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dimanche 29 juin 2008

Alain Juppé à la veillée mortuaire de Aimé Césaire (organisée par DiversCités)

Communiqué de Presse

Bordeaux, le 28 juin 2008

Au sortir du renouvellement de ses instances dirigeantes, l’association Survie Gironde a estimé nécessaire de se désolidariser de l'opprobre jetée sur l'Athénée Libertaire suite à la présence d’Alain Juppé à la veillée organisée par Diverscités pour la mémoire d’Aimé Césaire le 18 avril 2008.

Le nom de notre association n’a jamais été cité et pourtant c’est par notre entregent que l’association Diverscités a pu bénéficier de la mise à disposition des locaux de l’Athénée Libertaire en toute confiance (puisque ses membres ont laissé les clés et sont partis). Il est normal que les Anarchistes s’émeuvent de la présence du Maire de Bordeaux eu égard à leur philosophie politique à l’endroit de toute autorité.

Survie Gironde estime que le Maire de Bordeaux était en adéquation dans son rôle de premier citoyen pour porter le témoignage des Bordelais ; cependant ce lieu n’était pas le plus indiqué. Cette présence, qui peut donner l’illusion légitime d’une opération politique et politicienne de Diverscités et de la Mairie de Bordeaux, jette par ricochet le discrédit sur Survie Gironde. Nous sommes une des vingt quatre antennes de l’ONG Survie qui n’a de cesse de dénoncer la responsabilité des autorités françaises dans le génocide rwandais en 1994. Est-il besoin de rappeler qu’Alain Juppé était au gouvernement précisément à cette période tragique ? Bordeaux est aussi un haut lieu du déni de mémoire sur l’esclavage et sa fille aînée, le colonialisme.

Survie Gironde regrette la polémique qui a suivi, car c’est aussi l’image de l’association Diverscités qui est brouillée à force de ne se faire entendre que par le biais de polémiques. C’est parce que nous saluons son travail important et courageux (à la suite et avec d’autres acteurs associatifs ou individuels) qui a beaucoup apporté à la mobilisation autour de la mémoire de l’esclavage à Bordeaux.

Nous condamnons les insultes proférées à l’encontre du président de Diverscités qui sont le fait d’un sympathisant aux causes anarchistes et qui n’engagent pas les Anarchistes de Bordeaux.

Notre association apporte tout son soutien aux responsables de l’Athénée Libertaire dont elle peut témoigner des valeurs de tolérance qui ont été mises en doute par Diverscités. Nous y avons toujours été accueillis dans le respect et l’écoute.
Survie Gironde

Survie Gironde est l’une des 24 antennes habilitées de l’association SURVIE qui lutte pour enrayer la Françafrique, les paradis fiscaux et la banalisation des génocides, ainsi que pour l’accès de tous aux biens publics. SURVIE est cofondatrice de ATTAC et membre de plusieurs collectifs de défense de la citoyenneté pour interroger ce qui est fait au nom des citoyens.
Survie Gironde est membre du CRSP (Collectif pour la Régularisation de tous les Sans-Papiers, Bordeaux)

CRAmé, document sonore sur l'incendie du centre de rétention de Vincennes le dimanche 22 juin 2008

Pour écoute et diffusion,
CRAmé
des sons pris devant le CRA de Vincennes,
des retenus enregistrés par téléphone,
un montage de 40 minutes (31+9)

une production du gram (groupe radio à montreuil)

à télécharger (73 Mo) sur :
http://www.mediafire.com/?qyz2xntj8sz


(reçu de Jeanne : Collectif des Sans-Papiers de Montreuil)
Survie Gironde est membre du CRSP (Collectif pour la Régularisation de tous les Sans-Papiers, Bordeaux)

jeudi 26 juin 2008

La Plateforme FranceAfrique réagit aux propos de Joyandet

Indignation des ONG suite aux propos d´Alain Joyandet
Le profit est-il la seule ambition de la France en Afrique ?

Communiqué de presse de la Plateforme citoyenne France-Afrique,
le 25 juin 2008

Les ONG de la plate-forme citoyenne France-Afrique (1) s´indignent de la multiplication des dérapages verbaux du secrétaire d´Etat à la Coopération, Alain Joyandet, qui démontrent une conception cynique et dévoyée de l´aide au développement.

Alain Joyandet a remplacé Jean-Marie Bockel au poste de secrétaire d´Etat à la Coopération il y a 3 mois, après que ce dernier ait été écarté de ce poste pour avoir voulu en finir avec la « Françafrique ». Depuis, il multiplie les déclarations à l´emporte-pièce. Des déclarations qui ont le mérite de la franchise, après des décennies d´hypocrisie, mais qui révèlent la véritable nature de l´aide française au développement. Il ressort clairement des propos d´Alain Joyandet une absence d´ambitions de la France en terme de solidarité internationale, puisque l´ « aide au développement » est mise au service exclusif des intérêts économiques et politiques de la France, notamment pour faire barrage à la Chine. Le développement des plus pauvres, la défense des droits et de la démocratie passeront après.

Plus grave encore, dans le prolongement du discours décrié de Nicolas Sarkozy à Dakar, le 27 juillet 2007, Alain Joyandet renvoie l´image d´une France qui méprise profondément l´Afrique et les Africains. Les propos du secrétaire d´Etat à la Coopération, qui s´apparente de plus en plus à un ministre du Commerce extérieur délégué à l´Afrique, ôtent toute crédibilité au discours de la France en matière de développement. Ceci est particulièrement grave à la veille d´une présidence française de l´Union européenne marquée par d´importantes échéances internationales pour le développement des pays du Sud (Conférence de l´OCDE à Accra sur l´efficacité de l´aide début septembre, Conférence des Nations unies à Doha sur le financement du développement fin novembre...).

Les organisations de la plate-forme citoyenne France-Afrique ont fait de la démocratie, du respect des droits de l´Homme et de la lutte contre la corruption les fondements d´une politique de la France en Afrique responsable et transparente qu´ils appellent de leurs voeux (2). Elles s´offusquent aujourd´hui de voir ces thèmes majeurs absents des 8 propositions émises par Alain Joyandet lors de sa conférence de presse du 19 juin. Un « oubli » d´autant plus inquiétant que quelques semaines auparavant, la secrétaire d´Etat aux Droits de l´Homme Rama Yade avait décliné une demande d´audition de notre plateforme, en précisant que le secrétaire d´Etat à la Coopération serait l´interlocuteur des associations sur ces sujets.

L´abandon manifeste de ces principes par la diplomatie française, loin de n´être que du ressort des secrétaires d´Etat, s´inscrit dans la longue liste des renoncements du gouvernement français, et des compromissions avec les dictatures (3).

Malgré le discours rassurant tenu sur ce point par Alain Joyandet à nos associations quelques jours après sa nomination, cette succession de provocations et de dérapages présidentiels ou ministériels sont bien les signes d´une « rupture dans la rupture » avec la Françafrique. Si tant est que la volonté de rompre avec ce système ait jamais existé au sein de l´exécutif français. Les organisations des sociétés civiles françaises et africaines ne baissent pas les bras, et sont de plus en plus mobilisées sur ce thème.

Extraits des déclarations de A. Joyandet :

o « L´implantation des entreprises françaises en Afrique est l´une de mes priorités», interview à lejdd.fr, 20 mai 2008.
o « J'ai des convictions mais je veux aussi défendre notre pays et ses parts de marché », propos rapporté par lejdd.fr, 19 juin 2008.
o [Le détournement d´argent public en Afrique ?] « Ce sont vraiment des sujets qui ne me semblent pas devoir être au coeur de (...) notre expression », interview à France 24, 20 juin 2008.
o « Si nous ne sommes pas les partenaires économiques privilégiés, alors on ne pourra plus défendre nos valeurs », Interview à France 24, 20 juin 2008.
o « Il ne faut pas qu´on se fasse prendre notre place par des puissances émergentes ». « On veut aider les Africains, mais il faut que cela nous rapporte », interview à Libération, 24 juin 2008.
o « J´ai créé ma première boîte à 24 ans, sans un rond, c´était bien plus compliqué de faire cela que de s´occuper de l´Afrique ! », interview à Libération le 24 juin 2008.
o « C´est nous qui allons envoyer des cerveaux », réponse à France 24 le 20 juin 2008 suite à une question sur l´immigration choisie.

(1) La plate-forme citoyenne France-Afrique regroupe une dizaine d´ONG françaises : ATTAC, Action des Chrétiens pour l´Abolition de la Torture (ACAT-France), Centre de Recherche et d´Information pour le Développement (CRID), Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD), Cedetim/Ipam, Mouvement de la paix, Oxfam France - Agir ici, Peuples Solidaires, Réseau Foi et Justice Afrique Europe (Antenne France), Secours Catholique / Caritas France, Survie.
(2) La plateforme a publié en février sur ce thème un Livre Blanc assorti de nombreuses propositions qui ont été défendues devant l´Elysée, les cabinets ministériels, des parlementaires et la presse française et africaine.
(3) Visites à Omar Bongo, réception de Muhamar Kadhafi, rallonges budgétaires accordées au Congo de Denis Sassou Nguesso, sauvetage militaire du régime tchadien, enterrement d´une plainte visant les biens mal acquis de certains chefs d´Etat africains, etc.

Contacts presse :
Survie - Alexandra Phaëton : 01 44 61 03 25
CCFD - Véronique de La Martinière : 01 44 82 80 64


mercredi 18 juin 2008

Ce mercredi à 17h et 17h30 : Politique africaine / Sans Papiers

Conférence de l'association AQAFI sur le thème :
Politique africaine de la France: rupture ou continuité ?

Rendez vous ce mercredi 18 juin de 17h à 19h à l'Athénée municipal

avec
- Maître Emmanuel MANGOT, Docteur en droit, juriste consultant
- Edmond DOUA, doctorant Sciences de la Communication, animateur sur Radio Campus
- Thierno I. DIA, Enseignant en cinéma, ancien Secrétaire Général de l'association Survie Gironde.

Médiateur du débat Cédric Mayrargue.

Responsable : Alioune SY
aqafi@neuf.fr



Heure : A 17h30
LIEU : Place Saint-Michel
Manifestation pour la Régularisation de tous les Sans Papiers et contre la Directive Retour (Union Européenne).

vendredi 13 juin 2008

La France, terre de villégiature des criminels internationaux ?


Communiqué de Survie et du CPCR, le 12 juin 2008


A l’occasion de l’adoption par le Sénat du projet de loi adaptant le droit pénal français à l’institution de la Cour Pénale Internationale, un amendement voté par la majorité sénatoriale vide la compétence universelle de sa substance. Si cet amendement était entériné par l’Assemblée Nationale, la France deviendrait l’un des rares pays à permettre aux criminels contre l’humanité, criminels de guerre et responsables de génocide de circuler en toute liberté sur son territoire.

Le principe de la compétence universelle découle du fait que certains crimes sont d’une telle gravité qu’ils ne concernent pas uniquement les victimes elles-mêmes, mais la communauté internationale toute entière. Il en est ainsi des crimes de génocide, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité.

En adoptant le texte porté à notre connaissance, le Sénat français vient de se prononcer pour une loi de compétence universelle au rabais.

En effet, contrairement à la Commission des Lois qui reconnaissait que des poursuites pouvaient être engagées par le simple fait qu’un suspect soit présent sur le sol français, le Sénat a adopté un amendement qui réserverait les poursuites judiciaires aux seuls suspects « résidant habituellement » sur notre territoire. La France pourrait ainsi accueillir des hôtes de passage indésirables qui pourraient prolonger leur séjour à la seule condition de ne pas y résider de façon continue.
D’autre part, la France ne pourrait poursuivre des suspects de crimes relevant de la compétence universelle que si le pays d’origine reconnaît ces crimes.
Enfin, seul le parquet, dont on peut craindre les réticences, pourrait engager des poursuites et non plus les victimes elles-mêmes, ce qui constitue un véritable recul du droit français.

En adoptant un tel texte, la France se démarque de nombreuses démocraties qui reconnaissent que le seul fait de séjourner même brièvement sur leur territoire peut entraîner des poursuites judiciaires.

Nous ne pouvons tolérer une loi de compétence universelle « vidée de sa substance », comme le dénoncent les 44 organisations (dont Survie) membres de la Coalition française pour la Cour pénale internationale (CFCPI). Mobilisée contre l’impunité des crimes les plus graves, et notamment contre celui de génocide, Survie se joint au Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) afin de dénoncer un texte qui marginalise la France et qui laisse entendre que notre pays ne souhaite pas voir se créer un système judiciaire international. A ce titre, les victimes du génocide perpétré au Rwanda en 1994 que représente le CPCR ne comprendraient pas une telle indulgence pour leurs bourreaux.

La France n’a pas vocation à devenir une terre de villégiature pour les auteurs des crimes les plus répréhensibles.
En conséquence, nous demandons à l’Assemblée Nationale de ne pas entériner ce texte qui est un recul manifeste dans l’application de la loi de compétence universelle.

Plus d’informations sur http://www.cfcpi.fr/

DU RACISME FRANCAIS : Compte-rendu Conférence Odile Tobner (11 mars 2008, Bordeaux)

Odile Tobner est venue à Bordeaux à l'invitation de l'Athénée Libertaire (Librairie du Muguet) et de Survie Gironde.

Elle a donné deux conférences magistrales :

- Le Mardi 11 mars 2008, à 20h, à l'Athénée Libertaire (7, rue du Muguet, Bordeaux)

- Le mercredi 12 mars 2008, à 18h00, à Sciences Po Bordeaux (Institut d'Etudes Politiques de Bordeaux, IEP Bordeaux).


Conférence le mardi 11 mars, 20h30, Athénée Libertaire Bordeaux

Conférence « Du Racisme français », Odile Tobner.

Odile Tobner est la Présidente de Survie France.

Origine du projet :

En publiant « Négrophobie » en 2005, Odile Tobner, Boubacar Boris Diop et François-Xavier Verschave avaient répondu au livre « Négrologie », de Stephen Smith, dans lequel il présentait une Afrique qui serait responsable de ses propres malheurs. On voyait la résurgence d’un racisme primaire dans le discours de Stephen Smith, avec une certaine vulgarisation de ce discours. Il était donc intéressant de comprendre jusqu’où s’enracinait ce discours dans les discours français. Il fallait donc un livre pour approfondir la question.

Entre 1978 et 1991, la Revue Peuples Noirs Peuples Africains (numéros consultables sur http://mongobeti.arts.uwa.edu.au/), était une revue qui critiquait l’africanisme français et la politique française en Afrique. Cette revue était née après l’interdiction du livre de Mongo Béti « Main basse sur le Cameroun ».

En 1987, il y a eu la parution du « Dictionnaire de la négritude » L’Harmattan.

Tous ces textes avaient été élaborés grâce à des fonds documentaires qui n’ont pas tous été exploités jusqu’à ce jour, et qui ont, en grande partie, servi pour l’écriture du livre « Du Racisme français ».

Dans les discours français actuels, il y a une dénégation du racisme, personne ne se revendiquant raciste, mais dans la réalité certains discours restent profondément racistes.

Ex. : Pascal Sevran et Georges Frêche, qui ont des propos racistes, mais se qualifient de non-racistes.

Pascal Sevran : « La bite des Noirs est responsable de la famine en Afrique… Et alors ? C’est la vérité ! L’Afrique crève de tous les enfants qui y naissent sans que leurs parents aient les moyens de les nourrir. Je ne suis pas le seul à le dire. Il faudrait stériliser la moitié de la planète !» (décembre 2006).

Georges Frêche : « Mais vous n’avez rien du tout, vous êtes des sous-hommes ! Vous n’avez rien du tout, vous n’avez aucun honneur, rien du tout. Il faut que quelqu’un vous le dise, vous êtes sans honneur, vous n’êtes même pas capable de défendre les vôtres. Voilà. Voilà. Alors, dégagez ». (11 février 2006).

Ces discours ne reposent, bien évidemment, sur aucune réalité sociale, mais il n’y a pas eu de véritable mouvement critique des intellectuels et médias français. Cela est devenu banal de dire des propos racistes, avec l’acceptation que de tels propos ne choquent pas. D’où vient donc cette dénégation ?

L’objectif du livre était de montrer les racines du racisme français, en analysant les écrits de différents auteurs français.


La théorie des climats a été formulée au XVIIIe siècle par Montesquieu dans L’Esprit des lois. Elle soutient l’existence de caractères spécifiques aux différentes populations à cause du climat sous lequel elles vivent.

Montesquieu : « Il ne faut donc pas être étonné que la lâcheté des peuples des climats chauds les ait presque toujours rendus esclaves, et que le courage des peuples des climats froids les ait maintenus libres. C’est un effet qui dérive de sa cause naturelle ». L’Esprit des lois, 3ème partie, Livre XVIII, chap.II.

Montaigne au XVIe siècle est un véritable esprit critique. Il présente les phénomènes de rencontre entre Européens et indigènes américains sans préjugés. Il y a une totale absence de chauvinisme chez Montaigne. Alors que pour Montesquieu, l’autre est forcément inférieur.

Cette capacité de critique a disparu par la suite, notamment avec la production de discours pour légitimer l’esclavage et la colonisation.

Au XVIIIème siècle, c’est l’esprit des Lumières. Mais la notion d’humanisme n’est appliquée qu’à l’Europe, et surtout pas aux colonies, car l’Africain n’appartient pas alors à l’Humanité, mais reste la figure du sauvage. Aujourd’hui, le texte de Montesquieu De l’esclavage des nègres est présenté comme ironique, donc antiraciste, alors que si l’on l’étudie de façon approfondie, on se demande où est l’ironie. Il n’y a cependant pas de remise en cause du caractère ironique des discours (en réalité racistes) de Montesquieu. Le ton ne peut pas être ironique, pour plusieurs raisons, comme le contexte de l’œuvre, le contexte historique, ainsi que la réalité politique de son époque le montrent.

Dans l’Encyclopédie de Diderot, par exemple, le mot « nègre » n’avait que des référents négatifs.

La question du Code Noir (1685) est passée sous silence par la majorité des intellectuels français.

L’idéologie esclavagiste est fondée sur les préjugés à l’égard des sociétés africaines, alors qu’en France, on proclamait les Droits des citoyens français.

1789 : Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Mais les esclaves ne sont pas considérés comme des sujets des Droits de l’Homme, même pour les Amis des Noirs.

En 1792, l’abolition de l’esclavage est proclamée à la suite de la révolte des esclaves à Saint-Domingue, et non parce que la Convention leur a accordé spontanément des droits. La Convention n’a fait que ratifier le décret pris par son représentant à Saint Domingue. L’esclavage a ensuite été rétabli par Napoléon en 1802.

Au XIXème siècle se développe un racisme scientiste c’est-à-dire à prétention scientifique qui succède au racisme des siècles précédents fondé, sur une base religieuse (la malédiction des Enfants de Cham). L’anthropologie pseudo-scientifique contribue à ce développement, avec l’instauration de mesures pour établir l’infériorité des Noirs. Cette anthropologie raciste deviendra le socle des théories raciales nazies.

La théorie du polygénisme, classant la race humaine en différentes espèces, est encore soutenue aujourd’hui, notamment par Lugan.

D’autres grands intellectuels du XIXème siècle s’inscrivent dans cette lignée :

- Renan : « Le Blanc est un guerrier, le Jaune est un travailleur, le Noir est un cultivateur ».

- Gobineau : « Essai sur l’inégalité des races humaines », théorie scientifique de l’inégalité des races.

Anténor Firmin : « De l’égalité des races humaines », 1885, en réponse au livre de Gobineau.

De 1885 à 1930, l’Afrique perd un tiers de sa population, par diverses exactions. « Voyage au Congo », d’André Gide, relate les relations qu’ont les Français avec le pays colonisé. Ce livre est censuré, car il raconte ces exactions. André Gide réagit contre la cruauté, mais il ne remet pas en cause la supériorité des Européens. Cette attitude philosophique perpétue les préjugés.

Au XXème siècle fleurit l’ethnologie. Des ouvrages comme ceux de Lévy-Bruhl : « La Mentalité primitive », ont instauré un racisme intellectuel et culturel.

LeirisL’Afrique fantôme ») et Griaule pillent les lieux de culte des Africains, en toute bonne conscience.

Après la 2ème guerre mondiale, avec les pseudo-indépendances, on hérite des préjugés.

De Gaulle : discours racistes. Il voulait la fin du Code de l’Indigénat, pour que les Africains soient admis à participer à leur propre gouvernement. Mais le Discours de Brazzaville reste un discours paternaliste. Il passe cependant pour un bienfaiteur de l’Afrique et de nombreuses rues sont nommées De Gaulle (Abidjan, Yaoundé…).

Chirac : L’Afrique ne peut pas avoir de partis politiques, mais uniquement des partis ethniques.

Le dernier discours en date reste le Discours de Dakar, prononcé par Sarkozy. Pour Sarkozy, il ne faut pas reconnaître collectivement la culpabilité de la France, mais dans le même temps, il dit que l’Afrique est collectivement responsable de son sort.

Hugues Martin (ancien maire de Bordeaux) a dit dans un reportage sur France 3 : « Nous ne sommes pas les héritiers des esclavagistes, donc nous ne pouvons pas demander pardon. Et de toute façon : à qui demander pardon ? Les Africains aussi ont vendu leurs frères ». Il considère donc les Africains d’aujourd’hui comme les héritiers des anciens esclavagistes, mais pas les Européens.

L’enseignement en Afrique est toujours dominé par l’édition française. L’intention est d’occulter certaines choses dans les programmes afin de perpétuer la domination d’une certaine idéologie.

« L’Afrique répond à Sarkozy » : livre de 23 auteurs pour répondre au Discours de Dakar et participer à l’effondrement de cette idéologie.

L’association Diverscités (Bordeaux) a déposé une plainte contre Sarkozy pour ce discours, avec comme motif, l’incitation à la haine et à la discrimination raciales. La plainte est non-recevable, du fait de l’immunité du Président.

Pierre H. Boulle « Les Africains, les Orientaux et l’esclavage en France au XVIIIe siècle » : livre sur les ventes d’esclaves dans les ports, notamment de Bordeaux.



Propos rassemblés par Aline Mandrilly (Survie Gironde)
texte relu par la conférencière, Odile Tobner
Voir le blog d'Aline : http://famafrika.over-blog.com

L'OR AFRICAIN. Compte-rendu Conférence Gilles Labarthe (22 janv 2008, Bordeaux)

Gilles Labarthe est venu à Bordeaux à l'invitation de l'Athénée Libertaire (Librairie du Muguet) et de Survie Gironde.

Il a donné deux conférences :

- Le lundi 21 janvier 2008, à 20h30, à l'Athénée Libertaire (7, rue du Muguet, Bordeaux)

- Le mardi 22 janvier 2008, à 16h00, à Sciences Po Bordeaux (Institut d'Etudes Politiques de Bordeaux, IEP Bordeaux).


Gilles Labarthe, ethnologue et journaliste suisse, a effectué plusieurs séjours en Afrique, notamment pour des enquêtes concernant la criminalité financière internationale. Cofondateur de l’agence de presse indépendante DATAS, il travaille aujourd’hui comme correspondant aux Nations unies.

Gilles Labarthe est l'auteur du récent ouvrage « L’or africain. Pillages, trafics & commerce international », Editions Agone (Marseille), 2007, 224 p, 12 euros.

Dans ce livre-enquête, il s’attache à dévoiler les dysfonctionnements chroniques et les aspects occultes de l’exploitation de l’or (à partir de l’exemple de Sadiola au Mali) pour les mettre en relation avec les caractères généraux et les enjeux de l’exploitation des ressources naturelles en Afrique. Un éclairage particulier y est porté sur le rôle des paradis fiscaux et des multinationales européennes et américaines dans ce qui s’apparente à un véritable pillage. L’ouvrage s’attache également à mettre en avant les mouvements de résistance qui, au Mali, dans le reste de l’Afrique et dans le monde, s’opposent à une exploitation incontrôlée des ressources de ce continent qui paye depuis trop longtemps le prix le plus fort de la mondialisation "libérale".

Il est également l’auteur de « Le Togo, de l’esclavage au libéralisme mafieux », Dossier noir n° 20, Editions Agone (Marseille), 2005, 206 p.

Conférence le mardi 22 janvier, 16h, Sciences Po Bordeaux

Le Mali est le 3ème producteur d’or d’Afrique. Mais plus le Mali produit, plus la population s’appauvrit. Il est donc nécessaire de s’interroger sur les personnes qui bénéficient de ce commerce, ainsi que le rôle de la France en Afrique.

L’Afrique produit ¼ de la production mondiale de l’or dans 34 pays (Afrique du Sud, Ghana, Mali, Tanzanie…). L’or africain devrait avoir encore plus d’importance dans les années à venir.

En 1945, avec la création du FMI, l’or sert d’étalon pour les monnaies. Le système a fonctionné jusque dans les années 70.

Comment la France s’est-elle intéressée au commerce de l’or ?

(Informations récoltées dans les documents de l’administration coloniale de l’Académie des Sciences d’Outre-mer).

La France va rapporter des chargements d’or africain. Le continent est colonisé par le commerce de l’or, premier minerai recherché. La Ruée vers l’or commence dès la fin du XIXè siècle. Les premières productions d’or viennent de Madagascar et du Soudan, là où la France occupe le territoire. La France utilise la technique de l’orpaillage.

La France a recours à l’orpaillage, sans grosse production industrielle. De Gaulle veut constituer des réserves d’or (jusqu’à 6000 tonnes) pour la Banque de France. Il y a donc une présence militaire en Afrique pour sécuriser les exploitations. De Gaulle réalise plusieurs voyages pour l’exploitation de l’or, pour le financement des Forces Françaises Libres.

La Grande-Bretagne est présente en Afrique du Sud et au Ghana, riches en or. En Afrique du Sud, les bénéfices des exploitations de diamants ont été réinjectés dans l’exploitation de l’or, pour développer une grosse production industrielle.

60% de l’or mondial a été produit par l’Afrique, sous le colonialisme et les régimes dictatoriaux. Aujourd’hui, il pourrait y avoir réclamation des revenus issus de ce pillage par l’Union Africaine.

Une nouvelle mine aurifère de grande envergure s’ouvre chaque année en Afrique.

L’or est une monnaie d’échange pour les contrebandiers. C’est un vecteur de blanchiment d’argent. Certains réseaux de contrebande ont fonctionné avec la complicité des services de renseignements français.

Ex : Contrôle de l’or par les milices armées (Est RDC). La majorité de l’or de la RDC est envoyé en contrebande en Ouganda, puis exporté en Belgique, en Suisse et en France pour la transformation (raffinage). En participant à ce circuit de l’or acheminé en contrebande, certaines firmes internationales financent donc indirectement les conflits de la RDC, puisque les bénéfices permettent aux rebelles de s’armer.

Les sociétés sont trop puissantes par rapport aux gouvernements africains, ces derniers ne peuvent donc pas négocier à leur avantage les contrats autour de l’exploitation des matières premières.

Les dirigeants des sociétés minières ont des liens étroits avec l’ONU. Il existe une proximité entre les milieux d’affaire, les milieux bancaires et l’ONU.

La Banque Mondiale et l’or :

- Les Politiques d’Ajustement Structurel encouragent la privatisation.

- Il y a une redéfinition des règles du code minier :

o Années 80 : 50% des bénéfices doivent aller au gouvernement

o Années 2000 : 20% des bénéfices doivent aller au gouvernement

- Elle est de plus en plus présente dans le commerce de l’or.

- Les retours sur investissement sont importants (122%).

- La BM veut accroître ses capitaux en Afrique pour l’extraction de l’or.

Conséquences :

- Ecologiques : l’activité extractive industrielle génère beaucoup de pollution, les gaz à effet de serre augmentent. Les minerais sont traitées au cyanure (Pour produire une bague en or, il faut traiter 30 tonnes d’or). Il y a risque d’énorme pollution, s’il n’y a pas de prise en charge écologique. Mais les firmes multinationales ne veulent pas se charger de cette dépollution.

- Humaines : Déplacements de population. Les zones contaminées ne peuvent plus être exploitées pour l’agriculture. Il y a une création de cités autour des zones d’extraction (développement MST, peu d’approvisionnement en nourriture, en soins…). De plus en plus de mercenaires viennent protéger la filière de l’or dans ces zones. Le trafic d’armes se développe.

- Géographiques : Il y a des conflits de frontières (Mali/Guinée, pour un site d’orpaillage).

Dans chaque situation de crise mondiale, le cours de l’or grimpe (Indochine, Irak…). Il augmente depuis septembre 2001. Il y a un accord du FMI pour que la majorité des réserves des banques centrales (plus de 30 000 tonnes) ne soient pas remises sur le marché, pour que le cours de l’or ne descende pas. S’il y avait une remise de tout l’or détenu dans les banques centrales et privées sur le marché, il y aurait assez d’or pour ne pas en produire pendant 35 ans. Le cours de l’or est donc artificiellement maintenu à la hausse. Les banques investissent pour l’extraction de l’or et se remboursent sur les bénéfices, selon un cercle vertueux, étant donné l’augmentation du cours de l’or.

Des relations entre les élites politiques et les élites financières existent, pour continuer à investir dans le commerce de l’or.

Ex : La famille Bush investit dans les firmes qui extraient l’or, et qui, en retour, financent la campagne présidentielle.

L’Afrique est donc limitée au rôle de productrice de matières premières, obligée de passer par des sociétés du Nord pour le raffinage de l’or, qui assure une plus-value. Trois sociétés en Afrique produisent les ¼ de la production mondiale de l’or : une entreprise canadienne, une états-unienne et une sud-africaine (avec l’argent dans les paradis fiscaux).

L’or est un produit explosif pour la stabilité des régimes. La majorité des employés qui travaillent dans les mines d’or ne sont pas des locaux, pour mieux contrôler les situations.

Le transport est un circuit complexe jusqu’à la vente en Europe, avec de nombreux intermédiaires (jusqu’à 15 parfois), dans plusieurs pays.

Ex : Sénégal, puis Mali, puis Genève.

C’est un domaine dans lequel il n’y a aucune transparence. Chaque intermédiaire va protéger son client. Il y a une entente tacite pour qu’il n’y ait pas de recherches dans ce domaine, et un blocage de l’accès aux informations.

Oxfam a fait des recherches sur l’or au Mali, Human Rights Watch sur l’or en RDC.

Le sous-sol africain est riche, mais les pays africains sont de plus en plus pauvres. Les gouvernements africains n’ont pas la possibilité de négocier les contrats en leur faveur. Mais il y a des pressions extérieures : les ONG et l’opinion publique peuvent faire pression sur le Parlement français pour demander une enquête sur l’implication de la France dans l’extraction de l’or en Afrique ou sur la filière de l’or en Guyane.

Il y a également une demande croissante de la part des clients des bijouteries de luxe, pour avoir un « or propre » (« or vert » de Colombie).

Quelles peuvent être les solutions possibles ?

- Certaines organisations de l’ONU (PNUD…) sont en désaccord avec les visions de développement de la Banque Mondiale.

- Relayer, au niveau local, national et international ce genre de problématique (demandes d’enquêtes au Parlement…), mais on se heurte à des intérêts privés.


Propos rassemblés par Aline Mandrilly (Survie Gironde)
texte relu par le conférencier, Gilles Labarthe
Voir le blog d'Aline : http://famafrika.over-blog.com

mercredi 11 juin 2008

Paris invite l’assassin présumé de Thomas Sankara


Paris invite l’assassin présumé de Thomas Sankara


Communiqué de Survie, le 11 juin 2008

Quelques jours après avoir reçu la Légion d'Honneur, le chef de la sécurité présidentielle du président burkinabé Blaise Compaoré a participé à Paris, aux frais du contribuable français, à un forum sur le thème « Stabilité et développement en Afrique. » Un exemple de plus, qu’en Françafrique, le coup d’Etat est synonyme de stabilité.

La 8ème session de l’Institut des hautes études de défense nationale sur le continent africain (FICA) s'est tenue à Paris, à l’Ecole militaire, du mercredi 30 mai au dimanche 8 juin. Soixante quinze auditeurs de la plupart des pays du continent africain ont participé à ces travaux sur le thème de « Stabilité et développement en Afrique : quelles synergies en matière de coopération ? ».
Parmi ces participants, on a noté la présence du colonel major burkinabé Gilbert Diendjéré, chef d'Etat-major du régiment de la sécurité présidentielle du président Blaise Compaoré, arrivé au pouvoir à la faveur de l’assassinat de Thomas Sankara, alors chef de l’Etat burkinabé.
Le Colonel major Gilbert Diendjéré était l’officier conduisant l'escadron qui a renversé le président Thomas Sankara dans un bain de sang l’après-midi du 15 octobre 1987.
Cela n'a pas empêché le directeur de la coopération militaire et de défense du ministère des Affaires étrangères et européennes, le général Emmanuel Beth, de l'élever au rang de chevalier de l'Ordre national de la légion d'honneur française, le 15 mai dernier.

Après la remise de la plus haute décoration française, l'invitation de Gilbert Diendjéré à Paris, aux frais du contribuable français, est à la fois un scandale et une provocation à l'égard de la veuve et des enfants de Thomas Sankara qui attendent toujours que l’on juge ses assassins. C'est une insulte à l'ensemble des Burkinabé qui, après avoir commémoré massivement, en 2007, les 20 ans de cet assassinat, maintiennent depuis des mois une forte mobilisation « contre la vie chère » mais aussi et surtout contre l'impunité dont jouissent les membres et proches d’un pouvoir, dont l'affaire Thomas Sankara demeure le crime fondateur.

Après l’admission scandaleuse du Burkina Faso de Blaise Compaoré à la Commission des droits de l’Homme de l’ONU, qui semble se satisfaire de minuscules progrès dans l’instruction du dossier judiciaire Sankara, ces honneurs faits à Gilbert Diendjéré constituent un déni de justice et une prime à l'impunité.

Survie déplore que la France privilégie en Afrique, encore et toujours, la stabilité par la force et l’impunité.

Contact presse : Olivier THIMONIER olivier.thimonier@survie-france.org Tél. : 01 44 61 03 25

jeudi 5 juin 2008

Vendredi 6 juin : Rencontre publique avec un syndicaliste du Burkina Faso

Bassolma Bazié est secrétaire confédéral adjoint de la Confédération générale du travail du Burkina (CGTB). Il est invité en France par l'Union syndicale Solidaires pour participer à son congrès fédéral du 3 au 5 juin. Il sera à Bordeaux pour une réunion d'information sur la situation sociale au Burkina, notamment le mouvement "contre la vie chère" qui a pris la forme de plusieurs marches-meetings et journées de grève générale depuis février 2008.

Vendredi 6 juin à 20 h Athénée municipal

Merci de faire circuler l'information

Pour CAURI
Pascal Bianchini

L'ASTI (Bordeaux) dénonce l'acharnement policier


Bordeaux le 03/06/2008

COMMUNIQUE DE PRESSE

L'A.S.T.I de Bordeaux dénonce l'acharnement policier à l'encontre d'un ressortissant Malien.

Aux alentours de 7 heures ce matin, deux policiers en civil ont frappé à la porte de son domicile. Bakary venant de passer un mois à la maison d'arrêt de Gradignan pour séjour irrégulier et ne voulant renouveler l'expérience, n'a fait ni une ni deux et a tenté de s'enfuir en sautant par la fenêtre. Heureusement il n'habite qu'au premier étage. Transporté aux urgences du tripode il se retrouve maintenant plâtré jusqu'au genou et immobilisé pour une période de 45 jours pour commencer.

Bakary était sur le point de déposer une demande de régularisation par le travail dans la foulée du mouvement parisien de sans papier.

En effet bien qu'il réside en France depuis 1999, travaille et déclare ses impôts et les acquitte, Bakary est pourchassé comme un grand délinquant…

Nous dénonçons cette course au chiffre en matière d'expulsions qui, ce matin aurait pu conduire au drame.

ASTI : 10 rue Causserouge 33800 BORDEAUX – Tél / Fax : 05 56 92 65 98 – CCP : 3535 10 U Bordeaux

Violences policières, ce mercredi soir à Montreuil...

MONTREUIL Mercredi soir,

Rappel des faits
Un sans papier arrêté vers 16h, rassemblement devant le commissariat, 19h charge violente des flics... flashball, lacrimos...des blessées, 8 arrestations... L'avocate du collectif des sans papiers, a été frappée et conduite à l'hôpital.
Dès 19h, beaucoup de monde devant le commissariat, nous étions environ 400 vers 20h. Tout le Conseil municipal au grand complet, écharpe bien en vue.... beaucoup de tension, des flics très tendus... quelques poubelles brulées au milieu de la rue... Et des slogans... "libérez nos camarades",... "flics partout" ... "justice nulle part"... Intervention de [Dominique] VOYNET [Maire (Verts) de Montreuil], des élus, de BRARD arrivé plus tardivement...
Quelques bousculades, des interventions de beaucoup pour éviter que tout dégénère... mais tous emplis de ce sentiment d'injustice qui frappe les sans papiers et leurs soutiens.
Vers 22h, charge de la BAC rapide et violente vers un groupe de jeunes. Ils arrêtent un jeune, le fils d'un copain militant associatif bien connu à Montreuil, qui filmait ce qui se passait ce soir.
Après négociation avec D. VOYNET, l'avocate de retour de l'hôpital a pu rentrer dans le commissariat pour rencontrer les garders à vue.
Résultat devant la forte mobilisation...
Vers 2h du mat....6 libérations mais tous accusés d'avoir participé à une manifestation armée (brandir des casseroles en tapant dessus est devenu par magie une arme!!!).

MAIS...
- 1 sans papier encore à l'hôpital,
- 2 sans papiers encore incarcérés et qui devraient passer au tribunal demain ou après-demain au plus tard... un est accusé de violence sur policier et l'autre de dégradation d'un véhicule banalisé des flics... Un des sans papiers porte des séquelles de coups portés par les flics...
- le fils du copain qui serait inculpé pour avoir lancé des projectiles sur les flics alors qu'il ne faisait que filmer...
Les flics semblent vouloir blinder les dossiers d'accusations.
A Montreuil, comme partout... ce gouvernement continue à montrer son visage antisocial et répressif...
MOBILISONS-NOUS pour que tous soient libérés, que les chefs d'inculpations soient retirées et que des mesures d'expulsions ne soient pas décidées pour les 3 sans papiers.
Nous vous tiendrons au courant des suites... il faut que tous les réseaux de soutien se mobilisent et fassent circuler les infos...
Et plus que jamais...Régularisation de tous les sans papiers...liberté de circulation, d'installation

Jeanne (Collectif des Sans-Papiers de Montreuil)

Sans Papiers : Ce jeudi 05 mai à 18h


Les Sans Papiers se sont mis en grève de la faim.

Ce jeudi 05 mai à 18h, manifestation de soutien devant le Centre de Rétention (Hôtel de Police de Bordeaux Mériadeck).

Arrêt Tramway A : Hôtel de Police


SURVIE GIRONDE est membre du CRSP (Comité pour la Régularisation de tous les Sans Papiers).

lundi 2 juin 2008

Ce mardi 03 juin à 21h - Projection-débat : L'OR AFRICAIN



Suite au succès de la projection-débat de ELF LA POMPE AFRIQUE, SURVIE GIRONDE et LE GARAGE MODERNE remettent le couvercle.

Nous vous proposons LE PRIX DE L'OR documentaire de Camille de Vitry (2006, 1h34, en dvd) toujours au Garage moderne ce mardi 03 juin à 21h.




synopsis

LE PRIX DE L'OR
Le Mali produit l'or le moins cher du monde…
à quel prix ?


Par millions de tonnes le minerai aurifère est traité au cyanure - et dégage vers l'Occident des millions de $ de bénéfices.

Sur place, restent les poussières et les boues toxiques, les nappes phréatiques infestées ;
les ouvriers sacrifiés à un apartheid silencieux ;
et la dette extérieure malienne, infinie...

Mais, face aux multinationales minières qui "mettent en valeur" le gigantesque gisement de Sadiola, les populations locales se mobilisent.
La société civile se coalise.
La Commune de Sadiola constate - et dénonce publiquement.

La Société d'Exploitation doit alors organiser un atelier de concertations.

Peu à peu, la situation s'améliore…
globalement.

Polar véridique,
documentaire scientifique
ou farce tragique ?

Camille de Vitry (http://www.leprixdelor.com)


LE GARAGE MODERNE
1, rue des Etrangers - 33 000 BORDEAUX
Tél : 05 56 51 91 33
Tramway B : arrêt Terminus Bassin à flots (3ème rue après le pont tournant)
http://www.legaragemoderne.org


Agrandir le plan

Mayotte, laboratoire du « droit du sang » : un projet sans fondements.


Communiqué de Survie, le 2 juin 2008

Le prétexte de l’immigration d’accouchement pour avoir des enfants français, utilisé par les autorités françaises pour remettre en question le droit du sol au profit du droit du sang dans l’obtention de la nationalité française, est battu en brèche par une étude de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

Cette étude sur l’accès aux soins à Mayotte, commandé par l’Agence française de développement (AFD), a porté incidemment sur les motifs des séjours à Mayotte des Comoriens des trois autres îles de l’archipel. Les vraies raisons de cette émigration seraient, selon un exposé fait à Mayotte par l’Inserm, le 20 février 2008 (1) :


motif de venue motif d'installation
économique 49,4 % 49,70%
familial 26,4 % 30,50%
avenir des enfants 2,4 % 8%
autres 2 % 8%
santé 8,8 % 3,80%
études 2,5 % 3,80%
politique 1,5 % 0,30%


On ne retrouve pas ici de ruée de femmes enceintes qui iraient à Mayotte pour y accoucher et ainsi obtenir la nationalité française pour leur enfant (2). Or, François Baroin affirmait au Figaro (du 17 septembre 2005), alors qu’il était ministre de l'Outre-mer, que « les mères viennent accoucher [à Mayotte] pour que leurs enfants obtiennent la nationalité française ». Il entendait appuyer le projet de proposition de loi du député de Mayotte d’alors, Mansour Kamardine, relative au renforcement des dispositions de lutte contre l'immigration clandestine à Mayotte (n° 2534, enregistré le 28 septembre 2005). Dans l’exposé des motifs de celle-ci, il est affirmé : « La situation est [...] alarmante et les chiffres sont édifiants : 80 % des accouchements à la maternité de Mamoudzou sont le fait de femmes étrangères en situation irrégulière ; sur la base des naissances enregistrées depuis, ce sont environ 50 000 naturalisations, par l'effet mécanique du droit du sol, qui interviendront dans les 15 prochaines années, soit un tiers de la population mahoraise actuelle ». Une proportion édifiante... si elle était vraie.

Cette motivation des immigrés est toujours mise en avant par le gouvernement actuel, pour faire de Mayotte le laboratoire du droit du sang. Cette orientation politique, qui touche aux fondements de notre République puisqu’il s’agit de l’attribution de la citoyenneté française, reposerait ainsi sur une justification erronée, voire mensongère. Il nous paraîtrait aberrant et désastreux que le législateur engage la France dans cette voie sur une telle erreur. Au minimum, il devrait étudier la question des raisons de l’immigration à Mayotte, et celle de la réalité ou non du phénomène de reconnaissance de paternité de complaisance.

Au-delà de l’intention, réelle ou prétendue, de modifier le mode d’obtention de la nationalité, rappelons les effets de l’annonce de ce chantier politique. Comme nous l’indiquions dans notre communiqué du 20 décembre 2005, Alerte à Mayotte :
« Les propos tenus en septembre 2005 par François Baroin, ministre de l'Outre-mer, suggérant qu'il fallait remettre en question le droit du sol au profit du droit du sang dans “certaines Collectivités Territoriales”, ont déclenché des défoulements haineux à Mayotte, où des leaders d'opinion appellent les Mahorais à la chasse contre leurs cousins comoriens, qu'ils hébergent ou qu'ils emploient à bon compte grâce au statut de "clandestins", en les désignant comme responsables de tous les maux qui les frappent, et ce dans une large indifférence médiatique.
Or, en droit international, ces "clandestins" ne franchissent aucune frontière. En effet, le 12 novembre 1975, l'archipel des Comores, composé de quatre îles (Ngazidja, Anjouan, Moheli, et Mayotte), était admis à l'ONU comme un État nouvellement indépendant. [...]
Les maisons de ces "clandestins" sont régulièrement incendiées avec la bénédiction de maires, du préfet et sous la protection de la gendarmerie. »

Le rattachement de Mayotte à la France est un facteur de déstabilisation de l’archipel des Comores, qui a subit de multiples coups d’Etat perpétrés ou appuyés par Bob Denard, ou d’autres, puis, à partir de 1997, a été marqué par une crise séparatiste sans précédent, dans laquelle les réseaux français ont joué un rôle majeur. Le colonel Bacar en a été l’un des derniers éléments. En mettant une île sous perfusion économique au milieu d’un archipel dévasté par les services secrets français, la France a fait naître un important flux migratoire qu’elle tente d’endiguer par tous les moyens.
Les déclarations sur le « droit du sang » ont joué comme un coup d’envoi pour cultiver la haine à Mayotte. Cette manipulation des pulsions violentes sur cette île ne grandit pas notre pays, mais sert des finalités politiques de Nicolas Sarkozy. Les expulsions depuis Mayotte dépassent les objectifs chiffrés du gouvernement, et surtout constituent plus de la moitié de ces objectifs au niveau national (plus de 13 000 expulsions de Mayotte sur 25 000 visées au total en 2007). Aujourd’hui, suite à la protection injustifiable que la France accorde au colonel Bacar, ex-dictateur d’Anjouan attendu par la justice comorienne pour répondre de ses crimes, la colère des Anjouanais résidant à Mayotte a porté la tension à son comble sur cette île. Il est temps que le gouvernement français sorte de la culture de la division, car il devra rendre des comptes sur les conséquences qui pourraient advenir.

(1) Données transmises par des membres de Médecin du monde.
(2) La dernière partie du documentaire « Un aller simple pour Maore », d’Agnès Fouilleux, illustre très bien le fonctionnement préfectoral pour empêcher l’obtention de la nationalité française.



Contact presse : Olivier THIMONIER olivier.thimonier@survie-france.org Tél. : 01 44 61 03 25

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