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vendredi 13 juin 2008

L'OR AFRICAIN. Compte-rendu Conférence Gilles Labarthe (22 janv 2008, Bordeaux)

Gilles Labarthe est venu à Bordeaux à l'invitation de l'Athénée Libertaire (Librairie du Muguet) et de Survie Gironde.

Il a donné deux conférences :

- Le lundi 21 janvier 2008, à 20h30, à l'Athénée Libertaire (7, rue du Muguet, Bordeaux)

- Le mardi 22 janvier 2008, à 16h00, à Sciences Po Bordeaux (Institut d'Etudes Politiques de Bordeaux, IEP Bordeaux).


Gilles Labarthe, ethnologue et journaliste suisse, a effectué plusieurs séjours en Afrique, notamment pour des enquêtes concernant la criminalité financière internationale. Cofondateur de l’agence de presse indépendante DATAS, il travaille aujourd’hui comme correspondant aux Nations unies.

Gilles Labarthe est l'auteur du récent ouvrage « L’or africain. Pillages, trafics & commerce international », Editions Agone (Marseille), 2007, 224 p, 12 euros.

Dans ce livre-enquête, il s’attache à dévoiler les dysfonctionnements chroniques et les aspects occultes de l’exploitation de l’or (à partir de l’exemple de Sadiola au Mali) pour les mettre en relation avec les caractères généraux et les enjeux de l’exploitation des ressources naturelles en Afrique. Un éclairage particulier y est porté sur le rôle des paradis fiscaux et des multinationales européennes et américaines dans ce qui s’apparente à un véritable pillage. L’ouvrage s’attache également à mettre en avant les mouvements de résistance qui, au Mali, dans le reste de l’Afrique et dans le monde, s’opposent à une exploitation incontrôlée des ressources de ce continent qui paye depuis trop longtemps le prix le plus fort de la mondialisation "libérale".

Il est également l’auteur de « Le Togo, de l’esclavage au libéralisme mafieux », Dossier noir n° 20, Editions Agone (Marseille), 2005, 206 p.

Conférence le mardi 22 janvier, 16h, Sciences Po Bordeaux

Le Mali est le 3ème producteur d’or d’Afrique. Mais plus le Mali produit, plus la population s’appauvrit. Il est donc nécessaire de s’interroger sur les personnes qui bénéficient de ce commerce, ainsi que le rôle de la France en Afrique.

L’Afrique produit ¼ de la production mondiale de l’or dans 34 pays (Afrique du Sud, Ghana, Mali, Tanzanie…). L’or africain devrait avoir encore plus d’importance dans les années à venir.

En 1945, avec la création du FMI, l’or sert d’étalon pour les monnaies. Le système a fonctionné jusque dans les années 70.

Comment la France s’est-elle intéressée au commerce de l’or ?

(Informations récoltées dans les documents de l’administration coloniale de l’Académie des Sciences d’Outre-mer).

La France va rapporter des chargements d’or africain. Le continent est colonisé par le commerce de l’or, premier minerai recherché. La Ruée vers l’or commence dès la fin du XIXè siècle. Les premières productions d’or viennent de Madagascar et du Soudan, là où la France occupe le territoire. La France utilise la technique de l’orpaillage.

La France a recours à l’orpaillage, sans grosse production industrielle. De Gaulle veut constituer des réserves d’or (jusqu’à 6000 tonnes) pour la Banque de France. Il y a donc une présence militaire en Afrique pour sécuriser les exploitations. De Gaulle réalise plusieurs voyages pour l’exploitation de l’or, pour le financement des Forces Françaises Libres.

La Grande-Bretagne est présente en Afrique du Sud et au Ghana, riches en or. En Afrique du Sud, les bénéfices des exploitations de diamants ont été réinjectés dans l’exploitation de l’or, pour développer une grosse production industrielle.

60% de l’or mondial a été produit par l’Afrique, sous le colonialisme et les régimes dictatoriaux. Aujourd’hui, il pourrait y avoir réclamation des revenus issus de ce pillage par l’Union Africaine.

Une nouvelle mine aurifère de grande envergure s’ouvre chaque année en Afrique.

L’or est une monnaie d’échange pour les contrebandiers. C’est un vecteur de blanchiment d’argent. Certains réseaux de contrebande ont fonctionné avec la complicité des services de renseignements français.

Ex : Contrôle de l’or par les milices armées (Est RDC). La majorité de l’or de la RDC est envoyé en contrebande en Ouganda, puis exporté en Belgique, en Suisse et en France pour la transformation (raffinage). En participant à ce circuit de l’or acheminé en contrebande, certaines firmes internationales financent donc indirectement les conflits de la RDC, puisque les bénéfices permettent aux rebelles de s’armer.

Les sociétés sont trop puissantes par rapport aux gouvernements africains, ces derniers ne peuvent donc pas négocier à leur avantage les contrats autour de l’exploitation des matières premières.

Les dirigeants des sociétés minières ont des liens étroits avec l’ONU. Il existe une proximité entre les milieux d’affaire, les milieux bancaires et l’ONU.

La Banque Mondiale et l’or :

- Les Politiques d’Ajustement Structurel encouragent la privatisation.

- Il y a une redéfinition des règles du code minier :

o Années 80 : 50% des bénéfices doivent aller au gouvernement

o Années 2000 : 20% des bénéfices doivent aller au gouvernement

- Elle est de plus en plus présente dans le commerce de l’or.

- Les retours sur investissement sont importants (122%).

- La BM veut accroître ses capitaux en Afrique pour l’extraction de l’or.

Conséquences :

- Ecologiques : l’activité extractive industrielle génère beaucoup de pollution, les gaz à effet de serre augmentent. Les minerais sont traitées au cyanure (Pour produire une bague en or, il faut traiter 30 tonnes d’or). Il y a risque d’énorme pollution, s’il n’y a pas de prise en charge écologique. Mais les firmes multinationales ne veulent pas se charger de cette dépollution.

- Humaines : Déplacements de population. Les zones contaminées ne peuvent plus être exploitées pour l’agriculture. Il y a une création de cités autour des zones d’extraction (développement MST, peu d’approvisionnement en nourriture, en soins…). De plus en plus de mercenaires viennent protéger la filière de l’or dans ces zones. Le trafic d’armes se développe.

- Géographiques : Il y a des conflits de frontières (Mali/Guinée, pour un site d’orpaillage).

Dans chaque situation de crise mondiale, le cours de l’or grimpe (Indochine, Irak…). Il augmente depuis septembre 2001. Il y a un accord du FMI pour que la majorité des réserves des banques centrales (plus de 30 000 tonnes) ne soient pas remises sur le marché, pour que le cours de l’or ne descende pas. S’il y avait une remise de tout l’or détenu dans les banques centrales et privées sur le marché, il y aurait assez d’or pour ne pas en produire pendant 35 ans. Le cours de l’or est donc artificiellement maintenu à la hausse. Les banques investissent pour l’extraction de l’or et se remboursent sur les bénéfices, selon un cercle vertueux, étant donné l’augmentation du cours de l’or.

Des relations entre les élites politiques et les élites financières existent, pour continuer à investir dans le commerce de l’or.

Ex : La famille Bush investit dans les firmes qui extraient l’or, et qui, en retour, financent la campagne présidentielle.

L’Afrique est donc limitée au rôle de productrice de matières premières, obligée de passer par des sociétés du Nord pour le raffinage de l’or, qui assure une plus-value. Trois sociétés en Afrique produisent les ¼ de la production mondiale de l’or : une entreprise canadienne, une états-unienne et une sud-africaine (avec l’argent dans les paradis fiscaux).

L’or est un produit explosif pour la stabilité des régimes. La majorité des employés qui travaillent dans les mines d’or ne sont pas des locaux, pour mieux contrôler les situations.

Le transport est un circuit complexe jusqu’à la vente en Europe, avec de nombreux intermédiaires (jusqu’à 15 parfois), dans plusieurs pays.

Ex : Sénégal, puis Mali, puis Genève.

C’est un domaine dans lequel il n’y a aucune transparence. Chaque intermédiaire va protéger son client. Il y a une entente tacite pour qu’il n’y ait pas de recherches dans ce domaine, et un blocage de l’accès aux informations.

Oxfam a fait des recherches sur l’or au Mali, Human Rights Watch sur l’or en RDC.

Le sous-sol africain est riche, mais les pays africains sont de plus en plus pauvres. Les gouvernements africains n’ont pas la possibilité de négocier les contrats en leur faveur. Mais il y a des pressions extérieures : les ONG et l’opinion publique peuvent faire pression sur le Parlement français pour demander une enquête sur l’implication de la France dans l’extraction de l’or en Afrique ou sur la filière de l’or en Guyane.

Il y a également une demande croissante de la part des clients des bijouteries de luxe, pour avoir un « or propre » (« or vert » de Colombie).

Quelles peuvent être les solutions possibles ?

- Certaines organisations de l’ONU (PNUD…) sont en désaccord avec les visions de développement de la Banque Mondiale.

- Relayer, au niveau local, national et international ce genre de problématique (demandes d’enquêtes au Parlement…), mais on se heurte à des intérêts privés.


Propos rassemblés par Aline Mandrilly (Survie Gironde)
texte relu par le conférencier, Gilles Labarthe
Voir le blog d'Aline : http://famafrika.over-blog.com

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