On pensait cette affaire définitivement enterrée, noyée dans le fracas médiatique de la crise de l'Euro, de la guerre en Lybie et des primaires socialistes. Pourtant, une enquête avait été ouverte par le parquet de Paris et par l'ordre des avocats. Mediapart, dans son édition du 26 Octobre, nous apprend que Bourgi a été entendu dans l'affaire des Biens mal acquis. Bourgi a alors confirmé ses déclarations, prétendant avoir transmis une somme d'environ 20 millions d'euros à Chirac et Villepin entre 1995 et 2005. Par contre, il n'aurait pas directement transmis ces sommes, contrairement à ce qu'il avait laissé entendre au JDD; ces "convoyeurs" auraient été: “Pour le Gabon, Pascaline Bongo, directeure de cabinet de son père, Jean-Marie Adze, ambassadeur du Gabon à Paris; Eugène Allou, directeur du protocole présidentiel du président Gbagbo, président de la Côte d'Ivoire; Salif Diallo, ministre de l'agriculture, à l'époque, du président Compaoré, du Burkina Faso, et Jean-Dominique Okemba, conseiller spécial du président Sassou N'Guesso et son neveu (Congo-Brazzaville)“. Ce même Okemba, qui fut décoré de la légion d'honneur française en Février 2011, sous l'ère Sarkozy, est un homme de paix ayant fait ses preuves: grâce à un coup d'état, il a aidé Denis Sassou N'Guesso à revenir au pouvoir en 1991, et il est trop souvent perçu comme l'inévitable successeur de ce dernier. Par ailleurs, aucune indication sur les transferts provenant du Sénégal, pays où réside Robert Bourgi... ce dernier est en effet soudainement revenu sur ses accusations visant le président Wade, lequel a ensuite retiré sa plainte contre l'avocat.
La contre-partie de ces transferts d'argent aurait alors été, toujours selon Bourgi, la facilitation par l'état français, des relations entre les pays mis en cause et le fond monétaire international et la Banque Mondial, ainsi que l'accès à certains crédits provenant notamment de l'agence française du développement... cette agence, dirigée par Dov Zerah (un proche de Sarkozy et de... Bourgi), a déjà été accusée de tels (mé)faits, comme au Sénégal en 2008.
Par ailleurs, il accuse Dominique de Villepin d'être à l'orgine du retour en grâce de Teodoro Obiang, "président" de Guinée Equatoriale (depuis 1989), impliqué dans l'affaire des Biens mal acquis, actuel président de l'Union Africaine. La visite du porte-parole du gouvernement espagnol (ancien pays colonisateur) à Obiang en Février 2011, avait également ému l'opinion publique locale.
Mais alors que Bourgi semblait déclaré que le président Sarkozy lavait plus blanc que blanc, il confirme une des déclarations qui avaient déjà fait grand bruit: Jean-Marie Bockel, ancien secrétaire d'état à la coopération aurait bel et bien été fichu à la porte à la demande d'Omar Bongo, qui voyait d'un très mauvais oeil celui qui avait pris à la lettre le discours pré-présidentiel de Cotonou de Sarkozy, et voulait signer l'acte de décès de la Françafrique. Bourgi révèle alors que Bongo aurait mis les intérêts du groupe Total au Gabon dans la balance.
Mais il est encore plus étonnant d'entendre Bourgi déclaré qu'il espère un printemps Africain (sic), à l'image du printemps arabe... Des affirmations étonnantes de la part d'un personnage qui a tellement profité du système françafricain...
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