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dimanche 18 décembre 2011

Sosthène Munyemana mis en examen

Le Dr. Sosthène Munynemana a été mis en examen pour génocide et crime contre l'humanité, et placé sous contrôle judiciaire, le 16 Décembre 2011. Des soupçons pèsent sur son implication dans le génocide des Tutsi de 1994, au Rwanda.

M. Munyemana était alors médecin à Butare. Une plainte a été déposée contre lui en 1995, au parquet de Bordeaux. Le dossier a ensuite été transféré à Paris en 2001; Munyemana était fiché par Interpol depuis 2006, suite à l'émission d'un mandat d'arrêt international par les autorités de Kigali. Malgré ces soupçons, et le fait que M. Munyemana se soit vu refuser le droit d'asile en France en 2008, il a pu exercer sa fonction de médecin dans un hopital de Villeneuve-sur-Lot.

Le Collectif Girondin pour le Rwanda, excédé par la lenteur de la justice à traiter cette affaire, a eu le malheur de manifester devant ce même hopital le 30 Janvier 2010. M.Munyemana déposa alors une plainte contre l'association Cauri et trois manifestants pour atteinte à la présomption d'innocence. La justice française fut alors bien plus prompte à traiter cette affaire puisque le 8 Novembre dernier, elle condamna ces militants.

Si le Collectif Girondin pour le Rwanda a perdu cette bataille devant les tribunaux français, la mise en examen de M.Munyemana constitue une avancée dans sa lutte pour que lumière soit faite sur l'implication de cette personne, et d'autres personnes résidant en France, dans le génocide des Tutsi et Hutus modérés.

Lettre ouverte concernant la position de l’Etat français vis-à-vis du gouvernement gabonais

Monsieur le Ministre,

Le Gabon organise des élections législatives le 17 décembre 2011. Notre association, Survie, tient à vous alerter sur la situation qui prévaut à quelques jours de ces élections, concernant la préparation des élections et, plus largement, la situation sociale et politique.

Ali Bongo a été déclaré président suite à l’élection présidentielle de 2009, alors même que de nombreuses voix et observateurs internationaux ont souligné les fraudes massives du scrutin et l’absence de transparence des résultats. Depuis cette élection extrêmement contestée, la façon de gouverner d’Ali Bongo ne se différencie guère de la politique dictatoriale de son père. Les structures institutionnelles n’ont guère évolué et de l’Assemblée nationale au Sénat, en passant par la Cour constitutionnelle, le Conseil national de la communication et la Commission électorale autonome et permanente, le parti au pouvoir règne en maître absolu.

Depuis 2009 et plus particulièrement cette dernière année, de nombreuses personnalités de la société civile, de partis d’opposition et même du parti au pouvoir [1], dénoncent cette situation. Elles insistent, entre autres, sur le changement de constitution qui a arrogé de très nombreux pouvoirs au chef de l’Etat, et ne permet ni l’indépendance de la justice, ni le contrôle démocratique des forces militaires. Ces acteurs soulignent également le manque de transparence autour du processus électoral pour les élections législatives à venir.

Depuis sa création en février 2011, le mouvement « Ça suffit comme ça ! » qui regroupe de très nombreux acteurs des syndicats, d’ONG, des personnalités politiques ainsi que des membres des différentes confessions, réclame la démocratie et dénonce des institutions au service exclusif du clan Bongo et du pouvoir.

Ce mouvement appelle à boycotter ou refuser les élections législatives, reprochant l’absence certaine de transparence du processus électoral et l’absence de prise en compte de leurs revendications. La démocratie suppose, en effet, des institutions fortes qui reflètent la pluralité des acteurs de l’expression démocratique gabonaise. Les principaux partis d’opposition, le MESP de Mwang Mbanding, la majorité des cadres de l’UPG dont le leader Pierre Mamboundou vient de décéder, et les candidats de l’Union National – parti interdit et dirigé par Mba Obame – refusent de se prêter au jeu de ces élections.

Face à ces mouvements sociaux et politiques, Ali Bongo et son gouvernement refusent tout dialogue, font pression sur les individus et les partis d’opposition, n’hésitent pas à licencier des fonctionnaires, et utilisent la répression policière et militaire – comme ce fut le cas à Port-Gentil en septembre 2009, en contestation du résultat officiel des élections, où de nombreux morts ont été dénombrés [2].

Le gouvernement français avait légitimé l’élection d’Ali Bongo en août 2009 en reconnaissant le prétendu vainqueur. Le secrétaire d’Etat à la Coopération de l’époque, Alain Joyandet, avait repris le 15 octobre 2009 à Libreville l’affirmation selon laquelle « le déroulement du scrutin comportait certes quelques faiblesses, mais en tout état de cause, ça ne pouvait pas remettre en cause la validité dudit scrutin ». L’exécutif français poursuit depuis d’excellentes relations avec le gouvernement gabonais, comme l’illustrent diverses visites d’Ali Bongo à l’Elysée ou du Président de la République et du Premier Ministre français au Gabon. Ces relations sont de plus marquées par les très lourds soupçons de financement occulte alimentés par les déclarations récentes de Messieurs Bourgi, Bonnecorse et Jocktane, par les pressions politiques sur l’affaire judiciaire des Biens Mal Acquis, ou encore par le refus injustifiable de laisser entrer sur le territoire français un militant d’ATTAC Gabon pourtant détenteur d’un visa, juste au moment d’une tournée en Europe d’Ali Bongo, fin octobre. Il faut dire que le gouvernement français actuel ne cache pas l’importance stratégique de sa relation avec le Gabon, notamment sur le plan militaire, puisque le pays est le « premier point d’ancrage de nos forces pré-positionnées sur la façade atlantique du continent », comme l’indique sans ambages le site internet du Ministère des Affaires Étrangères.

A l’heure où les révolutions en Tunisie, en Egypte ou en Syrie montrent qu’il n’est plus possible de soutenir des dictateurs contre leur peuple, et où votre gouvernement dit s’engager pour la démocratie, les droits humains et la transparence des élections comme gage de démocratie, nous vous demandons d’être cohérent entre vos déclarations et vos actes, et de cesser de bafouer ces principes lorsqu’il s’agit des pays issus des anciennes colonies françaises d’Afrique.

Monsieur le Ministre, vous devez opérer un réel changement dans votre politique vis-à-vis du Gabon. La France ne doit pas freiner les changements politiques en cours chez ses alliés, au moment où des peuples essaient de conquérir leur démocratie.

Nous invitons la diplomatie française à cesser de cautionner le régime actuellement en place au Gabon, notamment en cessant de valoriser son rôle au niveau international ou aux Nations Unies, et à interpeller Ali Bongo et son gouvernement sur la situation de la démocratie au Gabon. Nous vous demandons notamment de faire savoir votre préoccupation concernant la tenue d’élections législatives préparées sans transparence et sans respect des engagements pourtant pris par l’Etat lui-même vis-à-vis des diverses composantes politiques et de la société civile en mai 2011.

Il nous semble primordial que la diplomatie française, qui se dit sensible aux aspirations des peuples, prenne publiquement ses distances avec Ali Bongo tant que n’auront pas été organisées des élections reconnues comme libres et transparentes par les diverses composantes sociales et politiques gabonaises, dont, notamment, le mouvement « Ca suffit comme ça ! ».

Veuillez croire, Monsieur le Ministre, en l’expression de notre considération.

L’association Survie

[1] C’est le cas des député Paulette Oyane Ondo et Jean Christophe Owono, suspendus du parti présidentiel suite à ces prises de position.

[2] Trois morts, selon le parti au pouvoir ; 22 selon le journal « L’Union », réputé proche du pouvoir ; 57 selon l’opposition.

L'édito de Billets d'Afrique et d'ailleurs (13 décembre 2011)

Retrouvez ici chaque mois l'édito du mensuel publié par SURVIE :
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Deux grandes dames


« Les gens admirables en qui le système se personnifie sont bien connus pour n’être pas ce qu’ils sont ; ils sont devenus grands en descendant au-dessous de la réalité de la moindre vie individuelle. »
Guy Debord La société du spectacle.
Deux grandes dames, une même sensibilité aux douleurs de ce triste monde : c’est ce que révèle la photo de l’accueil de Danielle Mitterrand par Chantal Biya, le 1er avril 2008, dans le salon oriental du Palais de la présidence du Cameroun, un mois après que la répression de manifestations d’opposition eût fait 150 morts dans les villes camerounaises. Pendant qu’on jugeait en masse les fauteurs de désordre, la fête ne fut pas troublée.

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Danielle Mitterrand par Chantal Biya, le 1er avril 2008 au Palais de la présidence du Cameroun
C’est au titre de sa fondation France-Libertés que Danielle Mitterrand est alors au Cameroun, celle-ci soutenant, paraît-il, la création à Douala d’une école d’ingénieurs par un cadre d’Alcatel. Surtout, son combat pour l’accès à l’eau imposait sans doute un passage par le palais de Biya, voie d’accès traditionnelle à toutes sortes de liquide pour nos politiciens français.
Comme c’est commode ces fondations de premières dames, d’anciens présidents et autres notabilités. A quoi servent-elles ? Le rapport de France-Libertés pour 2010 tient en six petites pages, photos incluses, pour un budget de 1 193 365 euros. Mais foin de ces préoccupations bassement matérielles puisque, comme chacun sait, ces fondations ne poursuivent qu’un but : le bien. La Fondation Chantal Biya se consacre à la lutte contre le sida, quand France Libertés « défend activement les Droits de l’homme ». Les médias ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, tous saluant d’une seule voix l’intransigeante vertu de la grande conscience socialiste, l’intrépide rebelle qui, faisant fi des périls, défendait avec un courage inouï la cause du peuple tibétain et celle des Indiens du Chiapas.

Aux méchants, qui l’accusent d’avoir méprisé les exigences de la realpolitik, nous opposons le démenti le plus ferme, et nous ajoutons le plus méprisant : on ne l’a jamais vue au côté des opposants aux terribles dictatures installées depuis des décennies en Afrique subsaharienne – demander la libération de Mandela après que tout le show bizness anglosaxon se fut rallié à la cause anti-apartheid était bien le moins de la part de notre première dame. Elle n’est pas allée jusqu’à exiger la vérité sur l’assassinat, le 29 mars 1988, de Dulcie September, représentante de l’ANC à Paris. On ne l’a jamais surprise à soutenir le peuple ogoni dans sa lutte contre les compagnies pétrolières qui ravagent le delta du Niger, ni à se faire photographier aux côtés de leur leader Ken Saro Wiwa ; on ne l’a jamais entendue s’élever contre le pillage du Niger par Areva et l’empoisonnement des enfants touaregs par les déchets de l’uranium, jamais elle ne se hasarda à « défendre activement les droits » des hommes qui ont le mauvais goût de vivre et de mourir dans les zones où la France a planté ses griffes. Demandez donc aux rescapés du génocide des Tutsi en 1994 ce qu’ils pensent de notre rebelle nationale.

Bien loin de placer parfois son mari « dans des positions diplomatiques délicates », comme d’aucuns le prétendent, elle constituait au contraire un élément clé de sa diplomatie. Pendant que Mitterrand père et fils soutiennent le régime génocidaire du Rwanda, France libertés fait diversion en « dénonçant le sort tragique des populations kurdes ».
N’est-ce pas au fond ce rôle-là surtout que partagent nos grandes dames ? Quand ces messieurs repeignent l’Afrique en rouge sang, ces dames arpentent le trottoir des bons sentiments où elles exhibent leur gros coeur dans de nobles causes photogéniques et inoffensives.

Voilà pourquoi, faisant fi des censeurs, il faut oser affirmer qu’en ce 1er avril 2008, sur le canapé rouge du salon oriental de Mme Biya, Danielle Mitterrand était bien à sa place : l’ex-première dame de la Françafrique passant le flambeau à son émule.

Odile Tobner

lundi 12 décembre 2011

Survie est l’une des rares associations françaises engagées contre le néocolonialisme en Afrique. Soutenons-la!

A rebours de toutes les déclarations qui voudraient faire passer la Françafrique pour de la vieille histoire, les évènements de 2011 ont hélas à nouveau prouvé combien notre combat est nécessaire : l’aide proposée par Michèle Alliot-Marie au dictateur Ben Ali en Tunisie, l’impérialisme militaire français décomplexé en Côte d’Ivoire, les "révélations" de Bourgi sur les mallettes d’argent africain qui inondent la vie politique française, le scandale de l’élection présidentielle camerounaise labellisée "acceptable" par la diplomatie française, etc... Plus que jamais, nous avons besoin du poids politique et des moyens financiers que nous offrent vos dons et adhésions pour faire avancer le combat contre la Françafrique ! Luttez contre la Françafrique, soutenez Survie !


Des défis importants en 2012

En 2011, Survie a poursuivi sans relâche son travail d’information, d’interpellation, de mobilisation et de recherche, pour exiger une réforme de la politique française en Afrique et porter un discours critique indispensable sur l’actualité (Côte d’Ivoire, Cameroun, etc.) grâce à l’action de ses groupes locauxet à travers ses multiples partenariats. Ce travail s’est accompagné d’une réflexion sur le fonctionnement interne de l’association, pour garantir et renforcer son efficacité et sa démocratie. Plusieurs défis et événements importants nous attendent en 2012, dans un contexte électoral qui implique une forte mobilisation de notre association pour peser dans les décisions et les débats publics. Les chantiers et activités prévues pour l’année qui s’annonce s’inscrivent dans les priorités définies lors de la dernière Assemblée Générale : renouveler et renforcer notre recherche sur la Françafrique (avec la création envisagée d’un poste salarié spécifique pour l’animation du travail de recherche), renforcer la mobilisation et l’adhésion des citoyens à notre combat (grâce à une campagne de mobilisation et d’interpellation des citoyens et décideurs politiques pour exiger la fin du soutien aux dictatures), développer nos partenariats. La publication en février d’un Dossier noir sur Areva en Afrique et sa promotion grâce à la mobilisation de nos 25 groupes locaux, sera un autre temps fort de cette année à venir. Deux autres Dossiers Noirs sont également programmés dans les prochains mois.

Des besoins financiers pour mener à bien ces projets


Sur un plan financier, notre situation est toujours précaire. L’association dépend pour l’essentiel des contributions de ses adhérent-e-s et de ses donateur-rice-s, garantes de son indépendance et de sa liberté de ton (les aides sur les contrats salariés, seul argent public que nous recevons, sont par ailleurs en forte baisse). Il est un poste de dépense que nous ne pouvons diminuer, tant il est important pour la réussite de nos activités : l’équipe salariée. Déjà réduite à trois personnes au lieu de cinq en janvier 2011, l’équipe fait face depuis plusieurs mois à une importante surcharge de travail. Au vu des activités prévues en 2012, il est capital de la renforcer pour qu’elle continue d’assumer son rôle d’animation et de coordination, aux côtés et au service des 1700 adhérent-e-s et des centaines de militant-e-s actif-ve-s de l’association qui font de Survie une association dont le volume d’activités militantes est considérable si on le rapporte à ses moyens. Ces moyens, il faut assurer leur pérennité. C’est la raison pour laquelle nous profitons de cette fin d’année pour vous inviter à soutenir Survie et vous rappeler les dispositions fiscales liées aux dons.


Luttez contre la Françafrique ! Soutenez Survie !

Nous vous invitons donc, dans la mesure du possible, à effectuer un don qui vous permettra d’une part d’atteindre la contribution que vous voulez effectivement apporter à Survie, et d’autre part de renforcer les finances de l’association et lui permettre de poursuivre ses combats en 2012. Grâce à vos dons et à vos adhésions, la portée du message de Survie et l’impact de ses revendications seront renforcés dans le contexte de la présidentielle française. En plus de pérenniser les finances de l’association, votre contribution et/ou votre adhésion augmentera considérablement notre poids politique en 2012. Faites adhérer des personnes autour de vous sensibles aux idées de Survie, et aidez nous ainsi à atteindre notre objectif : + de 2000 adhérent-e-s pour lutter contre la Françafrique !


vendredi 9 décembre 2011

Le 6 Décembre 1961 mourrait Frantz Fanon

Le 6 décembre 1961, Frantz Fanon décédait à Paris. Cinquante ans plus tard, son oeuvre reste vivante, et d'un intérêt certain... particulièrement en-dehors de la France. En effet, il s'avère que de nombreux universitaires étrangers s'intéressent à ses écrits, alors que les classes bien pensantes françaises ont suivi le mouvement donné par la classe politique: "Fanon? Connaît pas." Ainsi, son dernier ouvrage, "Les damnés de la terre", fut-il censuré à sa sortie, en 1961. Un ouvrage dans lequel Fanon avait jeté ses dernières forces afin de laisser en lègue un sentiment de révolte et d'indignation face à l'oppression subies par les pays et les classes pauvres, et faisant une analyse détaillée du rapport dominants-dominés.

Fanon était un psychiatre d'origine martiniquaise. Après avoir étudié à Lyon, il se rend en Algérie en 1953, travaillant dans une division de l'hôpital psychiatrique de Blida. De son expérience lyonnaise, il vivra le racisme dans sa chaire, et ne cessera de lutter, par la suite, contre toute forme de mépris et de discrimination. Il n'hésitera donc pas à s'engager aux côtés de la résistance nationale, ne supportant pas le colonialisme. En tant que psychiatre, il expliquera dans "Peau noire, masques blancs", d'une façon remarquable l'impact que la colonisation a pu avoir sur le inconscient du dominant, et sur celui du dominé; il expliquera comment des années d'asservissement réussissent à dépecer un homme de ses repères, de ses valeurs, comment une image négative de l'"indigène" est construite et persiste dans le culture du dominant.


Mais si l'on a voulu trop souvent représenté Fanon comme une personne belliqueuse, défendant uniquement l'Homme noir, Frantz Fanon reste à jamais, un homme révolté, empli de convictions et de forces. Dans la conclusion de Peaux noirs, masques blancs, il dira:
"Si à un moment la question s'est posée pour moi d'être effectivement solidaire d'un passé déterminé, c'est dans la mesure où je me suis engagé à combattre de toute mon existence, de toute ma force, pour que plus jamais il n'y ait sur la terre, de peuples asservis. [...] En tant qu'homme, je m'engage à affronter le risque de l'anéantissement pour que deux ou trois vérités jettent sur le monde leur essentielle clarté. [...] Chaque fois qu’un homme a fait triompher la dignité de l’esprit, chaque fois qu’un homme a dit non à une tentative d’asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte"

lundi 28 novembre 2011

Omar Bongo aurait contribué au financement de la campagne présidentielle de 2007 de Sarkozy

Dans une interview au JDD du 11 septembre 2011, Robert Bourgi dévoilait la teneur des propos qu’il avait confiés à l’écrivain Pierre Péan pour son livre « La République des Mallettes », qui devait sortir trois jours plus tard.

On pouvait y lire :
"Pendant trente ans, Jacques Foccart a été en charge, entre autres choses, des transferts de fonds entre les chefs d’État africains et Jacques Chirac. Moi-même, j’ai participé à plusieurs remises de mallettes à Jacques Chirac, en personne, à la mairie de Paris. [...]
À l’approche de la campagne présidentielle de 2002, Villepin m’a carrément demandé "la marche à suivre". Il s’est même inquiété. C’est sa nature d’être méfiant. Je devais me présenter à l’Élysée sous le nom de "M. Chambertin", une de ses trouvailles. Pas question de laisser de traces de mon nom. Par mon intermédiaire, et dans son bureau, cinq chefs d’État africains - Abdoulaye Wade (Sénégal), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Laurent Gbagbo (Côte d'Ivoire), Denis Sassou Nguesso(Congo-Brazzaville) et, bien sûr, Omar Bongo (Gabon) - ont versé environ 10 millions de dollars pour cette campagne de 2002. [...]

Alain Juppé a pris la tête du Club 89, un cercle de réflexion de chiraquiens qui s’est installé dans de superbes locaux de l’avenue Montaigne. C’est moi qui ai signé le bail du loyer, qui était de 50.000 francs mensuels, une somme pour l’époque. D’ailleurs, le téléphone du 45, avenue Montaigne était à mon nom! L’argent d’Omar Bongo a payé le loyer pendant des années, entre 1981 et 1992. Les espèces du président gabonais ont fait vivre les permanents pendant des années… Le secrétaire général du Club 89, Alain Juppé, ne pouvait pas l’ignorer."

Pourtant...
Le dossier vient d'être classé sans suite par le parquet de Paris au motif que "Les allégations de Robert Bourgi ne peuvent être confortées par un quelconque élément de preuve susceptible de motiver des investigations".

 Malgré le fait que des témoignages existent, comme celui de Mamadou Koulibaly, ancien numéro deux du régime du président déchu Laurent Gbagbo et actuel Président de l’Assemblée Nationale ivoirienne :
"Robert Bourgi a parfaitement raison il y a eu un transfert d’argent entre Laurent Gbagbo et Jacques Chirac, en 2002".

Mais l'histoire ne semble pas s'arrêter aux "révélations" de Bourgi.

Dans  le livre qui vient de paraitre, Le Scandale des biens mal acquis (La Découverte), les journalistes Xavier Harel et Thomas Hofnung apportent le témoignage de Mike Jocktane, ancien conseiller personnel du président Omar Bongo. Promu en 2009 directeur adjoint du cabinet du chef de l’Etat, Mike Jocktane confirme les révélations de Robert Bourgi sur le transfert d’argent du Gabon vers l’ancien président Jacques Chirac et Dominique de Villepin ou encore Jean-Marie Le Pen. Et va plus loin.

Selon lui, Omar Bongo "a  contribué au financement de la campagne présidentielle de 2007 du candidat Nicolas Sarkozy" (le Canard Enchaîné, 23 novembre 2011).

Mike Jocktane affirme, contrairement à Robert Bourgi, que les mallettes ont continué de circuler avant et après l’élection de Nicolas Sarkozy.
Et Omar Bongo aurait tout filmé.

« Les remises de mallettes effectuées dans le bureau du président étaient filmées par des caméras cachées. Tout était enregistré sur vidéo. Certains habitués ne doivent pas dormir tranquilles en ce moment… Ces vidéos constituent, à n’en point douter, l’un des moyens de pression de Libreville sur Paris. » 

Entre autres pressions, celle de reconnaitre "le coup d'état électoral" qui a permis au fils d'Omar, Ali Bongo, de poursuivre le règne familial:
"L’empressement avec lequel la France a reconnu l’élection frauduleuse d’Ali Bongo en 2009 s’explique par les mallettes distribuées. [...]
Il est clair que certains dirigeants français craignaient [en cas de défaite d’Ali Bongo] que des secrets ne soient révélés au grand jour »

Un extrait du livre est disponible sur www.marianne2.fr

A voir : une interview de Thomas Hofnung, co-auteur du livre, sur France 24, et une vidéo sympa sur le sujet par Stéphane blakowski.

Et pour rappel, un article publié par Survie en septembre 2009, après l'arrivée au pouvoir d'Ali Bongo.

vendredi 25 novembre 2011

L’alibi féminin du colonialisme

par Youssef Girard
vendredi 11 novembre 2011


    Suite aux élections à l’Assemblée constituante tunisienne, le ministre des affaires étrangères français, Alain Juppé, déclarait à propos de la Tunisie nouvelle : « La France va rester vigilante. La France va dire : attention, il y a une ligne rouge qu’il ne faut pas franchir et pour nous la ligne rouge ce sont un certain nombre de valeurs et de principes démocratiques comme l’alternance démocratique, les droits de l’homme ou encore l’égalité homme-femme. Nous allons être très vigilants et nous avons les moyens d’exprimer cette vigilance (…) Nous allons mettre en place une aide (…) c’est dans notre intérêt. Cette aide, nous l’apporterons dans la mesure où la ligne rouge ne sera pas franchie » .
    Cette déclaration d’une arrogance néocoloniale sans nom mériterait un long commentaire. Pour qui se prend Alain Juppé pour donner des leçons à un peuple libre ayant renversé une dictature soutenue activement par les gouvernements français successifs ? Pour qui se prend-il pour tracer des « lignes rouges » au futur gouvernement tunisien démocratiquement élu ? Alain Juppé n’aurait-il pas compris que nous ne sommes plus en 1881 et qu’il n’est pas Jules Ferry ? Aurait-il oublié que la Tunisie n’est plus une colonie française depuis 1956 ?
    Alain Juppé était bien moins regardant sur le respect des « droits de l’homme » lorsqu’il était ministre des affaires étrangères, entre 1993 et 1995, au moment du génocide des Tutsis du Rwanda alors que le gouvernement français appuyait les génocidaires. Partant de là, il est vrai que les nouvelles autorités tunisiennes n’auront pas ce certificat de «  démocratie occidentale » que représente le fait d’être mêlé, de près ou de loin, à un génocide.
    Nous ne nous arrêterons pas d’avantage sur la morgue néocoloniale du ministre des affaires étrangères français. Nous reviendrons uniquement sur l’utilisation de l’alibi féminin exploité par Alain Juppé afin de justifier la politique coloniale française dans le monde arabo-musulman. Cet argument a des racines lointaines dans la politique de l’Occident impérialiste et il est profondément hypocrite lorsque l’on analyse les résultats des dernières élections tunisiennes.
    L’un des premiers responsables politiques occidentaux à avoir utilisé l’alibi féminin pour promouvoir la politique coloniale de son pays n’est autre que Lord Cromer, représentant du trône britannique en Egypte de 1883 à 1907. Lord Cromer s’attacha à mettre en exergue la question du voile pour en faire le symbole du mépris dans lequel les sociétés musulmanes tenaient les femmes. Il se présentait lui-même comme le défenseur des femmes « orientales » opprimées. Dans le même temps, en Grande-Bretagne, Lord Cromer était membre d’une société luttant contre les mouvements féministes qui se battaient pour l’amélioration de la condition des femmes britanniques .
    Durant la Révolution algérienne, les autorités françaises développèrent le même type de politique pour lutter contre le FLN. Les autorités coloniales organisèrent des cérémonies de dévoilement de femmes aux cris de « vive l’Algérie française ». L’alibi féminin devait servir la politique coloniale de la France et les femmes étaient perçues par les stratèges de la colonisation comme l’un des moyens les plus efficaces pour conquérir durablement la société algérienne. Cette cérémonie s’inscrivait dans la continuité d’une politique plus ancienne visant à la « destruction de l’originalité du peuple », à sa dépersonnalisation, par l’occidentalisation systématique de la femme algérienne, prélude à l’acculturation complète de l’Algérie. Pour les autorités françaises, il s’agissait de poursuivre leur « classique campagne d’occidentalisation de la femme algérienne » .
    Cette utilisation de l’alibi féminin exploité afin de justifier la politique coloniale de l’Occident est profondément hypocrite lorsque l’on analyse précisément les résultats des élections à l’Assemblée constituante tunisienne. Incriminé par Alain Juppé, le mouvement Ennahdha est sorti largement en tête des dernières élections avec 90 sièges sur les 217 à pourvoir au sein de la nouvelle assemblée - soit un total 41,47%.
    Cette nouvelle assemblée compte 49 femmes sur 217 élus ce qui représente une part féminine de 22,58%. Actuellement, en France, le parlement compte seulement 18,54 % d’élues. Cette faible proportion d’élues place la France au 18ème rang des 27 Etats de l’Union européenne pour le pourcentage de femmes siégeant dans les parlements nationaux.
    De plus, sur les 49 femmes élues à l’Assemblée constituante tunisienne, 42 ont été élues sur les listes du mouvement Ennahdha attaqué par le ministre des affaires étrangères français. Cela signifie que 85,71% des femmes élues dans cette assemblée ont été élues sur les listes d’Ennahdha. Ces chiffres révélateurs remettent en question bien des préjugés savamment entretenus par l’Occident impérialiste et ses relais occidentalophiles « locaux » sur la question féminine dans le monde arabo-musulman.
    Avec 42 femmes sur un total de 90 élus, le mouvement Ennahdha arrive presque à respecter la parité puisque ses élus sont à 46,66% des femmes. Avec un tel pourcentage, Ennahdha se placerait au niveau de la Suède c’est-à-dire au premier rang des Etats de l’Union européenne - étalon «  universel » faisant autorité concernant le respect des droits de la femme ! - pour ce qui relève du pourcentage de femmes siégeant au parlement. Ainsi, Ennahdha se classerait très loin devant la France en matière de participation des femmes à la vie politique. Charité bien ordonnée commençant par soi-même, Alain Juppé ferait bien de s’occuper de son pays avant de donner des leçons de respect des droits de la femme aux Tunisiens et au mouvement Ennahdha.
    En réalité, les propos d’Alain Juppé s’inscrivent dans le cadre de la «  classique campagne d’occidentalisation de la femme » arabo-musulmane menée par la France coloniale depuis plus d’un siècle. Dans ce cadre, il ne s’agit nullement, pour les autorités coloniales françaises, de défendre les droits de la femme mais uniquement de dominer les sociétés arabo-musulmanes en utilisant l’alibi féminin afin de servir les intérêts impériaux de la France. Ici, la question féminine n’est qu’une diversion servant à défendre une vieille politique colonialiste.
    Youssef Girard

    2/Partisan actif de l’expansion coloniale française, Jules Ferry poussa à la colonisation de la Tunisie en 1881.
    3/Cf. Al-Sadda Hoda, « Le discours arabe sur l’émancipation féminine au 20e siècle », www.cairn.info/revue-vingtie....
    4/Fanon Frantz, « L’Algérie se dévoile », L’an V de la révolution algérienne, Paris, La Découverte, 2011, pages 17-46
    http://www.assala-dz.net/ar/index.p...

    jeudi 17 novembre 2011

    Mercredi 23 Novembre : Témoignage d'un rescapé du génocide au Rwanda

    Dans le cadre de son combat pour la reconnaissance du génocide des Tutsi du Rwanda, contre le négationnisme qui lui est associé, et pour la mémoire du million d'innocents lâchement abandonnés à leur mort atroce en 1994,

    l'association Cauri a le plaisir et l'honneur de vous convier à venir écouter
    le témoignage d'Eric Nzabihimana, rescapé du génocide,
    le mercredi 23 novembre, de 18h00 à 20h00 au Tchai Bar, 49 rue du Mirail à Bordeaux

    Eric est un rescapé de Bisesero. Cette colline de l'ouest du Rwanda, haut-lieu de résistance aux massacres anti-tutsi qui se sont succédé depuis 1959, a vu sa population résister héroïquement pendant les 3 mois du génocide. Le bilan est terrible: moins d'un millier de rescapés sur un groupe d'environ 50 000 au départ.
    Il rencontra les éléments avancés de l'armée française pénétrant au Rwanda, fin juin (opération turquoise), alors que le génocide était quasiment consommé, et fut témoin de leur inaction, pendant 3 jours, pour protéger les rescapés encore en vie à Bisesero. Cet épisode polémique est relaté par Patrick de St Exupéry dans son ouvrage: "L'inavouable, la France au Rwanda", ainsi que dans le livre "La France au cœur du génocide des Tutsi" (chapitre: Les français complices du génocide à Bisesero), de Jacques Morel, qui sera également présent mercredi.

    mercredi 16 novembre 2011

    L'édito de Billets d'Afrique et d'ailleurs (7 novembre 2011)

     Retrouvez ici chaque mois l'édito du mensuel publié par SURVIE :
    Billets d'Afrique et d'ailleurs.
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    La guerre de Monsieur Juppé

    Notre Jdanov national, Alain Juppé, vient de nous gratifier d’un grand moment de propagande à la tribune de l’Assemblée nationale. Interrogé le 11 octobre par le député Serge Janquin sur l’implication de la France dans le soutien au dictateur camerounais Biya, qui s’est fait reconduire au pouvoir pour la sixième fois dans la parodie d’élection du 9 octobre, Juppé a répondu : «  Ce que je peux vous dire, c’est que, selon l’Organisation internationale de la francophonie et le Commonwealth qui ont suivi le déroulement de ces élections, on peut considérer aujourd’hui qu’elles ont eu lieu dans des conditions acceptables. »


    Relevons le fait qu’il éprouve le besoin de s’abriter derrière l’OIF, caution docile de toutes les élections truquées en Afrique francophone, dont le degré de crédibilité est égal à zéro. Du reste, même elle s’est contentée jusqu’à présent de déclarer que l’élection s’était déroulée dans le calme, ce qui est bien le moins, étant donné le déploiement de force et l’intimidation qui l’ont accompagnée. Notons le mensonge qui consiste à faire croire à une quelconque unité de vues entre l’OIF et les observateurs du Commonwealth qui, malgré leur complaisance, ont évité le ridicule d’une quelconque bénédiction.
    Au contraire, leur communiqué du 12 octobre émet de sérieuses réserves sur Elécam, l’organisme chargé de veiller au bon déroulement du vote, jugé peu crédible, et souligne l’abus des moyens de l’État par le parti au pouvoir, le peu de fiabilité de la liste électorale, l’importance de l’abstention. Toutes remarques évidentes pour les observateurs les plus superficiels. Cependant Juppé prétend devant les députés que «  le taux de participation n’est pas encore connu  ». Soit le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères manque d’informations, soit il veut les dissimuler dans l’attente du mensonge officiel, qui n’a pas tardé : en déclarant un taux de participation de 65 %, la cour suprême du Cameroun a en effet inversé la réalité.
    Mais foin des subtilités, ne retenons que le mot « acceptable », qui dit tout de la propagande . Juppé proclame qu’on doit accepter tous les abus patents du pouvoir camerounais, ses trucages grossiers, ses détournements des fonds publics, ses atteintes aux droits des citoyens. Pis, il s’engage personnellement dans la cause du dictateur en enchaînant avec ces mots stupéfiants : « Nous appelons donc la population et la presse camerounaises, ainsi que tous les acteurs politiques du pays, à faire preuve, jusqu’au 24 octobre, date de proclamation des résultats, et au-delà, de modération et d’éviter tout recours à la violence pour faire valoir leurs vues ».
    Monsieur Juppé se permet de suspendre la liberté d’expression au Cameroun et d’interdire aux Camerounais tout mouvement de défense de leurs intérêts bafoués. Ils doivent « accepter » de courber l’échine puisque Monsieur Juppé en a décidé ainsi. Cette injonction est sans doute une menace d’intervention pour écraser les contestataires. Mais elle est surtout un aveu de mensonge. Qu’a-t-on en effet à craindre si le vote a été vraiment « acceptable » ?
    Suivant la logique toute particulière de la propagande, Juppé s’enorgueillit ensuite d’avoir servi la démocratie en Côte d’Ivoire en noyant dans le sang un contentieux électoral qu’un peu de modération aurait sans doute permis de résoudre en évitant les déchaînements de violence qu’on a vus. Pas de quartier pour ceux qui contestent le choix de Paris au lieu de l’accepter sans discuter. Le même Juppé est allé en Libye exalter la bienheureuse violence qui a permis à la France de « faire valoir ses vues » sur l’idée qu’elle se fait du bonheur des Libyens, y compris par le recours à la pire des barbaries, « acceptable » sans doute elle aussi, en tout cas acceptée avec enthousiasme par les grands défenseurs des droits de l’homme.
    À la guerre comme à la guerre !

    Odile Tobner

    mardi 15 novembre 2011

    Semaine de la Solidarité Internationale

    Comme chaque année, la semaine de la solidarité internationale aura lieu en Novembre.
    Survie Gironde participera à nouveau à cet évènement à travers deux dates:

    • le 15 Novembre à 17h30 aura lieu une table ronde sur le thème "Les migrants, citoyens du monde. Au-delà de la solidarité internationale". Cette table ronde se tiendra au conseil général de Gironde (Immeuble Gironde - Amphithéâtre Badinter).
    • le 19 Novembre, de 10h à 17h, se tiendra un village associatif sur la place de la Victoire. Plusieurs animations auront lieu, avec en toîle de fond:
      • les biens publics
      • le respect de l'environnement
      • l'accès à la terre
      • les enjeux alimentaires
      • les droits universels de l'homme.

    lundi 14 novembre 2011

    Dans les coulisses de la crise ivoirienne

    Jeudi 8 Décembre :
    - de 16h à 18h à Sciences Po Bordeaux, salle Bastiat
                                              ET
    - à 20h à l'Athénée Municipal (place St-Christoly à Bordeaux) Salle 46

    Survie Gironde invite David Mauger, membre du CA de SURVIE, et personne ressource de l'association sur la situation ivoirienne.
    David Mauger écrit régulièrement des articles dans Billets d'Afrique et d'Ailleurs sur les relations franco-ivoiriennes.
    Bien loin de la caricature véhiculée dans nos médias et du silence qui lui a succédé après la spectaculaire opération française du printemps dernier, la crise ivoirienne s'inscrit dans un long conflit politico-militaire où la France ne cesse de jouer avec le feu. A la veille des élections législatives, nous examinerons la situation politique et sociale ivoirienne et situerons les intérêts français en jeu.

    mardi 8 novembre 2011

    10 Novembre: exposition sur le mouvement Y'en a marre!

    Jeudi 10 Novembre, à 19h30, aura lieu une exposition artistique au Garage Moderne (1 rue des Étrangers - Bordeaux). Dans le cadre d'Art Chartrons, l'association MC2A propose une vidéo-projection accompagnée d'un texte de réflexion autour du mouvement Y'en a marre!

    Ce mouvement sénégalais, est né en Février dernier. Il symbolise l'exaspération d'un peuple vis-à-vis de la dégradation de la vie dans le pays. Cette exaspération a pris la forme de la contestation dans les rues de Dakar, Kaolack et d'autres grandes villes sénégalaises suite à ce que l'on appelle les délestages (coupures d'électricité journalières). Ils ont également obtenu que Abdoulaye Wade, le président du Sénégal, ne puisse (re-)changer la constitution en Juin dernier, afin de faciliter la mise au pouvoir de son fils.

    Aujourd'hui, ce mouvement demande aux citoyens sénégalais de prendre en main leur avenir, en se responsabilisant afin de s'opposer aux institutions qui entravent le bien-être de tous, à la manière du mouvement des indignés.

    Survie Gironde est associée à ce projet et sera présente jeudi soir.

    jeudi 27 octobre 2011

    Affaire Bourgi... y aura-t-il une suite?

    L'affaire Bourgi avait fait grand bruit, lorsque ce dernier avait déclaré, le 11 Septembre dernier, avoir transmis des sommes d'argent provenant d'Afrique à certains dirigeants français. Le clan Chirac était ouvertement accusé, de Villepin à Chirac-même, en passant par Juppé qui aurait payé le loyer du club 89 (un club de réflexions chiraquien) grâce à l'argent d'Omar Bongo. Sans oublier Le Pen...

    On pensait cette affaire définitivement enterrée, noyée dans le fracas médiatique de la crise de l'Euro, de la guerre en Lybie et des primaires socialistes. Pourtant, une enquête avait été ouverte par le parquet de Paris et par l'ordre des avocats. Mediapart, dans son édition du 26 Octobre, nous apprend que Bourgi a été entendu dans l'affaire des Biens mal acquis. Bourgi a alors confirmé ses déclarations, prétendant avoir transmis une somme d'environ 20 millions d'euros à Chirac et Villepin entre 1995 et 2005. Par contre, il n'aurait pas directement transmis ces sommes, contrairement à ce qu'il avait laissé entendre au JDD; ces "convoyeurs" auraient été: “Pour le Gabon, Pascaline Bongo, directeure de cabinet de son père, Jean-Marie Adze, ambassadeur du Gabon à Paris; Eugène Allou, directeur du protocole présidentiel du président Gbagbo, président de la Côte d'Ivoire; Salif Diallo, ministre de l'agriculture, à l'époque, du président Compaoré, du Burkina Faso, et Jean-Dominique Okemba, conseiller spécial du président Sassou N'Guesso et son neveu (Congo-Brazzaville)“. Ce même Okemba, qui fut décoré de la légion d'honneur française en Février 2011, sous l'ère Sarkozy, est un homme de paix ayant fait ses preuves: grâce à un coup d'état, il a aidé Denis Sassou N'Guesso à revenir au pouvoir en 1991, et il est trop souvent perçu comme l'inévitable successeur de ce dernier. Par ailleurs, aucune indication sur les transferts provenant du Sénégal, pays où réside Robert Bourgi... ce dernier est en effet soudainement revenu sur ses accusations visant le président Wade, lequel a ensuite retiré sa plainte contre l'avocat.

    La contre-partie de ces transferts d'argent aurait alors été, toujours selon Bourgi, la facilitation par l'état français, des relations entre les pays mis en cause et le fond monétaire international et la Banque Mondial, ainsi que l'accès à certains crédits provenant notamment de l'agence française du développement... cette agence, dirigée par Dov Zerah (un proche de Sarkozy et de... Bourgi), a déjà été accusée de tels (mé)faits, comme au Sénégal en 2008.

    Par ailleurs, il accuse Dominique de Villepin d'être à l'orgine du retour en grâce de Teodoro Obiang, "président" de Guinée Equatoriale (depuis 1989), impliqué dans l'affaire des Biens mal acquis, actuel président de l'Union Africaine. La visite du porte-parole du gouvernement espagnol (ancien pays colonisateur) à Obiang en Février 2011, avait également ému l'opinion publique locale.

    Mais alors que Bourgi semblait déclaré que le président Sarkozy lavait plus blanc que blanc, il confirme une des déclarations qui avaient déjà fait grand bruit: Jean-Marie Bockel, ancien secrétaire d'état à la coopération aurait bel et bien été fichu à la porte à la demande d'Omar Bongo, qui voyait d'un très mauvais oeil celui qui avait pris à la lettre le discours pré-présidentiel de Cotonou de Sarkozy, et voulait signer l'acte de décès de la Françafrique. Bourgi révèle alors que Bongo aurait mis les intérêts du groupe Total au Gabon dans la balance.

    Mais il est encore plus étonnant d'entendre Bourgi déclaré qu'il espère un printemps Africain (sic), à l'image du printemps arabe... Des affirmations étonnantes de la part d'un personnage qui a tellement profité du système françafricain...

    mercredi 19 octobre 2011

    CIV: Le savoir-faire français en matière de sécurité se perpétue en Côte d'Ivoire

    Jeune Afrique nous apprend que les liens politiques entre la France et la Côte d'Ivoire se poursuivent. Derrière ces liens, la sécurité et les armes ne sont pas très loin:

    OUATTARA A PARIS, COPPE ET GUEANT A ABIDJAN


    Alors qu'Alassane Ouattara est attendu dans la capitale française en décembre, des proches de Nicolas Sarkozy se rendront en Côte d'Ivoire entre fin octobre et novembre.
    Réception à l’hôtel de ville de Paris, probable discours à l’Assemblée nationale, entretien en tête à tête avec Nicolas Sarkozy… Le programme de la prochaine visite d’État en France (19-20 décembre) d'Alassane Ouattara s’annonce chargé, d’autant que le président ivoirien devrait également signer un nouvel accord de défense, qui sera du même type que ceux récemment conclus par la France avec le Gabon et le Sénégal. Il prévoit notamment le stationnement de 300 militaires (rebaptisés « éléments français de Côte d’Ivoire ») sur la base de Port-Bouët, mais pas d’intervention française automatique en cas de menace sur le régime ivoirien.
    Les « Sarko boys » se bousculent quant à eux sur les bords de la lagune Ébrié. C’est d’abord Jean-François Copé, le secrétaire général de l’UMP, qui, les 21 et 22 octobre, se rendra à Abidjan, où il rencontrera le président Ouattara, Guillaume Soro, le Premier ministre, Henri Konan Bédié, le patron du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), et Charles Konan Banny, le président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR). Début novembre, en principe, ce sera le tour de Claude Guéant (mais sa visite pourrait être reportée). Le ministre de l’Intérieur doit livrer aux forces de police et de gendarmerie ivoiriennes du matériel de sécurité.

    Jeune Afrique - 19/10/11 

    samedi 15 octobre 2011

    L'édito de Billets d'Afrique et d'ailleurs (5 octobre 2011)

    Retrouvez ici chaque mois l'édito du mensuel publié par SURVIE :
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    Secret de polichinelle


    Robert Bourgi révèle que des présidents d’États africains ont remis des mallettes de billets à des hommes politiques français. Dans le flot de commentaires suscités par ces révélations, revient comme une antienne le qualificatif de « secret de Polichinelle » : mais voyons tout le monde le sait ! Qui est exactement ce « tout le monde » ?
    Certainement pas le peuple français, qui en est encore à attendre que son quotidien « de référence » ou son journal télévisé lui fasse partager ce « secret ». Reconnaissant par ces mots que ce secret n’en était pas un pour eux, les journalistes et autres experts médiatiques, avouent qu’ils sont les polichinelles en question, marionnettes dont la mission véritable est de maintenir les secrets du pouvoir à l’abri des yeux de l’opinion.
    On me rétorquera que savoir ne suffit pas, qu’il faut des preuves pour formuler de pareilles assertions, et que d’ailleurs les politiques nommément désignés par Bourgi ont annoncé qu’ils porteraient plainte contre lui pour diffamation. Bien sûr ! Mais n’est-ce pas précisément le rôle d’un journaliste digne de ce nom, quand il a connaissance de pareils bruits, que d’enquêter, d’interroger le pouvoir, de traquer la vérité ? C’est ce que fait le journaliste Benoît Collombat enquêtant sur les affaires de Bolloré au Cameroun, relevant, à ses risques et périls, l’honneur d’une profession où la journaliste russe Anna Politkovskaïa ne voyait plus qu’une « troupe de cirque chargée de distraire l’opinion ».
    Quand donc ces polichinelles de l’info- spectacle ont-ils été capables de consacrer aux scandales de la Françafrique le traitement qu’ils méritent ? L’affaire Bourgi, comme le livre de Péan, La République des mallettes, sont peut-être l’effet d’un règlement de comptes entre initiés ; mais ce qu’ils mettent au jour, ce sont la corruption de l’État français et la cause de l’agonie des peuples africains, dont ces polichinelles se font les complices par leur œuvre de désinformation. Car sur cette affaire, ils vous asséneront ce qu’ils vous ont toujours affirmé, qu’il s’agit là des derniers soubresauts d’un système mafieux déclaré mort il y a plus de quinze ans, après n’avoir jamais existé. Gageons en effet que l’affaire Bourgi fera long feu, comme bien d’autres avant elles. Elle ne permettra pas de lever le tabou suprême, celui qui protège les arcanes de la politique africaine de la France.
    Nous retomberons, nous sommes déjà retombés, dans l’infotainment, l’info-spectacle téléguidée et périmée, témoin le dernier titre, présenté comme « bombe » : la France a fourni un 4X4 à Kadhafi en 2008 (Médiapart, 19 septembre.) Mais qui dira comment, à quel prix, par quels intermédiaires, la France a vendu des hélicoptères anti-émeutes à la dictature trentenaire du Cameroun (Billets d’Afrique n° 170, mai 2008) ? Ceux-ci sont utilisés pour maintenir la population dans la terreur et garantir la réélection frauduleuse du potentat, le 9 octobre prochain, dans le silence des médias.
    Qui demandera à Michel Rocard combien il reçoit pour poursuivre de ses assiduités Paul Biya, qui peut compter aussi sur l’amitié de Juppé et de Toubon ? Rocard soutient qu’il s’affaire au Cameroun pour éviter la guerre civile. Ce n’est que grâce à l’ignorance totale où nos polichinelles maintiennent l’opinion que ce mensonge peut être impunément proféré.
    Au contraire les régimes protégés par la France en Afrique sont fondés sur les haines ethnistes [1], attisées comme instruments de division du peuple. Mille faits en témoignent, le cas le plus tragique étant celui du génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda, le plus récent celui de la Côte d’Ivoire, où se poursuit sans bruit l’épuration ethnique. Le maître mot de ce que les Français connaissent de l’Afrique ce n’est pas secret de polichinelle, c’est : motus et bouche cousue.

    Odile Tobner


    [1] Cf Wikileaks Cameroun : Confidences du ministre de la justice Ahmadou Ali à l’ambassade des USA sur les groupes à qui le pouvoir doit revenir.

    jeudi 13 octobre 2011

    Des acteurs de la politique girondine s'interpellent au parlement

    Extrait du compte-rendu de séance à l'assemblée nationale du mardi 11 octobre 2011
    (Assemblée nationale, XIIIe législature, Session ordinaire de 2011-2012 ; Compte rendu intégral, Première séance du mardi 11 octobre 2011, en ligne sur http://www.assemblee-nationale.fr/13/cri/2011-2012/20120010.asp#INTER_19 )

    Politique africaine de la France
    M. le président. La parole est à M. Serge Janquin, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.
    M. Serge Janquin. Monsieur le ministre des affaires étrangères, l’élection présidentielle au Cameroun interroge sur la politique africaine de la France. Une dictature installée par la France en 1960 dans un bain de sang y dure depuis plus d’un demi-siècle.
    Le président Biya est un président fantôme. La moitié du temps à l’étranger, il préside un conseil des ministres par an. Le dernier s’est tenu en juillet 2009. Il n’est présent que pour faire tirer à balles réelles sur la jeunesse qui conteste sa réforme constitutionnelle. Il n’est présent que lorsqu’il s’agit d’installer la corruption au plus haut niveau de l’État, pour recevoir d’Elf le financement de sa campagne ou de bailleurs de fonds, dont la France, les moyens de juguler son opposition.
    Il se dit aussi qu’il n’est présent que lorsqu’il s’agit d’envoyer à des partis politiques français des valises bien lestées (« Ah ! » sur les bancs du groupe SRC)
    Un député du groupe UMP. Est-ce que cela inclut le parti socialiste ?
    M. Serge Janquin. …alors que la moitié de sa population vit avec moins de 2 dollars par jour.
    Monsieur le ministre, le Gouvernement auquel vous appartenez désormais a pris si tardivement conscience de la volonté d’émancipation des peuples arabes qu’il a dû faire un virage sur l’aile – c’est l’expression qui convient – remarqué.
    Quand la France se tiendra-t-elle enfin à distance respectable des miasmes irrespirables qui entourent des dirigeants africains corrompus ? J’évoque ici les dynasties Eyadema, Bongo et consorts.
    Faudra-t-il attendre un printemps de l’Afrique noire pour que la France reconnaisse enfin la légitimité et la capacité des peuples d’Afrique à exprimer leur volonté, la volonté du peuple souverain ? (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
    M. le président. La parole est à M. le ministre d’État, ministre des affaires étrangères et européennes.
    M. Alain Juppé, ministre d’État, ministre des affaires étrangères et européennes. Monsieur le député, la France a suivi avec une particulière attention le déroulement des élections au Cameroun dimanche dernier.
    M. Noël Mamère. Ce n’était pas des élections !
    M. Alain Juppé, ministre d’État. Il est encore trop tôt pour parler des résultats ; le taux de participation n’est pas encore connu. Ce que je peux vous dire, c’est que, selon l’Organisation internationale de la francophonie et le Commonwealth qui ont suivi le déroulement de ces élections, on peut considérer aujourd’hui qu’elles ont eu lieu dans des conditions acceptables. (Exclamations sur plusieurs bancs des groupes SRC et GDR.)
    M. Jean-Paul Lecoq. Scandaleux !
    M. Alain Juppé, ministre d’État. Nous appelons donc la population et la presse camerounaises, ainsi que tous les acteurs politiques du pays, à faire preuve, jusqu’au 24 octobre, date de proclamation des résultats, et au-delà, de modération et d’éviter tout recours à la violence pour faire valoir leurs vues.
    Plusieurs députés du groupe GDR. Scandaleux !
    M. Alain Juppé, ministre d’État. S’agissant de la politique de la France en Afrique, vous avez d’ores et déjà, monsieur le député, la réponse à votre question. Le Gouvernement français, sous l’impulsion de François Fillon et sous la direction du Président de la République, a tout lieu d’être fier de ce que nous avons fait, par exemple, en Côte d’Ivoire.(Exclamations sur plusieurs bancs des groupes SRC et GDR.)
    M. Noël Mamère. Parlez-nous du Gabon et du Togo !
    M. Alain Juppé, ministre d’État. Nous avons tenu à ce que le résultat des élections, validé par les institutions internationales, soit respecté. Nous n’avons pas soutenu les yeux fermés le candidat qui avait perdu sous prétexte qu’il était membre de l’Internationale socialiste ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.) Non, nous avons tout fait pour que le président légitimement élu, M. Ouattara, accède au pouvoir, et nous voyons aujourd’hui qu’un processus de véritable démocratisation se déroule en Côte d’Ivoire. (« Eh oui ! » sur les bancs du groupe UMP.)
    De même, nous avons soutenu le processus d’élections libres au Niger et en Guinée, où les choses avancent.
    M. Noël Mamère. Parlez-nous des biens mal acquis !
    M. Alain Juppé, ministre d’État. Notre message à l’Afrique est donc très clair. Nous demandons aux régimes en place de prêter attention aux aspirations populaires, de moderniser les gouvernements, d’engager des processus de réforme, de passer d’un processus démocratique à une vraie culture de la démocratie.
    M. Noël Mamère. Les biens mal acquis !
    M. Alain Juppé, ministre d’État. La politique de la France est claire et déterminée dans ce domaine ; on ne peut pas en dire autant de ce qui a été fait parfois, dans le passé, sous votre propre impulsion ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)