n’a jamais été utilisée avant l’affaire DSK. Notre propos n’est pas d’épiloguer sur ladite affaire – on aura tout le temps de le faire à bon escient – mais seulement de nous interroger sur cette création linguistique singulière.
Ce qui existe, c’est la présomption d’innocence qui interdit de désigner quelqu’un comme coupable avant qu’il ait été condamné comme tel par un tribunal. Il y a des manquements innombrables, certains célèbres, à cet interdit. Nicolas Sarkozy, interrogé sur l’affaire des listings Clearstream déclare publiquement en septembre 2009 « Après deux ans d’enquête, deux juges indépendants ont décidé que les coupables devaient être traduits devant le tribunal correctionnel. » Le statut de victime, lui, ne comporte aucun doute. On parle, dans les statistiques de la délinquance, simplement de victimes.
Pourtant, il existe des cas de plaintes mensongères mais cela n’entraîne pas pour au­tant une règle générale de suspicion a priori qui permettrait de parler de victime présumée. L’emballement mé­dia­tique, en juillet 2004, dans l’affaire Marie Leblanc du RER D, avait provoqué des déclarations tonitruantes de leaders politiques de tous bords et un déchaînement raciste quant à l’appartenance ethnique des coupables désignés.
Il y a en effet victime et victime, la bonne dont on va médiatiser à outrance le calvaire, la mauvaise qui vient fâcheusement ternir la réputation des maîtres de la morale. Ainsi, on nous informe à la télé sur les progrès de l’enquête menée après la disparition, mentionnée après chaque bulletin d’information, de deux Français en Côte d’Ivoire le 4 avril au Novotel d’Abidjan. Le corps de l’un d’entre eux vient d’être décou­vert. Une juge d’instruc­tion française va se rendre sur place.
Le ministre ivoirien de la Justice déclare : « J’ai des personnes sous la main, présumées liées à l’enlèvement ». On imagine facilement que cette main va leur faire raconter tout ce qu’on leur demande. Par contre pas d’enquête, pas de juge, pas de déclaration ministérielle, et, bien sûr, aucune info télé sur l’assassinat du professeur français Philippe Rémond le 1er avril dans une chambre d’hôtel à Yamoussoukro. Les autorités françaises sur place parlent du bout des lèvres d’une balle perdue, un accident en quelque sorte, et se taisent sur l’identité de la victime. Et pour cause : Philippe Rémond était un soutien notoire du président Gbagbo. Il avait reçu des menaces et se cachait.
Le ministère des Affaires étrangères à Paris en est encore à vérifier l’information sur la mort de ce citoyen français, victime présumée probablement lui aussi, selon la nouvelle terminologie. Le vocabulaire à la mode s’était déjà enrichi de toute une panoplie autour du mot « victime », considéré comme tabou dans la relation de certains faits historiques peu flatteurs pour les groupes dominants. Ainsi « victimisation », « compétition victimaire » ont émaillé les discours d’intimidation des parleurs médiatiques qui stigmatisent toute évocation du calvaire des Africains déportés pendant des siècles aux Amériques, semant leurs morts dans l’océan et sur les plantations, ou de celui imposé ensuite en Afrique à ceux qui restaient, soumis à l’extermination par les travaux forcés.
De même le mot « coupable » est également tabou. Ceux qui se targuent de donner des leçons de morale au monde entier ne peuvent être coupables de quoi que ce soit, sinon par pur masochisme, comme le prétend Pascal Bruckner. La loi du silence doit donc s’exercer sur tous les crimes qu’ils commettent pour faire régner le Bien.
Et, si quelques fâcheux bruits naissent malgré tout, il y a tout l’arsenal de l’euphémisation, du doute et de la dénégation : dégâts collatéraux, victime présumée, balle perdue...

Odile Tobner

jeudi 23 juin 2011

Rwanda: Des tueurs parmi nous?

La GRANDE TRAQUE sur France 2


Génocide au Rwanda : des tueurs parmi nous ?

Le documentaire de Manolo d’ARTHUIS sur le génocide des Tutsi au Rwanda et plus particulièrement sur les activités du CPCR (Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda) et la présence de présumés génocidaires rwandais sur le sol français sera diffusé sur France 2 le

Mardi 28 juin 2011 vers 22h40

malgré tous les efforts des protagonistes (Mme Kanziga, Bivugabagabo et Twagira) pour faire interdire sa diffusion.
Durée : 70 mn

Vous pouvez le visionner sur dailymotion.


Le documentaire est suivi d’un plateau d’une vingtaine de minutes animé par Nicolas POINCARE, avec la participation de son Excellence Jacques KABALE, ambassadeur du Rwanda en France, de Filip REYNTJENS, constitutionnaliste et politologue belge, de Maria MALAGARDIS, journaliste et d’Alain GAUTHIER, président du CPCR (Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda).

Sénégal-France: laissons Wade faire sa cuisine!


31 personnes, dont 3 femmes, ont été arrêtées dans l'enceinte du Consulat du Sénégal. Ces 31 personnes se mobilisaient contre la réforme sénégalaise pré-électorale qui permettrait à Wade de remporter la prochaine élection dès le 1er tour s’il obtient alors en sa faveur seulement 25% des suffrages ! On a ainsi mobilisé "une dizaine de cars des forces de l'ordre" français pour arrêter TOUS les manifestants, le Consul général, Léopold Faye, ayant très rapidement réussit à porter plainte pour "dégradation de biens publics". Où faut-il se plaindre contre les dégradations de la démocratie ? Pas dans les rues françaises (si tant est qu'on considère le consulat du Sénégal comme étant un territoire français), même si par ailleurs on vient nous dire que la France souvent les mouvements démocratiques… Plus de détails dans l’article ci-dessous, disponible sur All Africa. Cette manifestation fait suite à une autre manifestation qui a eu lieu à Dakar, à l'appel du mouvement Yen a marre, qui proteste depuis des semaines, en premier lieu contre la défaillance des infrastructures sénégalaises, et principalement les coupures d'électricité récurrentes, et de façon plus général contre la gestion du gouvernement Wade. Ce dernier est soupçonné de vouloir mettre en place au pouvoir son fils, Karim Wade, par tous les moyens. Une loi agissant dans ce sens et devant être votée dans la journée est à l'origine de ces manifestations.

Sénégal: Paris - 31 manifestants arrêtés et gardés à vue sur plainte du Consul général
Moustapha Barry, Wal Fadjri
23 Juin 2011
Le 'coup de poing' organisé par des militants de l'opposition et de la société civile sénégalaise de Paris s'est terminé au Commissariat du 17e arrondissement de Paris. Ils sont 31 manifestants dont trois filles qui ont été arrêtés à l'intérieur des locaux du Sénégal à Paris. Ils manifestaient contre le projet de loi instituant la vice-présidence.
La manifestation improvisée s'est d'abord déroulée à la résidence de l'ambassadeur du Sénégal à Paris. Les manifestants ont ainsi tagué les murs de la résidence de l'ambassade. Après la résidence, ces mêmes manifestants se sont dirigés vers le Consulat du Sénégal, à quelques pas de la résidence.
Arrivés sur place, ils ont bloqué le portail du Consulat par des chaises trouvées à l'intérieur de la bâtisse diplomatique. Ainsi, deux portes vitrées ont volé en éclats. Entre-temps, le Consul général, Léopold Faye, avait demandé de fermer le portail avant de faire appel à la police française.
Une dizaine de cars des forces de l'ordre vont débarquer sur les lieux et arrêter tous ceux qui étaient à l'intérieur avant de les embarquer pour le commissariat de police du 16e arrondissement de Paris. Ils étaient au total 31 manifestants arrêtés dont trois filles.
Puisque le Consul Léopold Faye a porté plainte pour 'dégradation de biens publics', ils ont été mis en garde à vue. Au moment où nous écrivions ces lignes, certains d'entre eux devaient être amenés aux commissariats du 2e et du 17e arrondissements de Paris. Parmi les 31 manifestants arrêtés, les 5 ont été libérés dans la soirée. Pour manque de preuves à leur encontre


mardi 21 juin 2011

Le général Tauzin fait la promotion de la désinformation à Bordeaux

Il y a quelques mois, nous assistions à une conférence organisée par nos amis de l'association Cauri autour du dernier livre de Jean-François Dupaquier "L'Agenda du Génocide". Un travail d'enquête, de journaliste, que l'auteur a voulu non-partisan, et le plus impartial possible.

Le 26 Mai 2011, le Général Tauzin se rendait à l'Athénée Libertaire afin de présenter "Je demande justice pour la France et ses soldats", sur invitation de l'association Amitiés Françaises, afin de rétablir l'honneur de la France (selon se propres propos) dans cette affaire du génocide des Tutsi du Rwanda.

Voici un article de Billets d'Afrique et d'ailleurs de Juin 2011, faisant réponse à la tournée du général Tauzin:

Le général Didier Tauzin paie de sa personne depuis la sortie de son ouvrage, Rwanda, je demande justice pour la France et ses soldats. Une tournée promotionnelle à travers toute la France d’après les articles, souvent critiques, de la presse régionale.

Récemment, c’est à Bayonne, au siège du Premier RPIMA, devant un public clairsemé, qu’il a donné une conférence sur l’engagement militaire français au Rwanda. Un régiment qu’il connaît bien puisqu’il y a été chef de corps du 12 décembre 1992 au 28 juillet 1997.

La tournée de Tauzin est surtout l’occasion d’identifier les principaux éléments de son argumentation lorsqu’il s’agit de « sauver l’honneur de la France et de son armée ». On laissera de côté, les inepties habituelles sur l’atavisme prétendu des « Tutsi et Hutu qui se vouent une haine ancestrale » qui « interdisait l’utopie d’une réconciliation » comme s’il s’agissait de deux groupes ethniques différents. Affirmation abrupte qui n’est pas différente de celle émise à l’occasion de son audition devant la Mission d’information parlementaire en 1998 : « Les Tutsi sont, par nature, des guerriers, ce qui n’est pas le cas des Hutu ».

Des considérations étonnantes pour quelqu’un qui a été auditeur à l’Institut des hautes études de Défense nationale et conseiller militaire du président Pierre Buyoya au Burundi.

Les lacunes de Tauzin

« Si la France a commis une faute dans cette guerre du Rwanda, c’est bien à ce moment-là, en s’abstenant d’intervenir dès le 7 avril pour arrêter les massacres. Mais elle n’est pas la plus coupable, et de beaucoup ! Plus coupables, tous les pays qui ont tout fait pour empêcher la France d’intervenir ! Plus coupables surtout, ceux qui ont exécuté, commandité, organisé et planifié ces massacres, bien sûr ! Mais il reste à les désigner précisément, car, contrairement à ce qui est répété à l’infini, les vrais coupables ne sont pas désignés, comme le confirment les travaux du Tribunal pénal international pour le Rwanda qui, à ce jour, a relaxé tous les Hutus présentés comme les cerveaux du génocide ».

C’est un des principaux arguments de Tauzin, répété à longueur d’interview et qui lui sert de démonstration pour exclure toute complicité de la France : le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) n’a pas reconnu la planification du génocide.

Mais le TPIR n’a pas seulement condamné la plupart des accusés pour « génocide », il a bel et bien condamné certains d’entre eux pour « entente en vue de commettre le génocide ». Et non des moindres, puisqu’il s’agit de l’ancien Premier ministre du GIR, Jean Kambanda, et de l’ancien ministre de l’Information, Eliézer Niyitegeka. La planification du génocide des Tutsi est donc reconnue par le tribunal.

Quant à la complicité des autorités françaises, elle ne se limite pas à la période de sa préparation (octobre 1990 – 6 avril 1994). C’est pendant le génocide lui-même, une fois le massacre des Tutsi déclenché, que nos dirigeants se sont entêtés dans une alliance avec ceux qui le perpétraient, jusqu’à les évacuer au Zaïre pendant l’opération Turquoise, après qu’ils eurent été finalement vaincus par les troupes du FPR.

Le résumé des faits

L’opération Amaryllis (évacuation des Français et des Européens par des militaires français) s’est déroulée dans un contexte marqué par « l’élimination des opposants et des Tutsi », comme en fait état son ordre d’opération daté du 8 avril 1994. Signataire de la convention de 1948 sur la prévention et la répression du crime de génocide, la France était tenue d’enjoindre à ses troupes présentes sur place de s’opposer aux massacres.

Le gouvernement français n’a cependant nullement enjoint à nos soldats de secourir les victimes. Au contraire, il a donné l’ordre de ne pas montrer aux médias « des soldats français n’intervenant pas pour faire cesser des massacres dont ils étaient les témoins proches ». Et il a fait livrer des armes aux Forces armées rwandaises (FAR) dans la nuit du 8 avril, comme en ont témoigné des officiers de la MINUAR (Mission des Nations unies d’assistance au Rwanda).

Les extrémistes hutus à l’Elysée

Le 21 avril 1994, la France, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, a, comme les autres grandes puissances, voté la réduction drastique du contingent de Casques bleus, abandonnant les Rwandais tutsi à leur sort tragique. Mais nos dirigeants ont fait pire : le 27 avril 1994, les plus hautes autorités françaises ont reçu à Paris deux des extrémistes hutu les plus virulents, responsables du génocide en cours : Jérôme Bicamumpaka, ministre des Affaires étrangères du GIR, et Jean-Bosco Barayagwiza.

Ils sont accueillis à l’Elysée par Bruno Delaye, conseiller Afrique de François Mitterrand, et à Matignon par Edouard Balladur, Premier ministre, et Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères. La France reconnaissait ainsi de fait le Gouvernement intérimaire rwandais, couverture politique du génocide. Elle a été le seul pays occidental à le faire.

Du 9 au 13 mai 1994, le lieutenant-colonel Rwabalinda, conseiller du chef d’Etat-major des FAR, qui encadraient le génocide, a rencontré à Paris le général Jean-Pierre Huchon, chef de la Mission militaire de coopération. Pendant toute la durée du génocide, ce même général Huchon a reçu régulièrement le colonel Kayumba, directeur du service financier du ministère rwandais de la Défense. Celui-ci a organisé six livraisons d’armes aux tueurs entre le 18 avril et le 19 juillet 1994.

Le 22 mai 1994, devant l’avancée des troupes du FPR, le président rwandais par intérim, Théodore Sindikubwabo, adresse une lettre à François Mitterrand : « Le Peuple Rwandais Vous exprime ses sentiments de gratitude pour le soutien moral, diplomatique et matériel que vous lui avez assuré depuis 1990 jusqu’à ce jour. En son nom, je fais encore une fois appel à Votre généreuse compréhension et à celle du Peuple Français en vous priant de nous fournir encore une fois Votre appui tant matériel que diplomatique. »

A cette date, au moins un demi-million de Tutsi a déjà été massacré au Rwanda...

Comment le chef d’un Etat en train de commettre le crime des crimes a-t-il pu se sentir autorisé à solliciter l’aide de la France ? Est-ce en réponse à cette demande que le président Mitterrand trouve urgent, à la mi-juin 1994, d’intervenir afin de mettre fin aux massacres, alors qu’il n’avait pas jugé bon de le faire en avril ?

1994, le retour de Tauzin au Rwanda

C’est le moment où Didier Tauzin revient au Rwanda, prêt à en découdre à nouveau avec le FPR, comme il le déclare ouvertement. La Zone humanitaire sûre créée par l’opération Turquoise à l’ouest du Rwanda est immédiatement utilisée comme refuge par les auteurs du génocide, en passe d’être défaits militairement par le FPR.

Face à cette situation, l’ambassadeur Yannick Gérard envoie un télégramme à Paris le 15 juillet 1994 en indiquant : « [...] dans la mesure où nous savons que les autorités portent une lourde responsabilité dans le génocide, nous n’avons pas d’autre choix, quelles que soient les difficultés, que de les arrêter ou de les mettre immédiatement en résidence surveillée en attendant que les instances judiciaires internationales compétentes se prononcent sur leur cas. »

Les responsables et les auteurs du génocide (soldats des FAR, miliciens...) présents dans la Zone humanitaire sûre mise en place par Turquoise n’y sont pas arrêtés. Au contraire, ils sont laissés libres d’aller se réfugier au Zaïre, impunément, avec armes et bagages.

Le numéro d’octobre 1994 de la revue de la Légion étrangère, Képi blanc, écrit même que « l’état-major tactique [de Turquoise] provoque et organise l’évacuation du gouvernement rwandais vers le Zaïre ». Le colonel Théoneste Bagosora, principal artisan du génocide, avait déjà été évacué par nos soldats début juillet.
Les conséquences désastreuses pour la région des Grands Lacs

La fuite des génocidaires au Zaïre, orchestrée par les Français, est à la racine de la tragédie congolaise, qui a fait plusieurs millions de victimes.

« On peut difficilement sous-estimer les conséquences de la politique française. La fuite des génocidaires au Zaïre engendra, ce qui était presque inévitable, une nouvelle étape plus complexe de la tragédie rwandaise et la transforma en un conflit qui embrasa rapidement toute l’Afrique centrale ». Ainsi s’exprimait, en 2000, le groupe international d’éminentes personnalités auteur du rapport de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) intitulé Le génocide qu’on aurait pu stopper (§15.85).

Alors le comble du cynisme est atteint quand Didier Tauzin prétend rendre le FPR responsable des six millions de morts des Grands Lacs (au Rwanda et au Congo Kinshasa) parce que ce mouvement a déclenché la guerre de 1990.

Des événements historiques d’une telle magnitude qu’un génocide et deux guerres sont la résultante du jeu de multiples acteurs.

Mais de même qu’on peut affirmer que la France pouvait, entre 1990 et avril 1994, empêcher le génocide en retirant son soutien au régime Habyarimana, elle pouvait, en arrêtant ses auteurs à l’été 1994, prévenir l’explosion de l’Afrique des Grands Lacs.


Raphaël de Benito, Raphaël Doridant

vendredi 10 juin 2011

Présentation du livre « Suret-Canale : de la Résistance à l’anticolonialisme : entretiens autobiographiques »

Mercredi 15 juin à 18h30
à La Machine à Lire, 8 place du Parlement, à Bordeaux.


Grâce aux entretiens réalisés à la fin de la vie de Jean Suret-Canale et à ses archives personnelles, Pascal Bianchini examine la trajectoire d’un intellectuel français qui a œuvré pour un anticolonialisme fondamental et la fondation de l’histoire africaniste. 
Il dialoguera avec Jean-Pierre Chrétien autour de son dernier livre « Suret-Canale : de la Résistance à l’anticolonialisme : entretiens autobiographiques » publié aux éditions l’Esprit Frappeur.