Billets d'Afrique et d'ailleurs.
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Peuples otages
On ne peut que se réjouir de la libération de la famille Moulin-Fournier, enlevée dans
le Nord Cameroun et détenue pendant deux mois au Nigeria par des activistes de
Boko Haram. On ne saurait cependant considérer ce dénouement comme une victoire,
encore moins féliciter le président camerounais Biya pour son entregent.
Si
nul n’est assez naïf pour être dupe de la version officielle des conditions de la
libération, les médias n’ont cependant pas manqué de fournir leur lot habituel
d’âneries. Le pompon revient à l’aphorisme proféré sur un plateau télé par un
certain Yves Bonnet à propos du despote camerounais : « Il vaut mieux avoir
un bon dictateur en place qu’un mauvais démocrate ». C’est en fondant sa
politique africaine sur ce « principe » que la France a mené les pays africains
francophones au chaos.
Son caractère raciste n’est pourtant pas douteux : appliquée à notre pays, la même « vérité » susciterait un tollé général. Marque d’une classe politique et médiatique en totale déshérence, cette idéologie nauséabonde est affichée avec le plus grand éclat au moment où les faits lui apportent le démenti le plus cinglant qui se puisse imaginer.
L’enlèvement de la famille Moulin-Fournier est la preuve éclatante que l’État despotique camerounais est incapable de faire régner la sécurité sur son territoire. Régulièrement classé parmi les plus corrompus au monde, comment pourrait-il juguler une criminalité dont il est un des acteurs, notamment ses forces de l’ordre, championnes toutes catégories en matière de corruption. Quand le banditisme devient intolérable, il prétend y répondre par de sanglantes opérations de maintien de l’ordre, consistant à abattre sans procès tout suspect, habituellement jeune et pauvre, sans faire reculer en rien la grande criminalité, logée au cœur du système. Soutenir ce régime exécré, c’est mettre en danger la vie des Français qui circulent dans ce pays.
Ce n’est pas un hasard si la France arrive en tête par le nombre de ses ressortissants pris en otages : l’Afrique retenait en février une douzaine d’otages français. Les tentatives de libération par la force se sont toutes soldées par la mort des otages. Dernier échec en date, Denis Allex est mort en Somalie le 12 janvier à la suite du raid infructueux de commandos français. En janvier 2011, Antoine de Léocour et Vincent Delory, enlevés à Niamey, sont morts au cours de l’attaque aérienne menée par l’armée française contre les véhicules de leurs ravisseurs. La seule alternative à ces assauts meurtriers est le paiement de lourdes rançons. Il s’agit donc toujours d’une défaite.
La question qu’il faut se poser, et que pourtant nul ne pose, est la suivante : la France a-t-elle l’intention et les moyens d’anéantir en Afrique tous ceux qui lui veulent du mal, dont le nombre semble croître sans cesse ? Faudra-t-il tuer de plus en plus d’Africains pour pouvoir continuer à occuper leurs pays ? Question subsidiaire : comment en sommes-nous arrivés là ?
Lors de sa libération Tanguy Moulin-Fournier, cadre de GDF-Suez opérant au Cameroun, a déclaré son bonheur de pouvoir retrouver ses « frères camerounais ». Nous ne mettons pas en doute les liens d’affection qui peuvent l’unir à des Camerounais, mais dans les circonstances présentes nous sommes bien au-delà des relations personnelles : il s’agit du destin de peuples entiers.
Que font Areva au Niger, Total, GDF-Suez au Cameroun ? Quelles sont les conditions d’exploitation des ressources camerounaises par ces multinationales ?
Quel est le niveau de vie, de liberté, de droits civiques et humains des Camerounais ?
Est-ce que le peuple camerounais n’est pas le grand et le seul otage des forces du despotisme et du colonialisme liguées contre lui, qui le maintiennent prisonnier sur son propre sol, avec l’interdiction de tenter d’échapper à son malheur ?
Son caractère raciste n’est pourtant pas douteux : appliquée à notre pays, la même « vérité » susciterait un tollé général. Marque d’une classe politique et médiatique en totale déshérence, cette idéologie nauséabonde est affichée avec le plus grand éclat au moment où les faits lui apportent le démenti le plus cinglant qui se puisse imaginer.
L’enlèvement de la famille Moulin-Fournier est la preuve éclatante que l’État despotique camerounais est incapable de faire régner la sécurité sur son territoire. Régulièrement classé parmi les plus corrompus au monde, comment pourrait-il juguler une criminalité dont il est un des acteurs, notamment ses forces de l’ordre, championnes toutes catégories en matière de corruption. Quand le banditisme devient intolérable, il prétend y répondre par de sanglantes opérations de maintien de l’ordre, consistant à abattre sans procès tout suspect, habituellement jeune et pauvre, sans faire reculer en rien la grande criminalité, logée au cœur du système. Soutenir ce régime exécré, c’est mettre en danger la vie des Français qui circulent dans ce pays.
Ce n’est pas un hasard si la France arrive en tête par le nombre de ses ressortissants pris en otages : l’Afrique retenait en février une douzaine d’otages français. Les tentatives de libération par la force se sont toutes soldées par la mort des otages. Dernier échec en date, Denis Allex est mort en Somalie le 12 janvier à la suite du raid infructueux de commandos français. En janvier 2011, Antoine de Léocour et Vincent Delory, enlevés à Niamey, sont morts au cours de l’attaque aérienne menée par l’armée française contre les véhicules de leurs ravisseurs. La seule alternative à ces assauts meurtriers est le paiement de lourdes rançons. Il s’agit donc toujours d’une défaite.
La question qu’il faut se poser, et que pourtant nul ne pose, est la suivante : la France a-t-elle l’intention et les moyens d’anéantir en Afrique tous ceux qui lui veulent du mal, dont le nombre semble croître sans cesse ? Faudra-t-il tuer de plus en plus d’Africains pour pouvoir continuer à occuper leurs pays ? Question subsidiaire : comment en sommes-nous arrivés là ?
Lors de sa libération Tanguy Moulin-Fournier, cadre de GDF-Suez opérant au Cameroun, a déclaré son bonheur de pouvoir retrouver ses « frères camerounais ». Nous ne mettons pas en doute les liens d’affection qui peuvent l’unir à des Camerounais, mais dans les circonstances présentes nous sommes bien au-delà des relations personnelles : il s’agit du destin de peuples entiers.
Que font Areva au Niger, Total, GDF-Suez au Cameroun ? Quelles sont les conditions d’exploitation des ressources camerounaises par ces multinationales ?
Quel est le niveau de vie, de liberté, de droits civiques et humains des Camerounais ?
Est-ce que le peuple camerounais n’est pas le grand et le seul otage des forces du despotisme et du colonialisme liguées contre lui, qui le maintiennent prisonnier sur son propre sol, avec l’interdiction de tenter d’échapper à son malheur ?
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