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jeudi 26 janvier 2012

Communiqué du Collectif Girondin pour le Rwanda

Le 15 décembre 2011, le docteur Sosthène Munyemana a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire dans le cadre des plaintes déposées contre lui pour participation au génocide des Tutsi du Rwanda en 1994. La plus ancienne de ces plaintes, enregistrée à Bordeaux, date de 17 ans. Durant toutes ces années, le Collectif Girondin pour le Rwanda n'a eu de cesse d'appeler la justice française à se prononcer. C'est une étape décisive vers la tenue d'un procès qui vient enfin d'être franchie. C'est aussi un soulagement pour celles et ceux qui luttent afin que les institutions françaises se prononcent sur les actes et complicités qui ont permis la réalisation du génocide des Tutsi.

La juge d'instruction en charge du dossier a pris la décision de faire passer M. Munyemana du statut de témoin assisté à celui de mis en examen suite à une enquête menée au Rwanda par des gendarmes français. Celle-ci s'est déroulée dans la région de Butare, sur les lieux mêmes où se trouvait le médecin rwandais durant le génocide. Ce ne sont donc pas uniquement les documents publiés depuis de nombreuses années et attribuant un rôle important à Sosthène Munyemana dans le génocide qui ont abouti à ce changement de statut (citons néanmoins le rapport de la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l'Homme et de Human Rights Watch, rédigé par l'historienne Alison Desforges, ou encore, dans un autre registre, celui émanant de la Cour nationale du droit d'asile qui concluait en 2008, pour justifier sa décision de rejet, qu'il existait des raisons sérieuses de penser que M. Sosthène Munyemana s'était rendu coupable de crime contre l'humanité).

Depuis 1995, le Collectif Girondin pour le Rwanda appelle la justice française à se prononcer. Suite à une action menée en ce sens au mois de janvier 2010 devant l'hôpital de Villeneuve-sur-Lot, où exerce le médecin rwandais, le tribunal de grande instance de Bordeaux a jugé, en novembre dernier, que trois d'entre nous ainsi que l'association Cauri avaient enfreint la loi sur le respect de la présomption d'innocence. C'est pour nous un moindre mal dans le combat qui nous anime. Si nous avions pensé initialement faire appel de cette décision, nous choisissons aujourd'hui, compte tenu de la mise en examen récente de Sosthène Munyemana, de renoncer à ce droit. Notre souhait de voir la justice française s'emparer du dossier se réalise et il nous paraît plus opportun de mobiliser nos énergies autour de ce procès, en poursuivant le but qui a toujours été le nôtre : faire entendre la voix des victimes du génocide des Tutsi et informer nos concitoyens sur le soutien qu'a offert l'État français au gouvernement génocidaire.
Ce procès, s'il se tient, pourrait être le premier d'une longue série. C'est plus que jamais un des buts que nous privilégions dans notre action.

Appel à soutien: même si le tribunal qui nous a condamné a rejeté les demandes de dommages et intérêt en estimant que Sosthène Munyemana n'avait pas subi de préjudice moral, nous avons besoin de 3000 euros pour payer la publication d'un encart judiciaire et une partie des frais d'avocat de S. Munyemana. Vous pouvez nous soutenir en envoyant vos dons à:
association Cauri, 191 cours de la Somme, 33800 Bordeaux.
(contact: cauri33@yahoo.fr)

Revirement dans l’enquête sur l’attentat du 6 avril 1994, le mensonge ne paie plus

En attribuant la probable responsabilité de l’attentat du 6 avril 1994 à des extrémistes hutu, les juges Trévidic et Poux décrédibilisent définitivement le travail du juge Bruguière. Les militaires, dirigeants politiques, journalistes et « experts » aux ordres qui se sont dissimulés derrière les conclusions biaisées d’une enquête menée à charge contre le FPR pour minorer le rôle de la France dans le génocide au Rwanda voient leur stratégie s’effondrer.

Lors de leur rencontre avec les parties civiles mardi 10 janvier 2012, les juges Marc Trévidic et Nathalie Poux ont fait part d’une réorientation complète de l’enquête sur l’attentat du 6 avril 1994 qui donna le signal de départ du génocide des Tutsi au Rwanda. Cet attentat reste aujourd’hui encore un événement largement mystérieux, et l’on ne peut que se réjouir du sérieux et de l’impartialité de l’instruction des deux magistrats qui donne l’occasion à Survie de remettre les pendules à l’heure sur un certain nombre de points.

1- L’attentat du 6 avril n’a été que le coup d’envoi d’un génocide soigneusement préparé qui a coûté la vie à un million de Tutsi et à des milliers de Hutu hostiles à l’extermination de leurs compatriotes.

L’attentat du 6 avril 1994 qui a coûté la vie au président rwandais et à son homologue burundais, ainsi qu’aux membres de leur suite et aux trois pilotes français de l’avion, a été commis après que le président rwandais ait accepté la mise en place des institutions prévues par les accords d’Arusha (excluant la CDR [1], parti extrémiste violemment anti-tutsi et incluant le FPR [2] de Paul Kagame). La mort de Juvénal Habyarimana a été immédiatement suivie par le démarrage du processus planifié d’extermination des Tutsi et par l’assassinat des responsables politiques opposés au génocide, Hutu pour la plupart. Le coup d’Etat mené dans la nuit du 6 au 7 avril par les officiers extrémistes et le Hutu Power trouve son couronnement quelques jours plus tard avec la formation, dans les locaux de l’ambassade de France, du Gouvernement intérimaire rwandais, en présence de l’ambassadeur. Ce gouvernement encadre le génocide des Rwandais tutsi jusqu’à la défaite militaire face aux troupes du FPR, au mois de juillet 1994.

2- L’opinion française a été très rapidement victime de tentatives de manipulation concernant aussi bien l’auteur de l’attentat que le lien entre cet événement et le génocide.

Depuis bientôt 18 ans, l’opinion publique française a été soigneusement entretenue dans l’idée que le FPR de Paul Kagame était responsable de l’attentat. Un scénario permettant, par le biais de grossières extrapolations, de rejeter la responsabilité du génocide sur l’actuel président rwandais. Quelques journalistes et spécialistes du Rwanda ont été les propagandistes zélés de cette thèse. Citons Stephen Smith, qui officia à Libération jusqu’en 2000, puis au Monde jusqu’en 2004, Pierre Péan, qui jouit d’une réputation usurpée d’écrivain indépendant, auteur de plusieurs articles et ouvrages sur le sujet, le sociologue André Guichaoua, « expert » du Rwanda fréquemment sollicité par les médias. Leurs accusations ont été étayées par les fuites de l’information judiciaire ouverte à la suite de la plainte déposée le 31 août 1997 par la fille du copilote de l’avion, et conduite par le juge Jean-Louis Bruguière à partir du 27 mars 1998. Ces travaux de manipulation ont généralement bénéficié d’une excellente couverture médiatique, en particulier dans les colonnes de journaux comme Marianne.

3- Outre sa focalisation sur le FPR, le juge Bruguière, en charge de l’instruction de 1998 à 2007, a négligé tous les éléments de l’enquête portant sur le rôle potentiel de militaires ou mercenaires français.

L’ordonnance du 17 novembre 2006 rendue par le juge Bruguière est la conclusion d’une enquête menée à charge, s’appuyant sur des sources contestables et écartant celles qui contredisaient les a priori du magistrat.

Le juge s’était en effet fondé sur des éléments déjà réfutés par la Mission d’information parlementaire de 1998 sur le Rwanda (le FPR aurait déclenché son offensive avant l’attentat, les missiles ayant abattu l’avion auraient été retrouvés et lui appartiendraient) et sur des témoins peu fiables. Le principal, Abdul Joshua Ruzibiza, qui se prétendait témoin oculaire du tir, s’est depuis rétracté. D’autres ont été convaincus de mensonge.

Le juge Bruguière n’avait pas non plus cherché à enquêter sur la présence de militaires ou mercenaires français dans la zone, malgré certains témoignages en faisant état, ni cherché à savoir ce que les militaires français commandés par le chef d’escadron de Saint-Quentin ont pu relever dans les débris de l’appareil qu’ils furent les seuls à inspecter. Il avait en outre « omis » d’interroger sur les raisons de sa présence au Rwanda le 6 avril un acteur clé : l’ancien « gendarme de l’Elysée » Paul Barril. Il faut se féliciter que ces zones d’ombre aient maintenant une chance d’être éclaircies par les juges Trévidic et Poux.

4- La réorientation de l’enquête a pour effet collatéral de dissiper le rideau de fumée qui masquait l’implication française dans le génocide des Tutsi.

L’attribution au FPR de la responsabilité de l’attentat du 6 avril a servi depuis 18 ans à tenter de protéger tant que bien que mal des questions embarrassantes les dirigeants politiques MM. Balladur, Léotard, Juppé, Roussin, Védrine, Delaye, et les responsables militaires MM. Lanxade, Quesnot, Huchon et tous les officiels ayant joué un rôle dans la complicité militaire, politique, diplomatique et financière de la France dans le génocide.

Il est donc plus que temps aujourd’hui de faire toute la lumière sur l’attentat du 6 avril et de dire la vérité sur la politique menée par la France au Rwanda avant le génocide, pendant le génocide et après le génocide.

C’est pourquoi, l’association Survie encourage la poursuite de l’instruction des juges Trévidic et Poux, et souhaite que celle-ci permette une nouvelle audition de Paul Barril et la communication aux juges des informations recueillies par le commandant de Saint-Quentin et ses hommes.

Concernant la vérité et la justice sur l’implication française dans le génocide des Tutsi du Rwanda, Survie réclame :
  • la levée du secret défense sur tous les documents concernant l’implication française au Rwanda, y compris les archives de l’Elysée,
  • l’indépendance de la justice et l’arrêt des pressions politiques sur les juges dont le juge Trévidic,
  • que le pôle judiciaire spécialisé dans les crimes de guerre, crimes contre l’humanité, génocide et torture chargé des plaintes contre les présumés génocidaires et des plaintes contre les militaires français et créé le 1er Janvier 2012 soit fonctionnel, et qu’une augmentation des moyens alloués à ce pôle permettre l’avancée sans délai de toutes les instructions liées au génocide des Tutsi du Rwanda,
  • une commission d’enquête parlementaire sur l’implication politique et militaire française.
Survie demande à tous les candidats à l’élection présidentielle et aux partis politiques de prendre position sur la nécessité de vérité et justice concernant l’implication des acteurs politiques et militaires français dans le génocide.

[1] Coalition pour la défense de la République

[2] Front patriotique rwandais

CPI / Côte d’Ivoire : pour un examen de l’action de l’opération française Licorne

Le 3 octobre 2011, les juges de la troisième Chambre préliminaire de la Cour Pénale Internationale ont autorisé le Procureur à ouvrir une enquête sur les événements consécutifs à l’élection présidentielle ivoirienne de 2010. Les juges ont aussi demandé que leur soit transmise « toute information supplémentaire à sa disposition sur des crimes qui pourraient relever potentiellement de la compétence de la Cour et qui auraient été commis entre 2002 et 2010 » [1]. Cette demande ouvre la possibilité d’un examen de l’action de la force française Licorne par une juridiction internationale.

L’association Survie transmettra prochainement un dossier au bureau du Procureur sur les exactions de l’armée française durant les désastreuses journées de novembre 2004. Dans cette perspective, toute information sur ces faits peut lui être transmise [2].

Membre de la Coalition Française pour la Cour Pénale Internationale (CFCPI), Survie s’est mobilisée pour la création de cet outil juridique, auquel nombre de personnalités politiques et militaires françaises étaient réticentes. Elle est souvent dépeinte comme une cour « pour juger les Africains » et comme un outil politique aux mains des grandes puissances, pour juger les leaders africains. En effet, les 7 situations ayant donné lieu à des enquêtes de la CPI se limitent à des pays d’Afrique et les 27 mandats d’arrêt et citations à comparaître délivrées jusqu’ici concernent exclusivement des Africains. Il faut saisir les opportunités pour qu’il en soit autrement et que la Cour exerce un contre-pouvoir sans soupçon de discrimination.

Une place particulière est laissée aux ONG dans le fonctionnement de la Cour. Contrairement à une idée très répandue, il n’est pas possible, pour une ONG de saisir ou de porter plainte devant la CPI. Le statut de Rome permet, en revanche, à une association comme Survie, de soumettre au Procureur des informations sur des faits relevant de la compétence de la Cour [3]. Sur la base des éléments transmis, il peut enquêter sur les faits concernés. Dans le cas contraire, le Procureur doit en aviser la source des informations [4], le plus souvent en argumentant.

Les éléments que Survie compte transmettre au Procureur de la CPI concernent un moment clé de la crise ivoirienne. Début novembre 2004, l’armée ivoirienne lance une offensive sur le nord du pays, sous le contrôle depuis deux ans d’une rébellion. Au cours de cette offensive, essentiellement aérienne, neuf soldats français de la force Licorne et un civil américain trouvent la mort dans un bombardement, le 6 novembre. Dès lors, c’est l’escalade : neutralisation des moyens militaires aériens ivoiriens et prise de contrôle de l’aéroport d’Abidjan par l’armée française, importantes manifestations contre l’armée française et exactions contre des expatriés. La prise de contrôle d’Abidjan par la force Licorne fera, en l’espace de quatre jours, plusieurs dizaines de morts parmi les civils ivoiriens. Les affrontements les plus importants ont eu lieu à l’aéroport d’Abidjan, devant la base militaire française de Port-Bouët, au niveau des ponts qui enjambent la lagune Ébrié, autour de l’hôtel Ivoire, mais aussi dans l’intérieur du pays, notamment à Duékoué.

Si le bilan chiffré – entre une vingtaine et une soixantaine de morts – de ces « quatre jours de feu » [5] de l’armée française reste sujet à controverse, les documents disponibles pour examiner les exactions commises ne manquent pas : un rapport [6] d’assistance fournie par l’Etat sud-africain à l’Etat de Côte d’Ivoire, deux reportages [7] diffusés par Canal Plus, articles d’enquête du Canard Enchaîné, une enquête d’Amnesty International [8]. Et les multiples contradictions relevées dans les déclarations successives du Ministère de la Défense français ! Les documents montrent en particulier les moyens disproportionnés employés par l’armée française face aux manifestants ivoiriens.

Malgré les demandes ivoiriennes, malgré les demandes de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, de la Ligue des Droits de l’Homme [9] et d’Amnesty International, malgré quatre propositions de résolution [10] visant à créer une commission d’enquête parlementaire, les autorités françaises sont restées sourdes aux demandes d’éclaircissements sur l’intervention française en Côte d’Ivoire. Interpellé par Amnesty International, le ministère de la Défense français avait répondu que le gouvernement ne demanderait pas de lui-même une enquête internationale indépendante, mais qu’il était disposé à collaborer si une telle enquête voyait le jour. Une enquête de la CPI pourrait être l’occasion de concrétiser enfin cette bonne foi.

Avec la reconnaissance de la compétence de la CPI en Côte d’Ivoire par Laurent Gbagbo, puis par Alassane Ouattara, la Cour pourrait donc être saisie de ces faits, si le procureur estime qu’il y a « une base raisonnable pour ouvrir une enquête ».

Au soir du 10 novembre, au cours d’un entretien télévisé [11], le premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, résuma sèchement la position française quant à une enquête sur les événements qui venaient de s’enchaîner en Côte d’Ivoire : «  On ne tue pas les soldats français sans que la riposte soit immédiate... ». Par cette démarche auprès du Procureur de la CPI, nous entendons faire prévaloir l’esprit de justice sur la loi du talion. Cette initiative s’inscrit dans la volonté de Survie de mettre fin à l’impunité des crimes commis par l’armée française en Afrique.
Les informations transmises devront être le plus étayées possible. Ces informations peuvent évidemment aussi être adressées au Procureur par toute autre organisation qui entame une démarche similaire. Toute personne souhaitant transmettre à Survie des éléments (témoignages oraux, écrits, vidéos, photos, liste de victimes avec coordonnées, etc.) afin d’enrichir le dossier peut le faire :
  • Par voie postale : 
    Association Survie 
    107 boulevard de Magenta 
    75010 Paris
  • Par email : dossiercpi@survie.org
  • Par voie électronique sécurisée (nous contacter d’abord sur dossiercpi@survie.org)
En cas de transmission d’éléments, il sera utile de préciser, notamment, les conditions d’anonymat, les moyens pour contacter les témoins éventuels et s’ils seraient prêts à témoigner.
[1] Communiqué de presse de la CPI du 3 octobre 2011, La Chambre préliminaire III de la CPI autorise le Procureur à ouvrir une enquête en Côte d’Ivoire, ICC-CPI-20111003-PR730
[2] Survie ne souhaite pas avoir l’exclusivité d’une telle démarche. Les témoignages peuvent être adressés au Procureur par l’intermédiaire d’autres organisations
[4] Article 15.6
[5] Nom d’un documentaire, cf. infra
[6] Intitulé Rapport d’enquête sur les fusillades survenues en Côte d’Ivoire en novembre 2004
[7] Côte d’Ivoire : Quatre jours de feu, diffusé le 30/11/2004 et Le mardi noir de l’armée française, diffusé le 08/02/2005
[8] AFR 31/005/2006, Affrontements entre forces de maintien de la paix et civils : leçons à tirer, 19/09/2006
[9] Communiqué de presse commun de la FIDH et de la LDH du 30/11/2004
[10] Deux ont été déposées le 01/12/2004, les deux autres les 26/10/2005 et 12/07/2011
[11] Questions ouvertes, France 2, le 10/11/2004. Cet entretien est repris dans les Déclarations Officielles de politique étrangère du bulletin d’actualité du Ministère des Affaires Étrangères français du 15/11/2004

mercredi 25 janvier 2012

Dans les coulisses de la crise ivoirienne, conférence de David Mauger (2 parties)

Le 8 décembre dernier Survie Gironde invitait David Mauger, membre du Conseil d'Administration de Survie qui suit particulièrement les relations françafricaines en Côte d'Ivoire, et les commente dans le billet mensuel de Survie : Billets d'Afrique et d'Ailleurs.

Bien loin de la caricature véhiculée dans nos médias et du silence qui lui a succédé après la spectaculaire opération française du printemps 2011, David Mauger revient sur le contexte historique de la crise ivoirienne qui s'inscrit dans un long conflit politico-militaire où la France ne cesse de jouer avec le feu.

Survie Gironde réalise l'émission "Dernières nouvelles de la Françafrique" diffusée tous les samedis sur 02 Radio (91.3FM) à 11h, et sur le site de O2Radio pendant les deux semaines suivant leurs diffusions hertziennes.

La première moitié de la conférence de David Mauger a été diffusée sur O2 radio les samedis 14 et 21 janvier 2012, et la deuxième moitié les 28 janvier et 4 février.

Bonne écoute !

Première partie:

Deuxième partie:

lundi 16 janvier 2012

Rwanda: renversement de situation?

Dix-huit ans après le génocide des Tustsi et Hutus modérés du Rwanda, est-il possible que la justice française fasse volte-face? Est-il possible que les personnes ayant nié la thèse de génocide puissent aujourd'hui revenir sur leurs positions? Est-il possible qu'enfin, en France, on regarde les faits sous un angle différent?

Mercredi 12 Janvier 2012, l'enquête scientifique supervisée par les juges Trévidic et Poux aboutissait à la conclusion que le missile ayant causé la chute de l'avion transportant le président Habyarimana, évènement qui entraîna par la suite le génocide de 800.000 personnes au Rwanda en l'espace de 100 jours, avait été tiré depuis la Colline Karama, un lieu qui était tenu à l'époque par les FAR du gouvernement en place, et non pas par le FPR de Kagamé. Sur ce site résidaient également des soldats français chargés de la formation de soldats rwandais, et des coopérants militaires belges.

Cette nouvelle version des faits vient en fait contredire la version jusqu'à présent présentée par la justice française, suite à l'enquête du controversé juge Bruguière, qui ne s'était fié qu'à des témoignages, et au fait que l'attentat du 6 Avril 1994 profitait, selon sa version, à Kagamé. Faut-il rappeler que le juge Bruguière, qui plus est, ne se déplaça jamais sur les lieux de l'attentat? La version douteuse qu'il fournit fut néanmoins relayée et étayée par de nombreux "experts" et journalistes".

Mais parmi les témoignages recueillis par le juge Bruguière, il peut paraître curieux de soulever l'absence d'une personne présente à Kigali la veille de l'attentat, et dans des zones contrôlées par les forces hutues dans les jours qui ont suivi: le capitaine de gendarmerie Paul Barril.

Le rapport du juge Trévidic pourrait donc relancer le débat autour de cette triste page de l'Histoire. Si il ne dédouane pas le FPR, il reditribue les cartes. Ainsi, le rapport peut être contesté pendant les 6 mois à venir. Ainsi, les FAR n'auraient cependant pas eu l'expertise permettant de manier le type d'armes ayant touché l'avion d'Habyarimana.

Enfin, il convient de s'interroger sur la publication de ce rapport, alors que la justice française semble enfin prête à juger certaines personnes soupçonnées d'avoir participer au génocide de 1994, et résidant sur son sol. En ce sens, nous avons suivi et évoqué le cas de Sosthène Munyemana. Mais la justice semble se faire de plus en plus pressante pour d'autres personnes, telles Callixte Mbarushimana, récemment libéré par le TPIR pour implication dans les guerres de Kivu, mais mis sous contrôle judiciaire par la France pour implication dans le génocide au Rwanda, et acceuilli par la police française, à son retour de La Haye. Tout ceci dans un contexte de réchauffement diplomatique entre Paris et Kigali... La France serait-elle enfin prête?

mercredi 11 janvier 2012

L'édito de Billets d'Afrique et d'ailleurs (9 janvier 2012)

Retrouvez ici chaque mois l'édito du mensuel publié par SURVIE :
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Le cercle vicieux

Démocratie : tel est le nouveau mantra de la France en Afrique. Avec les États- Unis, qui n’hésitent pas à affubler de ce nom les régimes les plus brutaux, pourvu qu’ils soient leurs alliés, et avec l’appui de l’ONU, dont le pouvoir de nuisance n’est plus à démontrer sur ce continent, voilà que l’ancienne puissance coloniale se présente sans vergogne comme le gardien de la sincérité des élections africaines, garanties par des « commissions électorales » contrôlées par les protégés des grandes puissances : tel est le cercle vicieux. On l’a vu en Côte-d’Ivoire et au Cameroun ; on vient de le voir en République démocratique du Congo, où les résultats d’une élection présidentielle truquée ont été entérinés par les puissances occidentales.

C’est ainsi que le sort de l’immense RDC a été scellé sans autre forme de procès, après ce qu’on n’a pas eu honte d’appeler une élection, en dépit des irrégularités choquantes qui l’ont entachée. Il a suffi que la très controversée commission électorale, présidée par un proche de Joseph Kabila, proclame ce dernier vainqueur pour que la France « prenne note des résultats définitifs » avant, comme l’ONU, d’ « appeler au calme ». La Fondation Carter, bien qu’ayant relevé des « déficiences », ne les a pas jugées de nature à invalider le scrutin – air connu. Rien ne changera donc dans la situation scandaleusement inacceptable de la République du Congo.
Oublions l’épithète dont l’avait ambitieusement ornée Laurent Kabila, son éphémère président. Il est vrai que ce mot n’a pas grand sens, jusqu’à ce que les peuples africains trouvent eux-mêmes le moyen de briser le cercle vicieux où la « communauté internationale » les a enfermés.
Quant à l’espoir qu’on avait pu placer dans des institutions internationales théoriquement garantes des droits des peuples, il a été cruellement déçu. L’ONU intervient en RDC depuis 1999, via la Monuc, mission de l’ONU en RDC, devenue Monusco en 2010, mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC, forte d’un contingent de 20 000 soldats et de plusieurs centaines d’experts et de conseillers en matière de police, de justice, d’administration, censés aider le gouvernement congolais et apporter un soutien technique à l’organisation des élections. À la suite de la proclamation des résultats et de la révolte qu’ils ont suscitée chez les citoyens congolais, elle a déployé des soldats à Kinshasa. En plus de dix ans, l’ONU n’est jamais parvenue à mettre fin aux crimes commis par les milices qui ravagent l’Est du Congo, se contentant de sécuriser le pouvoir de Joseph Kabila, pour le plus grand profit des multinationales, qui peuvent ainsi opérer tranquillement en RDC.
Et que dire de la justice internationale, quand on voit la Cour pénale internationale inviter Blaise Compaoré dans le cadre d’un colloque sur « La paix, la justice internationale, l’ordre mondial », désigné par le procureur Moreno Ocampo comme « personnalité de référence pour ses actions de médiation ». Est-ce pour le remercier d’avoir éliminé Sankara, un des plus grands espoirs de l’Afrique, protégé Charles Taylor, un de ses plus grands monstres, ou bien pour avoir alimenté la rébellion en Côte-d’Ivoire ? Et cette même cour prétend juger Laurent Gbagbo !
« C’est en prenant la route du développement que vous serez engagés sur la route de la démocratie », tel fut le conseil paternellement dispensé aux Africains par François Mitterrand dans le discours de La Baule. Or l’ordre qui vient d’être pérennisé en RDC n’a qu’un but : capter les richesses de ce pays au profit des multinationales, au détriment du peuple congolais. Voilà pourquoi, quand la rhétorique perverse des puissances et d’une justice internationale à leurs ordres ne convainc plus qu’elles-mêmes, l’appel à l’insurrection de Frantz Fanon, cinquante ans après sa mort, résonne chaque jour plus fortement aux oreilles des damnés de la terre.

Odile Tobner


samedi 7 janvier 2012

Avenir Radieux, une fission française : le nouveau spectacle de Nicolas Lambert

Le jeudi 19 janvier, Greenpeace Bordeaux invite Nicolas Lambert pour son nouveau spectacle Avenir Radieux, une fission française.


Nicolas Lambert avait déjà remarquablement joué seul sur scène Elf la pompe Afrique.

La question de l'extraction de l'uranium en Afrique est un des points centraux de la françafrique. C'est pourquoi SURVIE sort en février un livre intitulé Areva en Afrique, après avoir participé à l'exposition Areva ne fera pas la loi au Niger.

Survie Gironde vous encourage donc vivement à venir assister à ce spectacle, où nous tiendrons un stand sur lequel vous pourrez retrouver l'ensemble de notre documentation.

Ça se passe le jeudi 19 janvier, à 21h à la Rock School Barbey et le prix d'entrée est libre.

Vous pourrez également retrouver le stand de Survie Gironde, ainsi que l'exposition Areva ne fera pas la loi au Niger :

vendredi 20 janvier de 10h à 17h30 place Pey Berland,

samedi 21 janvier de 10h à 17h30 aux Quinconces


Venez nombreux-ses !!