Billets d'Afrique et d'ailleurs.
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Secret de polichinelle
Robert Bourgi révèle que des présidents d’États africains ont remis des mallettes de billets à des hommes politiques français. Dans le flot de commentaires suscités par ces révélations, revient comme une antienne le qualificatif de « secret de Polichinelle » : mais voyons tout le monde le sait ! Qui est exactement ce « tout le monde » ?
Certainement pas le peuple français, qui en est encore à attendre que son quotidien « de référence » ou son journal télévisé lui fasse partager ce « secret ». Reconnaissant par ces mots que ce secret n’en était pas un pour eux, les journalistes et autres experts médiatiques, avouent qu’ils sont les polichinelles en question, marionnettes dont la mission véritable est de maintenir les secrets du pouvoir à l’abri des yeux de l’opinion.
On me rétorquera que savoir ne suffit pas, qu’il faut des preuves pour formuler de pareilles assertions, et que d’ailleurs les politiques nommément désignés par Bourgi ont annoncé qu’ils porteraient plainte contre lui pour diffamation. Bien sûr ! Mais n’est-ce pas précisément le rôle d’un journaliste digne de ce nom, quand il a connaissance de pareils bruits, que d’enquêter, d’interroger le pouvoir, de traquer la vérité ? C’est ce que fait le journaliste Benoît Collombat enquêtant sur les affaires de Bolloré au Cameroun, relevant, à ses risques et périls, l’honneur d’une profession où la journaliste russe Anna Politkovskaïa ne voyait plus qu’une « troupe de cirque chargée de distraire l’opinion ».
Quand donc ces polichinelles de l’info- spectacle ont-ils été capables de consacrer aux scandales de la Françafrique le traitement qu’ils méritent ? L’affaire Bourgi, comme le livre de Péan, La République des mallettes, sont peut-être l’effet d’un règlement de comptes entre initiés ; mais ce qu’ils mettent au jour, ce sont la corruption de l’État français et la cause de l’agonie des peuples africains, dont ces polichinelles se font les complices par leur œuvre de désinformation. Car sur cette affaire, ils vous asséneront ce qu’ils vous ont toujours affirmé, qu’il s’agit là des derniers soubresauts d’un système mafieux déclaré mort il y a plus de quinze ans, après n’avoir jamais existé. Gageons en effet que l’affaire Bourgi fera long feu, comme bien d’autres avant elles. Elle ne permettra pas de lever le tabou suprême, celui qui protège les arcanes de la politique africaine de la France.
Nous retomberons, nous sommes déjà retombés, dans l’infotainment, l’info-spectacle téléguidée et périmée, témoin le dernier titre, présenté comme « bombe » : la France a fourni un 4X4 à Kadhafi en 2008 (Médiapart, 19 septembre.) Mais qui dira comment, à quel prix, par quels intermédiaires, la France a vendu des hélicoptères anti-émeutes à la dictature trentenaire du Cameroun (Billets d’Afrique n° 170, mai 2008) ? Ceux-ci sont utilisés pour maintenir la population dans la terreur et garantir la réélection frauduleuse du potentat, le 9 octobre prochain, dans le silence des médias.
Qui demandera à Michel Rocard combien il reçoit pour poursuivre de ses assiduités Paul Biya, qui peut compter aussi sur l’amitié de Juppé et de Toubon ? Rocard soutient qu’il s’affaire au Cameroun pour éviter la guerre civile. Ce n’est que grâce à l’ignorance totale où nos polichinelles maintiennent l’opinion que ce mensonge peut être impunément proféré.
Au contraire les régimes protégés par la France en Afrique sont fondés sur les haines ethnistes [1], attisées comme instruments de division du peuple. Mille faits en témoignent, le cas le plus tragique étant celui du génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda, le plus récent celui de la Côte d’Ivoire, où se poursuit sans bruit l’épuration ethnique. Le maître mot de ce que les Français connaissent de l’Afrique ce n’est pas secret de polichinelle, c’est : motus et bouche cousue.
Odile Tobner
On me rétorquera que savoir ne suffit pas, qu’il faut des preuves pour formuler de pareilles assertions, et que d’ailleurs les politiques nommément désignés par Bourgi ont annoncé qu’ils porteraient plainte contre lui pour diffamation. Bien sûr ! Mais n’est-ce pas précisément le rôle d’un journaliste digne de ce nom, quand il a connaissance de pareils bruits, que d’enquêter, d’interroger le pouvoir, de traquer la vérité ? C’est ce que fait le journaliste Benoît Collombat enquêtant sur les affaires de Bolloré au Cameroun, relevant, à ses risques et périls, l’honneur d’une profession où la journaliste russe Anna Politkovskaïa ne voyait plus qu’une « troupe de cirque chargée de distraire l’opinion ».
Quand donc ces polichinelles de l’info- spectacle ont-ils été capables de consacrer aux scandales de la Françafrique le traitement qu’ils méritent ? L’affaire Bourgi, comme le livre de Péan, La République des mallettes, sont peut-être l’effet d’un règlement de comptes entre initiés ; mais ce qu’ils mettent au jour, ce sont la corruption de l’État français et la cause de l’agonie des peuples africains, dont ces polichinelles se font les complices par leur œuvre de désinformation. Car sur cette affaire, ils vous asséneront ce qu’ils vous ont toujours affirmé, qu’il s’agit là des derniers soubresauts d’un système mafieux déclaré mort il y a plus de quinze ans, après n’avoir jamais existé. Gageons en effet que l’affaire Bourgi fera long feu, comme bien d’autres avant elles. Elle ne permettra pas de lever le tabou suprême, celui qui protège les arcanes de la politique africaine de la France.
Nous retomberons, nous sommes déjà retombés, dans l’infotainment, l’info-spectacle téléguidée et périmée, témoin le dernier titre, présenté comme « bombe » : la France a fourni un 4X4 à Kadhafi en 2008 (Médiapart, 19 septembre.) Mais qui dira comment, à quel prix, par quels intermédiaires, la France a vendu des hélicoptères anti-émeutes à la dictature trentenaire du Cameroun (Billets d’Afrique n° 170, mai 2008) ? Ceux-ci sont utilisés pour maintenir la population dans la terreur et garantir la réélection frauduleuse du potentat, le 9 octobre prochain, dans le silence des médias.
Qui demandera à Michel Rocard combien il reçoit pour poursuivre de ses assiduités Paul Biya, qui peut compter aussi sur l’amitié de Juppé et de Toubon ? Rocard soutient qu’il s’affaire au Cameroun pour éviter la guerre civile. Ce n’est que grâce à l’ignorance totale où nos polichinelles maintiennent l’opinion que ce mensonge peut être impunément proféré.
Au contraire les régimes protégés par la France en Afrique sont fondés sur les haines ethnistes [1], attisées comme instruments de division du peuple. Mille faits en témoignent, le cas le plus tragique étant celui du génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda, le plus récent celui de la Côte d’Ivoire, où se poursuit sans bruit l’épuration ethnique. Le maître mot de ce que les Français connaissent de l’Afrique ce n’est pas secret de polichinelle, c’est : motus et bouche cousue.
Odile Tobner
[1] Cf Wikileaks Cameroun : Confidences du ministre de la justice Ahmadou Ali à l’ambassade des USA sur les groupes à qui le pouvoir doit revenir.
2 commentaires:
Cette dame de Tobner fait tout pour indexer le président camerounais, même là où il n’est pas cité, ayant avec toute la peine du monde de ternir l’image d’un homme de paix et un sage d’Afrique. La rage et la haine viscérale de cette dame contre monsieur Biya est lisible dans ces écrits. Non Mme ! Mr Biya n’est mêlé en rien dans les affaires des mallettes, quelle déception pour vous et vos affidés.
Bonjour. Effectivement M.Biya n'est pas impliqué dans "l'affaire des mallettes de Bourgi". Mme Tobner, qui réside également au Cameroun, ne l'implique pas dans cette affaire d'ailleurs. Cependant, cette affaire de mallettes nous révèle une chose: la Françafrique n'est pas morte, comme certains ont bien voulu le faire croire. Cet article est rédigé dans ce sens. Dans cette Françafrique contemporaine, qui peut aujourd'hui dire qui tire les ficelles? Le gouvernement français? Les dictateurs africains, puisqu'il faut bien leur donner ce titre lorsqu'ils se font réélire au mépris de la constitution? Les entreprises occidentales? Concernant ces deux derniers volets, le Cameroun est une source inépuisable de richesses... pour des personnes tels que Bolloré, mais aucunement pour le peuple camerounais qui, vous l'admettrez sans doute, ne voit pas la couleur de l'argent que ces entreprises et Biya se partagent.
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