Depuis le 14 juillet le gabonais Roland Désiré Aba'a, ingénieur, membre du conseil économique et social, fait une grève de la faim pour exiger notamment le démantèlement de toutes les bases militaires françaises installées au Gabon, l’annulation de la dette du Gabon vis à vis de la France et la renégociation des accords de coopération entre la France et le Gabon. Installé d'abord place de l'Indépendance à Libreville il en a été enlevé de force au bout de douze jours et a été hospitalisé. Sorti 24 heures après, il poursuit depuis le 28 juillet sa grève de la faim à son domicile à Owendo.
Son état est maintenant critique.
Cette protestation se déroule dans l'indifférence générale des médias et des politiques tant français que gabonais. Son issue peut être fatale. Roland Désiré Aba'a, en mettant en jeu sa vie, affronte seul une situation inacceptable, imposée à son pays. En dehors de tout calcul politicien il lance courageusement un défi aux forces qui réduisent l'Afrique à un statut perpétuel de vassalité.
Quelle qu'en soit l'issue, son action, dans sa dramatique simplicité, rejoint les revendications non violentes jugées d'abord utopiques mais qui firent progresser de façon décisive la liberté des peuples.
L'association Survie tient à rompre le silence sur cette protestation désespérée, qui ne restera certainement pas isolée mais fera école, et à relayer son message qui exprime une exigence fondamentale des populations africaines impuissantes.
Contact :
Odile Biyidi : 06 13 45 75 02
-- Stéphanie Dubois de Prisque Chargée de communication stephanie.duboisdeprisque@survie.org Association Survie 107, boulevard Magenta 75010 Paris Tél : 01 44 61 03 25 Fax : 01 44 61 03 20 http://survie.org
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Une interview de Roland Désiré Aba’a paru sur afrik.com :
Le Conseiller de la République Roland Désiré Aba’a, Ingénieur Expert en Recherche et Développement et membre de l’organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) est en grève de la faim depuis 9 jours, en vue d’exiger l’annulation de la dette extérieure du Gabon vis-à-vis de la France et la renégociation des accords de coopération entre les 2 pays. ‘’ Si la perte de ma vie peut permettre à démontrer à la communauté internationale que mon pays est confisqué, alors je descendrai dans ma tombe tout heureux’’, a-t-il affirmé dans l’interview que nous publions in extenso.
Afrik.com : Monsieur Roland Désiré Aba’a, qu’est-ce qui vous a poussé à entrer en grève illimitée de la faim ?
Roland Désiré Aba’a : Il y a plusieurs choses qui m’ont poussé à opter pour la grève de la faim. D’abord la situation désespérée dans laquelle se trouvent la plupart de mes compatriotes, les contradictions politiques, économiques et sociales de notre pays. Sur le plan international, le Gabon est considéré comme un pays riche mais, sur le plan local, la réalité est assez triste. Notre niveau de développement est très faible et la majorité des Gabonais vivent dans la misère. Au regard de cette situation, nous avons mené une étude qui nous a permis de découvrir les facteurs responsables. Et parmi ces facteurs se trouvent notamment le contenu des accords de coopération signés entre la France et le Gabon. Les dispositions de ces accords ne sont pas favorables au développement du Gabon. La France est maîtresse de toutes les richesses du sol et du sous sol gabonais. Et notre pays est assujetti à la France sur tout programme et projet de développement et même dans l’achat des biens et services. Le 2e facteur touche la répartition des revenus de l’industrie extractive. A ce jour la patrie ne bénéficie que de 0,3% de la valeur internationale de tous les revenus de l’industrie extractive. Le 3e facteur de notre sous développement est lié au remboursement de la dette du pays auprès de la France, une dette qui dure depuis les indépendances. C’est pourquoi nous réclamons l’annulation de cette dette injuste pour permettre au pays d’avancer. Nous avons attiré l’attention des plus hautes autorités du pays sur ces 3 facteurs qui bloquent l’émergence du Gabon et entamé d’autres démarches sur le plan international mais, nous n’avons pas été compris. C’est pourquoi j’ai opté pour une solution non violente (la grève de la faim) pour défendre les intérêts de mon pays et une fois de plus attirer l’attention du gouvernement sur les questions évoquées.
Roland Désiré Aba’a : Il y a plusieurs choses qui m’ont poussé à opter pour la grève de la faim. D’abord la situation désespérée dans laquelle se trouvent la plupart de mes compatriotes, les contradictions politiques, économiques et sociales de notre pays. Sur le plan international, le Gabon est considéré comme un pays riche mais, sur le plan local, la réalité est assez triste. Notre niveau de développement est très faible et la majorité des Gabonais vivent dans la misère. Au regard de cette situation, nous avons mené une étude qui nous a permis de découvrir les facteurs responsables. Et parmi ces facteurs se trouvent notamment le contenu des accords de coopération signés entre la France et le Gabon. Les dispositions de ces accords ne sont pas favorables au développement du Gabon. La France est maîtresse de toutes les richesses du sol et du sous sol gabonais. Et notre pays est assujetti à la France sur tout programme et projet de développement et même dans l’achat des biens et services. Le 2e facteur touche la répartition des revenus de l’industrie extractive. A ce jour la patrie ne bénéficie que de 0,3% de la valeur internationale de tous les revenus de l’industrie extractive. Le 3e facteur de notre sous développement est lié au remboursement de la dette du pays auprès de la France, une dette qui dure depuis les indépendances. C’est pourquoi nous réclamons l’annulation de cette dette injuste pour permettre au pays d’avancer. Nous avons attiré l’attention des plus hautes autorités du pays sur ces 3 facteurs qui bloquent l’émergence du Gabon et entamé d’autres démarches sur le plan international mais, nous n’avons pas été compris. C’est pourquoi j’ai opté pour une solution non violente (la grève de la faim) pour défendre les intérêts de mon pays et une fois de plus attirer l’attention du gouvernement sur les questions évoquées.
Afrik.com : Pouvez-vous énumérer vos différentes revendications ?
Roland Désiré Aba’a : Nous exigeons en termes de revendications le démantèlement des bases militaires françaises installées au Gabon. Ces bases militaires ne sont pas là pour la coopération militaire ni pour la sécurité des Gabonais. Elles sont uniquement là pour garantir et sécuriser les intérêts français en ce qui concerne l’exploitation des matières premières. Nous réclamons la renégociation du partage des revenus de l’industrie extractive entre la France et le Gabon, ainsi que l’annulation de la dette extérieure du Gabon vis-à-vis de la France.
Roland Désiré Aba’a : Nous exigeons en termes de revendications le démantèlement des bases militaires françaises installées au Gabon. Ces bases militaires ne sont pas là pour la coopération militaire ni pour la sécurité des Gabonais. Elles sont uniquement là pour garantir et sécuriser les intérêts français en ce qui concerne l’exploitation des matières premières. Nous réclamons la renégociation du partage des revenus de l’industrie extractive entre la France et le Gabon, ainsi que l’annulation de la dette extérieure du Gabon vis-à-vis de la France.
Afrik.com : Quand les plus hautes autorités du pays clament haut et fort que le Gabon n’est plus la chasse gardée de la France, pensez-vous que ce sont des discours dans le vent ?
Roland Désiré Aba’a : Plus de 60% des sociétés internationales qui travaillent au Gabon dans l’industrie extractive sont françaises. Toute l’industrie du bois est aux mains des entreprises françaises y compris celle des minerais. C’est dans le domaine pétrolier qu’on trouve quelques diversifications. Et puis si les arguments que j’avance depuis le début de ma grève de la faim le 14 juillet 2011 n’étaient pas solides, le gouvernement aurait apporté déjà la preuve du contraire.
Roland Désiré Aba’a : Plus de 60% des sociétés internationales qui travaillent au Gabon dans l’industrie extractive sont françaises. Toute l’industrie du bois est aux mains des entreprises françaises y compris celle des minerais. C’est dans le domaine pétrolier qu’on trouve quelques diversifications. Et puis si les arguments que j’avance depuis le début de ma grève de la faim le 14 juillet 2011 n’étaient pas solides, le gouvernement aurait apporté déjà la preuve du contraire.
Afrik.com : Depuis le début de votre mouvement de grève de la faim, avez-vous déjà reçu la visite de certains responsables de l’administration gabonaise ?
Roland Désiré Aba’a : Non. C’est par contre la France qui à travers ses autorités diplomatiques installées au Gabon a donné le signal fort en recevant une délégation du comité qui me suit pour explication. La France est prête à revoir ses accords de coopération avec le Gabon, à conditions que la demande soit formulée par les autorités gabonaises.
Roland Désiré Aba’a : Non. C’est par contre la France qui à travers ses autorités diplomatiques installées au Gabon a donné le signal fort en recevant une délégation du comité qui me suit pour explication. La France est prête à revoir ses accords de coopération avec le Gabon, à conditions que la demande soit formulée par les autorités gabonaises.
Afrik.com : Etes-vous prêt à aller jusqu’au sacrifice de votre vie si vos revendications ne sont prises en compte ?
Roland Désiré Aba’a : Si la perte de ma vie peut permettre à démontrer à la communauté internationale que mon pays est confisqué, alors je descendrai heureux dans ma tombe. Faire une grève de la faim n’est pas un jeu d’enfant. Je suis prêt à mourir pour la cause que je défends.
Roland Désiré Aba’a : Si la perte de ma vie peut permettre à démontrer à la communauté internationale que mon pays est confisqué, alors je descendrai heureux dans ma tombe. Faire une grève de la faim n’est pas un jeu d’enfant. Je suis prêt à mourir pour la cause que je défends.
Interview accordée à notre rédaction vendredi 22 juillet
2 commentaires:
intéressant. Je serais curieux de savoir ce qui motive l'homme et s'il est seul à agir au gabon. Le paysage de lutte étant plutôt désert et les quelques voix de contestation ne sont que des faux nez de politiciens verreux désirant se faire une place mais sans remettre en cause vraiment le système. Le dernier élément "la France se dit prête à revoir les accords ...si les autorités gabonaises le lui demande " est proprement sidérant. ça ressemble à une farce. Le quai d'Orsay confirme?
Depuis une décennie maintenant le Gabon a largement les moyens de revoir ces accords. Pourquoi ne le fait-il pas. Ali Bongo aurait pu faire table rase d'une relation qui est dépassée. Mais rien.
J'étais sceptique au début sur la démarche de Aba'a. La remise en cause de la dette est une vielle antienne de Bongo père et du RDG, qu'ils ont d'ailleurs resservi au moment ou sortait l'affaire de bien mal acquis en 2009. Or la seule fortune de Bongo suffirait à régler d'un trait les quelques centaines de millions d'Euros. Et cette fortune s'est faite justement en détournant massivement l'argent emprunté à l'international. Aussi cibler sur la dette gabonaise est ambiguë. La présence militaire française et les accords de "coopération" ça l'est moins.
Si vous avez les coordonnées de Aba'a à Owendo je suis preneur.
Bonjour,
bien qu'en accord avec votre propos, peut-être était-il plus raisonnable pour Roland Désiré Aba'a de s'en prendre à la dette contractée par son pays auprès de la France qu'à la fortune personnelle de la famille Bongo...
Survie Gironde n'a pas ses coordonnées. Peut-être les trouverez-vous auprès de SURVIE (national : www.survie.org) ou du site www.afrik.com dont sont tirés ce communiqué et cet entretien.
Survie Gironde
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